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par Emmanuel Chirache le 27 mai 2011
Paru en mai 2011 (Domino)
Bonjour. Oubliez deux secondes les guitares. Il n’y pas que ça dans la vie. Il y a aussi les claviers par exemple. Et surtout la voix. Dans l’histoire de la musique populaire, c’est la voix, en réalité, qui mène la danse, depuis Bruant jusqu’à Michael Jackson, en passant par Fréhel, Billie Holiday, Elvis Presley ou Eric Burdon. Chez Austra, les claviers minimalistes n’ont d’autre rôle que de mettre en valeur la voix incroyable de Katie Stelmanis, canadienne d’origine lettonne, comme un écrin exhausse un diamant. Domino avait déjà sorti il y a quelques mois le single Beat And The Pulse, titre obsédant, gothique et sombre, dont les coups de glas rappelaient fortement Dead Can Dance, et qui déjà nous avait beaucoup intrigué. Voici l’album entier, Feel It Break (paroles du single, "feeel iiiiiit, br-eaaak"), dans la droite lignée de ce Beat And The Pulse austère, pénétrant et singulier.
C’est entendu, il y a des années 80 sur ce disque, mais versant new wave et gothique, cabaret et post-punk. On entend du Klaus Nomi sur le fantastique Lose It ou le sautillant Shoot The Water où Katie pousse des petits cris suraigus d’opérette. Plus loin, l’envoûtant Spellwork fait penser à Eurythmics ou Soft Cell, et le sympathique Choke à du Moroder. Seul The Villain nous rappelle les heures les plus noires des eighties. Tout n’est pas parfait et parfois les instrus font clairement cheap, mais la voix hallucinante de Katie Stelmanis suffit à notre bonheur et la simplicité de l’ensemble fonctionne à merveille. Tout est affaire d’ambiances, de montée en puissance puis d’accalmie, comme sur le majestueux The Noise, sur la merveille Beat And The Pulse, et le second single Lose It, autre perle du disque. Deux clips accompagnent d’ailleurs ces deux dernières chansons, mélange d’esthétique lesbienne et d’imagerie avant-gardiste typiquement canadien. La vidéo de Beat And The Pulse présentent ainsi des femmes dévêtues aux mains palmées et à la peau extensible. Celui de Lose It est un peu moins glauque et joue davantage sur les images :
Malgré quelques répétitions monotones, le disque s’écoute avec une contemplation absolue et on se réjouit presque que les morceaux soient joués aux claviers et non à la guitare acoustique, ce qui nous aurait valu une énième et banale chanteuse folk. Non, au lieu de cela, Austra propose un mariage audacieux entre le kitsch éprouvé de mélodies au spleen intraveineux et la voix stellaire de Katie Stelmanis. Opérette, cabaret et new wave se joignent dans un ballet de chœurs qui nous a personnellement bercé jusqu’à plus-soif. On espère juste que la suite sera encore meilleure.
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