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mercredi 15 avril 2015
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par Sylvain Golvet le 29 janvier 2008
Paru le 07 Octobre 2007 (Effervescence)
Le rock-critic se trouve légèrement dépourvu quand il se retrouve devant des disques tels que celui-ci. Comment dire… Un disque qui commence par la voix suave d’une jeune femme susurrant « Ecouter. Ecouter. Dormir. Sommeil. Dormir. Sommeil. » pour laisser place à une partie limite punk-hardcore qui se transforme en volutes de saxophone à la limite du free-jazz, rehaussée par un clavier égrenant les cinq notes mythiques de Rencontres du Troisième Type, peut laisser pantois. Mon dieu, qu’est-ce que c’est que ce truc !
Heureusement, je savais un peu dans quoi j’allais m’embarquer. Car Percevalmusic, groupe nantais qui en est à son deuxième album, est en fait une émanation de Chevreuil. Ce duo guitare-batterie s’est déjà fait connaître des amateurs par leur math-rock influencé par Shellac mais surtout Don Caballero, et s’est taillé une réputation scénique élogieuse. Il faut dire que leur dispositif scénique n’est pas habituel : la batterie, au milieu du public, est entourée par les quatre amplis du guitariste qui, par un système de pédales, envoient des boucles de sons qui s’empilent au fur et à mesure, donnant l’illusion d’un groupe beaucoup plus fourni. Ici Tony Chauvin, guitariste de Chevreuil donc, a repris le principe et l’a approfondi. Sa guitare, via un système de sonorisation, peut alors reproduire des sons aussi divers que celui d’un clavecin, d’un orgue ou d’un violon, élargissant le champ des possibles avec six cordes. Il s’est aussi entouré de Ty Yann Fevrier, un saxophoniste/batteur (eh oui ça existe), pour enrichir ses ambiances oniriques.
Ne me demandez pas le détail, je ne saurais pas vous dire à quel morceau correspond telle partie, telle ambiance, telles sonorités. Dynamitant les règles du couplet-refrain-pont, le tout se réfère plutôt au cadavre exquis, et enchaîne ses parties au petit-bonheur. Cet esprit surréaliste se retrouve d’ailleurs dans les titres des pistes, tous aussi improbables que Temple Solaire ou Oxo La Terre (Partie Ciel), la palme revenant à Coco Braise ! Tout au plus je pourrais vous citer quelques beaux moments : ici une ambiance élégante de saxophone sur fond de clavecin, là une montée explosive et futuriste, jusqu’à un final intriguant où du saxo sort des sons stridents, tels la sonnerie d’un réveil qui viendrait perturber la fin du rêve au petit matin, le tout se terminant d’ailleurs par la même voix qu’au départ nous invitant au « Reveil ! ».
Le principe de Dormir Sommeil ! se trouve dans ce concept radical de se tenir à la contrainte des boucles, limite par ailleurs complètement assumée car la pochette de l’album arbore fièrement l’absence d’overdubs sur les instruments. On se retrouve donc souvent dans la configuration d’accumulations progressives de couches de mélodies avec des morceaux qui progressent sans lien apparent avec ce qui précède. On en a tous fait l’expérience, ce principe est bien sûr le même que le rêve, et c’est probablement l’ambition du duo : nous faire voyager dans leur monde onirique, où classicisme et futur sont liés. Un concept intéressant mais qui laissera pas mal d’auditeurs sur la touche. Pour peu qu’on se mette dans les bonnes conditions (le soir bien sûr, et allongé si possible), le voyage peut valoir le détour.
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