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mercredi 15 avril 2015
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par Florent le 7 juin 2006
paru en février 2005 (PIAS)
PH est composé à la base de quatre énergumènes venant de Lyon. Il y en a deux aux platines, Stani et Pee, chargés des scratches, samples et collages vocaux. Psychotic est le moissonneur-batteur du son et N’Zeng y distille sa trompette. S’y ajoutent au gré de l’album plusieurs guests, dont on dira quelques mots par la suite.
Essayer de résumer Cube en quelques lignes se révèle délicat, l’album étant tellement varié, énergétique et bordélique. Imaginons nous à côté du Cube, formé d’un ensemble de claviers, platines, amplis, tables de mixage... Ce cube évolue de manière autonome, réagit par rapport à nos comportements. Ses concepteurs ne le maîtrisent pas toujours et s’en étonnent à travers quelques phrases semées de-ci de-là pendant l’écoute : « Qu’est que c’est que ça ??... Ça, ça sonne bien !... C’est quoi c’te K7 ?... Qu’est que c’est comme matière ?... ». En rentrant dans ce Cube, on fait une visite désorientée et surprenante (mais c’est tellement mieux ainsi) des multiples univers occupés par Le Peuple De L’Herbe. On pousse une porte, sans savoir quel laboratoire d’expérimentation musicale se cache derrière. On y découvre les contrées du hip-hop avec Déjà À L’école, les vastes plaines du dub grâce à Down By Law à la sauce pimentée High Tone (Gumzilla) voire frissonnantes par une brise de ragga (Honesty). On prend le bateau Mission pour aller à la découverte de mondes inconnus à l’ambiance dark et oppressante (Boxin’ Da Beat), ou électroniquement planante (Kin Sapalot). On effleure les frontières des aspirations techno, avec des rythmes tribaux par Keep Rockin’ ou encore La Musique Électronique. Tout cela ne serait rien sans l’hommage aux B.O. de films, avec Main Title Theme From « The Cube » digne de figurer dans les génériques de James Bond, ou encore El Paso puisée aux fins fonds des déserts arides d’un western spaghetti pour un ultime duel magnifique et ironique.
Le Peuple c’est aussi une « tempête d’humour et d’amour ». L’humour est présent tout au long du disque, par quelques phrases lancées comme si de rien n’était : « Alors, qu’est ce qu’on fait ?..., Comme il frappe fort ce soleil... Si vous êtes contents, amenez-nous vos amis... » ou encore quelques samples, par exemple un xylophone rappelant une pub pour le café dans Kesskonf’.
Cette autodérision permet d’écouter d’autant plus agréablement le disque et de se dire qu’on est là pour s’amuser. L’amour, quant à lui, peut être perçu comme l’amour pour cette atmosphère musicale, cette joie de vivre et communiquer de la musique. Grâce à cela, de nombreuses collaborations fructueuses ont abouti sur ce disque. La voix grave et railleuse de JC2001 sur Mission et Honesty permet de donner toute l’intensité aux morceaux, jusqu’à l’Human BeatBox qu’il prodigue sur Boxin’ Da Beat nous délectant les tympans de cette ambiance si particulière. La prestation des Puppetmastaz est tout aussi mémorable dans El Paso. Il s’agit de deux marionnettistes aux voix transformistes, créant ici des animaux nasillards et rebelles, pour un règlement de compte issu tout droit de Lucky Luke. En fait, il faudrait un peu s’imaginer le Muppet Show version gangsta.
La multitude d’effets, d’instruments et de styles nous permet de nager sans problème dans la mer électronique, située entre l’océan rock et à l’embouchure du fleuve dub. Un album original dénué de sérieux et truffé de surprises vous attend, une fois posé sur la platine. C’est un disque vivant, prenant une place entière dans la discographie de tout bon amateur de musique... donc à écouter et à réécouter sans fin.
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