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mercredi 15 avril 2015
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par Milner le 20 février 2006
paru le 25 octobre 2005 (Uwe / Discograph)
Birdy Nam Nam est un groupe de DJs français composé de Little Mike, DJ Pone, DJ Need et Crazy B. Si ces noms ont traîné dans l’underground français ou bien derrière d’illustres pointures hexagonales (Crazy B. jadis planqué derrière Alliance Ethnik), ils brillent aussi au classement des meilleurs éléments mondiaux s’adonnant au plaisir du scratching. Blindés de récompenses en solo ou par équipe, ces lascars décident de quitter le circuit pour s’aventurer vers une musique plus audacieuse faisant la part belle à quelques bons breakbeats et à un amour viscéral pour la galette plastifiée.
Imparables en concert par leur technicité et leur univers hors-norme, toujours partants pour jammer ou expérimenter et prêts à ouvrir la porte à tous les amis de passage (la présence de D.Styles et Mike Boo sur Il Y A Un Cauchemar Dans Mon Placard), les quatre compères de Birdy Nam Nam accouchent d’un premier album éponyme qui évite tout formatage. Repoussant les limites de la musique standardisée, ces gratte-vinyles livrent une partition tempérée, une perle rare de composition qui doit autant à DJ Shadow qu’à Sun Ra, aux électroniciens des années 1990 qu’aux producteurs de hip-hop des années 1980. Mais c’est certainement les emprunts à la musique noire que les FM retiendront en priorité : Jazz It At Home, qui n’est pas par hasard le premier single, est l’une des nombreuses concessions du quatuor pour les amateurs de hameçons limpides à la pêche au hit. Une entreprise de séduction qui a bien plus à offrir que ce bricolage electro-jazz pour lequel il semble confiné. Abbesses met à nu un assemblage de thèmes aux claviers dans un esprit religieux du meilleur effet, Il Y A Un Cauchemar Dans Mon Placard est un titre incroyable truffé d’effets sonores, avec des entrelacements de climats lugubres et de rythmiques trip-hop qui ne se marchent jamais sur les pieds.
Birdy Nam Nam donne bien un étrange bronzage au rap et au deejaying, ses genres de prédilection. En outre, avec sa surprenante conclusion bien barrée, l’album témoigne de l’ouverture d’esprit des quatre metteurs en son dont les longs séjours passés sur les plus hautes marches des podiums des Championnats du Monde de scratch ont sans doute contribué à faire la différence face à leurs homologues francophones. D’ailleurs, chez quel autre groupe de l’Hexagone peut-on trouver d’aussi fines allusions à l’Irlandais David Holmes ? Tour à tour traversé d’acides électroniques et de cuts méthodiques, Birdy Nam Nam se fout de savoir jouer d’un quelconque instrument car il vient d’écrire un véritable programme pour les dix ans à venir. La jeunesse électronique est éternelle.
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