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mercredi 15 avril 2015
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par Dumbangel le 13 décembre 2005
paru en 1994 (Flydaddy)/ réédité en 2005 (Empyrean Records)
Avec seulement un EP, un 45 tours et un album, Cardinal fut l’étoile filante du renouveau de la pop baroque américaine. Le groupe fut surtout le fruit furtif de la rencontre de deux songwriters de talent en les personnes de Richard Davies et d’Eric Mattews. C’est en fait un trio qui accouche d’un premier EP Toy Bell EP avec un Bob Fay qui ne tarde pas à quitter nos deux compères pour intégrer Sebadoh. Seul à bord du navire Cardinal, nos deux hommes vont donc pondre ce que beaucoup de gens considèrent comme leur seul et unique chef d’œuvre. Car à sa sortie, l’album fut porté aux nues par la presse, charmée devant le travail accompli par le songwriting de Richard Davis et les arrangements d’Eric Mattews. Il faut dire que coincé entre un grunge qui vivait ses dernières heures et le phénomène britpop, l’album faisait figure d’OVNI et apportait une vraie bouffée d’air frais.
On doit surtout la redécouverte de ce joyaux grâce au rabibochage de ses deux créateurs. Mattews et Davies s’étaient quitté brouillé après la brève et trop courte aventure de Cardinal. Mattews n’envisagea pas un instant une réédition de l’album (malgré que le duo en ait récupéré les droits entre temps) si "Richard et moi nous comportions toujours comme des étrangers l’un envers l’autre". Ce dernier confessait ses états d’âme à propos de son ex-compagnon de route dans une chanson intitulé Cardinal Is More, parue en mars 2005 dans son dernier album en date Six Kinds Of Passion Looking For An Exit. Il y chantait les paroles suivantes : "You said I hated you / But it just wasn’t true". Le message avait le mérite d’être clair. Depuis, suite à des échanges téléphoniques et de mails amicaux, les deux hommes ont enfin brisé la glace et cette réconcilation miraculeuse pourrait laisser envisager une nouvelle collabration entre eux.
Si à présent, avec le recul, l’album reste tout au plus un bon album et dont le statut d’album culte se révèle un poid surfait, il n’en reste néanmoins historique et montra la voie à d’autres groupes séminaux qui s’engouffrèrent dans la brêche ouverte par Cardinal. Car le groupe réveillait-là le fantôme de la pop baroque, et se posait en héritier moderne de Left Banke ou de Love, tout en dessinant en lettres d’or leur propre univers. Le charme de l’album opère en partie grâce à un savoir faire, dont peu de leurs contemporains semblaient avoir hérité à l’époque. Eux deux en avait découvert le secret et leur mission fut d’évangeliser les incrédules. Au final, le résultat est maitrisé de bout en bout, soit une écriture à quatre mains au service de deux voix magnifiques pour des chansons qui touchent la plupart du temps à la perfection (l’hypnotique et troublant Last Poems, le joyaux pop qu’est Silver Machines ou bien encore l’intimiste You’ve Lost Me There où Davies et Mattews, chacun de leurs côtés puis à l’unisson, nous livre l’un des plus beaux moments de l’album). Le psychédelisme rock des Moles, l’ancien groupe de Davies, reste sous jacent à de nombreux moments (Big Mine et avec les très rock Dream Figure et Tough Guy Tactics). Cette réédition propose des face B rares, démos de l’album et démos inédites ainsi qu’une reprise de Love avec Willow Willow. Pas forcément indispensable, ces bonus ne nous révèlent rien de nouveau sur la musique de Cardinal, mais celà fait toujours plaisir surtout que l’album à l’origine est plutôt court.
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