Dès les premières notes de Theres’s A Crisis In Your Past, on devine que Slow Light s’annonce comme un nouveau départ pour Airport Girl. La dernière fois que l’on avait fait connaissance avec les six Anglais d’Airport Girl, c’était sur un premier long format Honey, I’m An Artist. L’album avait fait sensation dans le petit monde de la twee pop, mais révélait un groupe qui ne savait pas trop sur quel pied danser et mangeait à tous les râteliers de l’indie pop. Il faut dire que le bassiste du groupe et frère du principal compositeur n’est rien d’autre que l’un des membres fondateurs du label Fortuna Pop !, label qui accueille entre autre Sodastream ou bien encore The Butterfly Of Love et qui défend, contre vents et marées, une certaine idée de la pop indé anglaise.
C’est pourtant de l’autre côté de l’Atlantique que lorgne à présent la musique d’Airport Girl. Les Anglais ont injecté une bonne dose de folk et de country/soul dans leur musique, et bien leur en a pris car le résultat est des plus réussi.

Theres’s A Crisis In Your Past et sa chanson jumelle Hold Me Through The Night enrobées de leur cordes discrètes qui ouvrent l’album sont tout bonnement un vrai délice de ballades mélancoliques qui ne dépareilleraient pas sur un album de Sodastream par exemple. Le groupe se fait ensuite plus incisif avec le tubesque Don’t Let Me Down Again. Sur ce morceau, c’est la trompette qui est de sortie et bien leur en a pris car tout le monde sait ô combien cet instrument se marie bien à la pop music depuis les échos lointains de Forever Changes. Puis vient Ode To The City qui déploie une sensualité soul bienvenue car les penchants mélancoliques du groupe ne tardent pas à se redéployer avec I’ve Seen Mexico et sa slide délicate glissant sur les états d’âme de son chanteur avant que la trompette n’entame un chant funèbre des plus tristes qu’il soit. The Weather Song et Twice Around The Bay qui suivent souffrent quelque peu de la comparaison avec la vrai pépite de l’album qu’est How Long Can This Go On ?. Trois minutes de pur spleen avant de reprendre un peu d’altitude avec l’aérien Show Me The Way, et de se prendre une dernière claque avec un Bullfigthing des plus punchy.

Le virage qu’a pris le groupe ne sera pas facile à négocier auprès de sa base de fans des premières heures, mais à l’écoute de Slow Light, on ne peut que se dire qu’ils ont fait le bon choix. Espérons donc qu’Airport Girl ne restera pas qu’un groupe de troisième division qui n’aura droit de citer nulle part, mais qui saura trouver enfin un public à la hauteur de sa passion et de sa musique.