On pourrait boire des coups ou s’interroger sur ces artistes qui se partagent entre rock et platines, partitions et comptines bancales. En manipulant distraitement quelques CDs, il se pourrait qu’on se souvienne de This Island. Au rayon souvenirs, remember the nineties à la grande époque de Madchester et tous ces groupes légendaires comme The Stone Roses, les oubliés comme The Soup Dragons, The Farm ou 808 State et bien d’autres qui tenaient le haut du pavé avec leur mélange de rock, punk, dance avec pour slogan emblématique le refrain : « I’m free to do what I want » ? C’est cette tradition - greffée avec les derniers agissements sonores de la Canadienne Peaches que restitue avec application Le Tigre, trio originaire de NY et devenu instantanément le chouchou de la presse mode.

En ces temps troubles où n’importe quel moyen justifie une prise de position anti-guerre, le troisième album du félin poursuit bien adroitement l’association idées enragées et musique de clubs. Le féminisme du groupe ressort sur le titre inaugural explicite On The Verge, suit Seconds avec ses gargouillements synthétiques et son refrain imparable tandis que Don’t Drink Poison nous rappelle au bon goût de Basement Jaxx mais avec une rythmique boom-boom bien actuelle. Ce qui n’est pas le cas du morceau This Island qui joue la carte techno teutonique en heavy rotation sur MTV Deutschland. Si on retire une ou deux verrues qui entachent un peu This Island, il faut saluer la précision de geste du producteur Nicholas Sansano qui a su rendre à ces compositions toute la nuance qu’elles réclamaient sans jamais céder à la surimpression de motifs.

Même si le procédé samples lo-fi et disco bas de gamme s’essoufflent vers la fin ou encore que les radios s’emparent du sautillant New Kicks - avec des extraits de slogans de la marche “The World Says No To War” de 2003 - pour en faire un hit saisonnier, on ne trouvera rien à redire. Car Le Tigre en a écrit pour tous les goûts, toutes les humeurs.