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par Antoine Verley le 3 janvier 2012
Paru le 30 octobre 2006 (Osmose Productions)
S’il est un genre qui suscite une incompréhension et une circonspection hélas trop souvent légitime, c’est bien le black metal. Grandiloquence répétitive inutilement virtuose quand il ne s’agit pas d’un bête lorem ipsum musical cachesexant son absence de propos derrière une cascades de tritons saturés doublée d’une prod illisible, voilà, à en croire certains, à quoi on pourrait résumer cette musique qui divise même au sein des adeptes de Brütal a priori les plus ouverts. N’attendez pas que l’auteur de ces lignes leur donne tort, puisqu’honnêtement, le black metal, c’est quand même avant tout une musique de boutonneux désaxés, et que bon, à un moment, s’agirait de grandir.
Les exceptions ne manquent fort heureusement pas. On pourrait d’abord citer le cas de Watain : si leurs rituels et costumes scéniques ne sont rien de plus que gentiment fendards, leurs Casus Luciferi et autres Lawless Darkness n’ont pas fini de nous retapisser les cages à miel à coups de murs dissonants parfaitement maîtrisés, comme savaient le faire dans le temps leurs excellents ancêtres d’Emperor.
Groupe fondé à Jérusalem en 1993 et établi aux Pays-Bas quatre ans après, Melechesh est une autre de ces exceptions. Des titres de morceaux ressemblant pas mal à ceux des Secret Chiefs 3 (leur musique aussi, d’ailleurs), une passion pour la kabbale et l’occultisme hébraïque en général… Autant dire que Melechesh, c’est original. Mais pas « original » comme dans le « ‘tain, regarde ce groupe, ils jouent du metal avec des violons, trop fort » qu’on entend des premiers minables venus qui croient que cette originalité les dispense de se sortir les doigts ; avec savoir-faire, Melechesh parvient, tout en gardant une base black, à transcender la proverbiale basicité du genre. Tant et si bien que le groupe préfère la dénomination « Mesopotamian Metal » pour qualifier sa musique. L’album Emissaries de 2006 est ainsi le meilleur du groupe (et donc du genre), le mieux composé, le mieux produit, le mieux exécuté.
Commençons par le commencement : Rebirth Of The Nemesis, l’évidente entrée en matière au mur de guitares compact et surexcité dont la batterie sublime la glaciale chaleur. Rayon chant, rien d’étonnant, on est bien dans du black, comme en témoignent les éructations suraiguës d’Ashmedi. Mais que la dénomination semble limitée dès l’arrivée des chœurs de basses qui illuminent le refrain de Ladders To Sumeria où on se surprend à entendre… Des NOTES, oui, des notes !
La rythmique n’est pas en reste : le traditionnel blastbeat est ici enrichi de force contretemps, lui conférant une saveur orientalisante groovy (oui !), facteur important de l’occulte splendeur qu’exhale cette fusion bien plus à propos qu’on pourrait le penser. La reprise de Tea Party, Gyroscope, est là pour en témoigner : son riff virevoltant ne fait aucunement tache dans le reste. Tout comme l’instrumental Scribes Of Kur, judicieusement placé en milieu d’album : celui-ci voit le groupe débrancher les guitares pour broder des ambiances soniquement ultra chiadées autour d’un motif mélodique acoustique répété en boucle, simplissime et entêtant. Un tour de force.
En bref, rien à jeter. À part sans doute une jam finale pas très intéressante, ou peut-être Leper Jerusalem (et encore), titre au riff plus classique qui, s’il demeure bien fun, sonne presque quelconque en comparaison avec les fulgurances kabbalistiques du reste de cet album brillant comme on n’en fait pas assez.
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