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Class Of '91

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Slint - Spiderland

par Parano le 21 mars 2011

La décennie 90 est à l’honneur sur Inside Rock ! Vingt ans après leur sortie, quels sont les disques qui ont marqué leur époque, ceux à qui l’histoire a donné raison, ceux qui ont injustement sombré dans l’oubli ? Episode 1 : Spiderland de Slint, paru le 27 mars 1991

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Mars 1991. La guerre du Golfe s’achève, Gainsbourg se barre, et Slint s’éteint dans l’indifférence générale. Le groupe, bien que signé chez Touch & Go, n’a pas survécu à l’enregistrement de son second album Spiderland. L’affaire semble entendue pour les rockers du Kentucky : Promo inexistante, OVNI sonore, Slint restera un groupe de seconde zone et son ultime effort studio une pièce de collection pour punk monomaniaque.

L’affaire aurait pu en rester là. Pourtant quelques mois plus tard le rock indé casse la baraque et une nouvelle génération d’artistes prend le pouvoir. Parmi eux, des promoteurs enthousiastes du défunt groupe et de son album déroutant (Steve Albini, Lou Barlow et PJ Harvey notamment). Le nom du quatuor commence à circuler chez les faiseurs de mode, et en 1995, Slint se retrouve sur la BOF du Kids de Larry Clark, aux côté de Folk Implosion. Progressivement, Spiderland devient l’objet d’un culte aussi furieux que tardif. L’album est décrit par les journalistes comme précurseur d’un genre nouveau, le post-rock, dont il devient le principal totem. Drôle de destinée pour une galette somme toute modeste dans sa genèse comme dans ses attributs.

Bien sûr, cet engouement n’est pas le fruit du hasard. Le groupe a splitté, il se prête donc à toutes les dévotions, et puis Spiderland est un disque humble et innovant, deux qualités qui le qualifient d’office auprès d’un courant volontiers marginal. Musicalement, l’album est aux antipodes du credo rock indé habituel : On n’y trouve pas trace d’une chanson, à peines quelques ébauches mélodiques. La voix, qui oscille entre hurlements et spoken words n’est plus l’élément essentiel et fédérateur, mais une simple pièce de l’édifice sonore. Brusquement, le rock n’est plus sexy, ni jouissif, juste douloureux, désincarné, dépouillé de tout ornement, de tout ego.

Avec Spiderland, Slint innove en produisant un disque sombre, radical, tellurique, où les tensions s’exercent sans jamais se résoudre, parcourant inlassablement les lignes de faille d’une rythmique plombée. Le sacro saint riff de guitare s’efface au profit de motifs harmoniques lancinants. Le silence côtoie la fulgurance, une véritable révolution culturelle pour un groupe d’obédience hardcore.

On trouve donc chez Slint l’essentiel de ce qui caractérisera la scène post-rock : Une musique principalement instrumentale, s’articulant autour de motifs rythmiques et des textures sonores, dans une démarche proche des groupes jazz rock des 70’s. Icône d’une génération, Spiderland inspirera bon nombre de groupes, dont les plus connus restent Tortoise, Goodspeed You ! Black Emperor, et Mogwaï. Vingt ans après sa sortie, l’album de Slint continue d’essaimer, en toute modestie.



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