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par Milner le 7 avril 2005
paru le 8 octobre 1979 (EMI)
Leeds, grisâtre cité du Nord de l’Angleterre ne vivant que pour son club de football, a toujours eu du mal à se faire une place au sein de l’échiquier musical du royaume. La faute, sans doute, à un manque d’ambitions locales dont les seuls faits de gloire peuvent être attribués à The Smoke (combo psyché-pop de 1967) ou aux jeunes nouveaux groupes tout de noir vêtus émergeant au début des années 80, faisant de la ville du Yorkshire le repère mondial des gothiques.
Ce serait toutefois oublier son plus fameux quatuor créé en 1976 et pourtant longtemps ignoré. Composé de quatre universitaires militants aux goûts musicaux disparates (on retrouve pêle-mêle un fan de Dr Feelgood, un autre de George Clinton, un amoureux de Free et un groupie de Weather Report), leur idée était de puiser dans le disco ou le funk en y ajoutant un contenu littéraire original. Naïvement baptisé Gang Of Four en référence à la factio gauchiste chinoise emmenée par Mao, le groupe publia son premier album fin 79.
Basées sur une approche musicale détonante et désormais reconnaissable - guitares abrasives, rythmique convulsive et jeu de basse atonale - les paroles semblent se complaire à démonter toutes les aberrations du quotidien de la planète bleue. Dans la splendide At Home He’s A Tourist, le guitariste et compositeur Andy Gill décrit l’étrange sensation que ressent un individu en rentrant chez lui le soir après avoir passé tant de temps au travail sous les ordres de son hiérarchique capitaliste. Il est aussi question du mensonge dans la culture de consommation (Return The Gift), du commerce des armes (Guns Before Butter), de la paranoïa sexuelle (Contract) voire même de la torture de supposés terroristes (Ether), ce qui nous ramène au bon goût d’un flash info sur CNN suivi par des dizaines de millions de...
Clairement, Gang Of Four expose le sentiment que les gens ne sont pas totalement maîtres de leurs destinés et qu’ils sont contrôlés par des structures encore plus secrètes qu’un sommet du G8 au pays du gruyère. De nos jours réhabilité par le bassiste de Red Hot Chili Peppers, Flea, ou Michael Stipe de R.E.M., Entertainment ! est - au côté de Unknown Pleasures de Joy Division - le premier album le plus important et influent du post-punk. Il demeure également la pierre angulaire du son “punk funk” cher de nos jours à Radio 4, The Rapture, Franz Ferdinand ou Hot Hot Heat.
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