Films, DVD
Dead Man Walking

Dead Man Walking

Tim Robbins

par Brice Tollemer le 22 mai 2007

4,5

paru le 29 décembre 1995 (MGM Studios)

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Matthew Poncelet se trouve dans le couloir de la mort. Il a été condamné à la peine capitale pour viol et double homicide sur un couple de jeunes adolescents. Ses jours sont comptés. Pourtant, il nie farouchement les fais qui lui sont reprochés. Mais ses derniers recours en grâce s’épuisent malgré l’engagement désespéré de son avocat commis d’office. Poncelet décide alors de contacter Sœur Helen Prejean, l’Église étant la seule chose à laquelle il peut se raccrocher. Mais la voie de la rédemption et du salut n’est pas la plus aisée à atteindre et il va se tisser entre ces deux personnages qu’apparemment tout oppose un lien spirituel et fraternel, lien qui constitue la véritable trame du film.

Nous n’avons pas à faire ici à un film de genre classique, dans lequel il serait question de prouver l’innocence d’un condamné à mort avant la date fatidique. Monté d’après le livre d’Helen Prejan, Tim Robbins a voulu faire autre chose, une œuvre beaucoup plus introspective et émouvante. Les personnages sont fouillés, les rapports entre eux profonds. À vrai dire, nous ne doutons pas trop de la culpabilité de Matthew Poncelet, jeune crétin finalement de l’Amérique profonde, qui sombre parfois dans le racisme, la paranoïa gouvernementale et pratiquement jusqu’au bout du film dans le mensonge. Et c’est là que le réalisateur fait preuve d’une finesse d’esprit implacable. En effet, bien souvent, lorsqu’on évoque l’injustice de la peine de mort, on pense le plus souvent à un innocent qui se fait exécuter. Or, ici, le condamné à mort inspire a priori très peu de sympathie ou de pitié. Est-ce alors une raison pour le tuer ? C’est à partir de ce postulat que le personnage de Sœur Helen Jean prend toute son ampleur. Appelée par Poncelet, elle vient le voir pour l’accompagner sur le chemin du pardon et de la rédemption, tout en se gardant de juger ses actes ou en se prenant pour une croisée de la justice universelle. L’histoire de ce film, c’est celle d’un homme qui marche inévitablement vers la mort. Sans pour autant négliger les familles des victimes, qui réagissent chacune à leur manière de façon différente, l’esprit de « vengeance » prédominant chez l’une, alors que chez l’autre, si la mort de leur fille a été un élément destructeur du couple, le père ne tombe pas dans une exacerbation de la loi du Talion.

C’est peu de dire que Sean Penn et Susan Sarandon crèvent l’écran. Lui est comme à son habitude impeccable, et prouve s’il en était encore besoin qu’il est capable de tout jouer. Sarandon est elle troublante d’émotion. Elle arrive à donner à son personnage une profonde inspiration religieuse tout en gardant un aspect résolument humain et par conséquent faillible. Elle sera d’ailleurs récompensée d’un Oscar pour sa prestation. Tim Robbins dirige lui tout l’ensemble d’une main de maître, tout en finesse, tout en retenue, donnant au spectateur toutes les cartes en main, sans pour autant lui asséner un point de vue pamphlétaire ou dogmatique.

Un mot enfin sur la bande originale du film, qui est probablement l’une des plus abouties de ces quinze dernières années. Springsteen lui-même livre un Dead Man Walkin’ de toute beauté, dans la lignée d’un Ghost Of Tom Joad. Johnny Cash, Suzanne Vega, Tom Waits, Steve Earle et Patti Smith viennent compléter le tableau de fort belle façon. C’est l’occasion d’entendre enfin Nusrat Fateh Ali Khan qui, par deux fois en duo avec Eddie Vedder, donne un ensemble aérien et mystique à cette bande originale.



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