Bonne nouvelle, on peut encore découvrir des bons groupes chez son disquaire. La preuve avec Agent Side Grinder qui, en dépit d’un nom pas évident et d’une pochette pas forcément mémorable, a retenu mon attention chez Gibert. Difficile pourtant au premier abord de planer sur les rythmes industriels et monotones du groupe dans un magasin sans clim après avoir écouté une dizaine de disques moyens... sauf que chez Agent Side Grinder, on met le paquet pour vous faire entrer de plain-pied dans la musique. Grosse basse d’Alexander Blomqvist, sonorités percutantes et entraînantes, voix à la King Lizard en transe, montées progressives de la mélodie, le tout dans une atmosphère faussement sombre et en réalité assez décalée. Moins Ian Curtis que Lux Interior, le chanteur Kristoffer Grip est parfait dans son rôle de rocker en pleine transe vaudou, de crooner ironique, de pastiche sincère.

Il y a le chant, donc, vraiment agréable, mais surtout les synthés de Johan Lange, Peter Fristedt et Henrik Sunbring, qui à chaque morceau parviennent à trouver un petit gimmick ultra accrocheur afin de broder autour durant quelques minutes. C’est souvent simple, martial et glauque, mais incroyablement redoutable sur le long terme ! La répétition finit toujours par porter ses fruits et faire pénétrer l’auditeur dans les mélodies bien ficelées de ces cinq Suédois. L’ensemble est d’autant plus efficace qu’il s’agit de la compilation réalisée par Manic Depression des meilleurs titres des trois albums du groupe, sortis entre 2008 et 2009 (parfois sur cassettes !), notamment le très bon Irish Recording Tape paru sur le label hollandais Enfant Terrible.

Une fois bien digérée, cette compilation devient hautement addictive quand l’humeur est propice aux états seconds. Ainsi on recommande vivement l’écoute attentive de merveilles telles que Die To Live (le titre le plus proche des Doors), mais aussi le plus doux Life In Advance, le technoïde et inquiétant The Screams, le très Depeche Modien avec sa slide-guitar Eyes of the Old, le fantastique Ricocheting Memories, idéal à écouter dans une cave en remuant comme un zombie, enfin l’étrange Telefunk, perturbant à souhait. Remarquablement produite, jouant sur la répétition d’un motif mélodique fort, la musique d’Agent Side Grinder montre une grande capacité à faire entrer dans la danse. Et ce n’est pas un amateur de post-punk qui vous le dit. En bonus, le fan découvrira également un CD live sympathique qui donne envie de voir le groupe sur scène, ainsi qu’un instrumental génial en guise d’au revoir. Bref, à découvrir absolument.

Le site de Manic Depression Records : http://www.manicdepressionrecords.com/