Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Béatrice le 13 juin 2006
paru le 29 juin 2004 (One little Indian)
Jesse Malin fait partie de ce qu’on appelle les rockers précoces. Il a formé son premier groupe au début des années 80, âgé de douze ans, et n’a pas arrêté depuis... Punk invétéré et incorrigible, New-yorkais jusqu’aux os, vénérant Neil Young, Joe Strummer et Bruce Springsteen, Jesse Malin a calmé ses ardeurs avec l’âge et débranché sa guitare, mais est resté, corps et âme, dévoué à la cause des incompris, des solitaires et des marginaux. Alors forcément, son deuxième album solo, The Heat, parle des marginaux, des incompris et des solitaires. "Buddy Holly told me you can’t save rock’n’roll, it’s only for the lonely boys and girls...", chante-t-il sur Swinging Man. Et même si l’album est trop mélodique, trop folk, trop doux, pour pouvoir prétendre au titre de punk pur et dur, il l’est bien, punk, dans l’esprit... parce qu’après tout, on ne se refait pas.
En quatorze titres, Jesse Malin semble tenter de se libérer de ses démons à coup de chansons nostalgiques, désabusées mais pleines d’espoir, tristes mais débordantes de générosité et de tendresse, dans un mélange doux-amer de désespoir et d’envie de vivre comme ne savent le concocter que les mélancoliques incurables et les grands solitaires - l’essence du rock’n’roll, en somme... Il ne cherche pas à faire quelque chose de nouveau ou d’original, ce serait même plutôt l’exact contraire : écrire des chansons toutes en simplicité, raconter des histoires proches des gens et de la vie dans ce qu’elle a de plus monotone et de plus gris, mais aussi de plus magique et de plus beau, en espérant trouver le ton le plus juste et touchant possible. C’est là un défi que peu ont su relever, mais dont Jesse Malin se sort magistralement ; ce disque transpire la tendresse et la sincérité, à tel point qu’il ne peut qu’émouvoir le plus endurci des auditeurs. Jesse Malin ne chante que de petites tranches de vie, mais pourtant, on se sent incroyablement proches des gens dont il parle, comme si on avait vécu dans le même quartier qu’eux pendant des années. Il chante l’ennui de la monotonie quotidienne qu’on n’arrive pas à briser et qui finit par s’installer, les fins de mois difficiles, la nostalgie qui s’amplifie avec la lente procession des années, les coeurs brisés et les cicatrices que laissent les amours malheureuses, et ce toujours avec la même simplicité et la même sincérité désarmantes.
Les choses ne vont pas toujours au mieux dans ces chansons, mais on s’en sort, la vie va son train, et puis les mélodies sont toujours là, parfois tristes mais pourtant toujours réconfortantes, présence constante et rassurante. Les guitares aussi sont souvent présentes, parfois plus rugueuses et rageuses, accompagnant certains des morceaux les plus nostalgiques mais aussi les plus remplis d’espoir de l’album, comme Mona Lisa, Indian Summer ou Hotel Columbia. Mais le disque est tout aussi touchant, voire plus, lorsque l’instrumentaton se réduit au plus simple, comme sur Going Out West ou encore sur la magnifique Basement Home, joyau sur la solitude au sein d’un couple... Mais inutile de chercher, il n’y a pas un titre sur cet album qui ne porte pas sa dose d’émotion et qui ne fasse partager à l’auditeur un peu de l’histoire qu’elle raconte. Il faut le temps de se familiariser avec ces chansons et ces personnages, mais ce disque se révèle vite pour ce qu’il est, un véritable diamant brut, qui brille sous une surface grise, joyau dont il est difficile de parler, vers lequel on est heureux de pouvoir se tourner quand ça va mal, ou quand il pleut, ou quand on se sent un peu trop seul mais qu’on n’a pas envie de parler, ou encore quand on a envie d’oublier un peu son quotidien dans celui d’autres...
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |