Films, DVD
All You Need Is Cash

All You Need Is Cash

The Rutles

par Psychedd le 28 mars 2006

5

paru en 1978 (Broadway Video Entertainment, Inc)

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Qui aujourd’hui, ne connaît pas les Rutles ? Si vous faîtes partie de ces gens qui sont passés à côté de ce phénomène sans précédent, voici All You Need Is Cash, documentaire passionnant et complet qui retrace toute l’histoire de ce groupe de jeunes anglais ayant changé la face du monde.

Premières images impressionnantes : nous sommes en 1964, en pleine Rutlemania, époque où les filles se pâment à la seule vue d’une coupe au bol. Nos héros sortent d’un avion et la voix off nous fait un petit topo. Car, qu’est-ce que les Rutles ? Réponse : L’histoire des Rutles est une légende. Une légende vivante, une légende qui survivra bien après que toutes les autres légendes vivantes soient mortes.. Avouez que ça en jette !

Bon allez, je dois bien avouer que n’importe qui faisant une chronique de ce rockumentaire pas comme les autres, commence toujours un peu de la sorte. Car derrière les Rutles se cachent deux personnes de très grand talent : Eric Idle et Neil Innes. Le premier est un Monty Python, et accessoirement, l’un des meilleurs amis de George Harrison. Fan des Beatles, toujours prêt à faire une bonne blague, il se lance dans l’aventure Rutles, parodie hilarante et toute en finesse des quatre de Liverpool. Il en écrit le scénario et réalise ce « feuilleton », endossant pour la peine le costume de plusieurs personnages (technique très pythonienne me direz-vous), dont celui de Dirk McQuickly, bassiste des Rutles. Le second est musicien, ex- Bonzo Dog Dooh-Dah Band (que l’on voit dans The Magical Mystery Tour, tiens, tiens !) et travaille avec la troupe de comiques anglais depuis belle lurette (le ménestrel de Sir Robin dans Sacré Graal, c’est lui. La musique de Always Look At The Bright Side Of Life, générique final de La Vie De Brian, c’est encore lui...). Il va ici montrer l’étendue de son talent musical. Mélangeant les chansons des Beatles, les malaxant, changeant les tonalités il va produire un ersatz parfait et des morceaux d’une réelle qualité, sans jamais tomber dans la copie pure et dure. La musique des Rutles prend vie et c’est fort ! Tellement fort que certaines mélodies vous rentrent dans le crâne et n’en sortent plus, telles celles de leurs illustres modèles. Encore plus fort, certains internautes ont pendant longtemps fait circuler une chanson inédite des Beatles (Cheese And Onions) avant de se rendre compte que John Lennon n’y était pour rien et que c’était là l’œuvre d’un certain Ron Nasty, guitariste rythmique des Rutles...

À côté de ces deux compères, le casting de rêve est complété par Rikki Fataar, dans le rôle de Stig O’Hara (lead guitare), musicien ayant joué avec les Beach Boys dans la vraie vie, ainsi que John Halsey, plus connu sous le nom de Barry Wom, le seul batteur au monde qui rêve d’avoir un jour un salon de coiffure... ou deux...
Autour de ce noyau dur, on retrouve une galerie de personnages hauts en couleur : un manager unijambiste qui fait des choses pas nettes avec des tabourets de bar, un commentateur de l’extrême assez souvent largué, un avocat qui attaque plus vite que son ombre, un gourou qui fait tourner les tables... Et parce qu’être un Monty Python ça aide bien, Idle se paye le luxe de faire figurer une bonne tripotée de stars : Mick Jagger, Paul Simon, Dan Aykroyd, Jon Belushi (les Blues Brothers donc), Bill Muray (acteurs rencontrés lors des prestations des Pythons au Saturday Night Live, le plus grand show comique télévisé des Etats-Unis), Ron Wood et bien sûr, George Harrison dans une apparition éclair (saurez-vous le retrouver ?). Ça le fait grave !

Passées ces considérations people, parlons technique : rien n’est laissé au hasard. Reconstitution minutieuse des costumes, des lieux, des émissions télé de l’époque, comme si rien n’avait été tourné en 1978, nous voilà revenus dans les années 1960. Le réalisateur pousse même le délire jusqu’à changer la voix d’Ed Sullivan annonçant les Pre-Fab Four pour que tout cela fasse plus vrai. Les acteurs eux-mêmes forcent le mimétisme à l’extrême : Ron Nasty mâche les chewing-gum exactement comme Lennon, Barry Wom dandine de la tête exactement comme Ringo. C’est presque flippant tant la ressemblance est parfois frappante...
Pour l’aspect pratique, il faut tout de même souligner que quelqu’un qui connaît bien les Beatles se bidonnera trois fois plus qu’un novice (expérience vécue...), que ce soit pour la musique (Ouch !, parodie irrésistible de Help ! en est un bon exemple) ou pour les détails biographiques, car Idle tire souvent tout le potentiel comique de petites anecdotes que seuls les fans peuvent avoir en tête (les titres des bouquins par exemple, A Cellarful Of Noise se transforme en A Cellar Full Of Goys, Bob Dylan devient l’initiateur des Rutles au thé, substance hautement psychotrope, c’est bien connu). Il ne faut également pas être hermétique à l’humour anglais. En gros, si vous aimez les Monty Pythons, vous aimerez les Rutles. Dans le cas contraire, vous allez avoir beaucoup de mal... Parfois, on peut même être anglais et parfaitement connaître les Beatles et ne pas aimer du tout les Rutles, ainsi un certain Paul McCartney qui a, selon la légende, tiré une gueule pas possible au visionnage de ce film profondément blasphématoire. Dommage qu’il n’ait pas su y déceler l’amour et tout le respect pour son ancien groupe véhiculé par Idle. Car seul un vrai amoureux des Beatles peut rendre un tel hommage, sans jamais tomber dans l’ennuyeux ou le plus grand ridicule.

Un dont on aurait voulu connaître l’opinion, c’est bien John. Son humour étant légendaire et sa tendance caractérisée à démonter tout ce qui concerne son passé de légende vivante, on imagine que ça a dû lui plaire. Même si Yoko s’est pour le coup transformée en « fille de l’inventeur de la Seconde Guerre Mondiale », brassard nazi du plus mauvais goût à l’appui...

Je vous ferai bien une liste détaillée de toutes les vannes contenues dans ce film, mais si vous voulez la vérité, vous ne devriez même pas être en train de me lire. Vous devriez déjà être en train de regarder All You Need Is Cash, histoire de découvrir la bête et de fredonner leurs plus grands tubes. Et même si vous connaissez déjà, hé bien, regardez le encore ! Ce sera là mon bon conseil du jour. Et puis franchement, il faut bien le dire, mais la force des Rutles, c’est leurs falzars, et ça, on ne pourra jamais vous le faire imaginer par écrit...



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