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mercredi 15 avril 2015
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par Giom le 8 septembre 2009
Sorti le 13 mai 2005 ; 97 minutes ; Nombre de copies non communiqué.
Gus Van Sant l’annonce bien dès le générique de Last Days : « Même si ce film est inspiré de la vie de Kurt Cobain, il s’agit avant tout d’une œuvre de fiction. » Les fans peuvent donc aller se coucher ou retourner écouter Nevermind dans leur chambre, l’objectif du film n’est donc pas d’édifier le spectateur au sujet du dernier des poètes maudits du rock.
Le réalisateur, doublement palmé pour Elephant, revient donc avec un film à nouveau marqué par la mort puisqu’il s’agit bien des derniers jours de la vie de Blake (le faux Kurt), hanté par ses démons et incompris par ses propres collègues, eux-mêmes torturés et désemparés. Ce film se présente avant tout comme une réflexion sur la solitude d’un être qui ne semble pouvoir dialoguer qu’avec lui-même. La musique, présente seulement à deux reprises, apparaît alors comme un moyen d’expression personnelle pour le personnage et d’extériorisation de son inquiétude. L’acteur Michael Pitt est très convaincant dans son entreprise d’identification à l’idole grunge, poussant la ressemblance jusqu’à interpréter un magnifique morceau à la guitare acoustique qu’il a lui-même composé et qui n’aurait certainement pas fait tache sur l’Unplugged de Nirvana.
Après Elephant, où la variation des points de vue provenait de la mise en scène des différents parcours des lycéens de Colombine, Gus Van Sant se livre ici à un autre exercice de style en s’accrochant au parcours pathétique de l’unique Blake, les autres personnages ayant surtout pour rôle de renforcer le caractère décalé du chanteur comme dans ce dialogue à la fois absurde et déprimant avec un publicitaire des pages jaunes. Le réalisateur construit aussi toute une symbolique autour du lieu puisque l’abri de jardin se trouve être le cocon dans lequel Blake/Kurt se réfugie quand il ne peut plus supporter l’effrayante et froide maison dans laquelle il « cohabite » avec ses collègues.
Certes le film peut parfois ennuyer mais c’est justement parce que le cinéaste a voulu représenter cet ennui universel, qui, mêlé à l’anxiété, peut être la source du tragique. L’intérêt principal du film est donc bien là et il permet à Van Sant de réaliser une ultime variation sur cette même thématique de l’incommunicabilité entre les êtres humains, fondatrice de son œuvre (incommunicabilité à la fois d’un point de vue social ou psychologique). La scène finale ponctue ce « drame silencieux » d’une façon ironique en mettant en scène le message suivant : « on n’est jamais autant entouré que le jour de sa mort ».
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