Concerts
Fleet Foxes

Paris (la Cigale)

Fleet Foxes

Le 24 février 2009

par Sylvain Golvet le 3 mars 2009

Diminuer la taille du texte Augmenter la taille du texte Imprimer l'article Envoyer l'article par mail

Fleet Foxes est la révélation rock 2008. Le groupe s’est placé, et bien placé dans la plupart des tops de la presse musicale et dans les innombrables classements de la « blogosphère ». Auteur de jolis morceaux pleins d’harmonies vocales et d’arpèges délicats, sorte de réminiscences de Crosby, Stills, Nash & Young, les Fleet Foxes ont effectivement de quoi faire l’unanimité, développant un son qui a toutes les chances de plaire au fan d’indie-folk très en vogue en ce moment, comme au puriste dylano-neilyoungiste. Ça brasse large donc et avec talent qui plus est, grâce à des compositions à tiroirs assez intéressantes alliés à de belles mélodies. Tout cela peut nous faire augurer d’un joli concert, probablement calme mais néanmoins prenant. Hélas dans les faits c’est autre chose. Car il faut les incarner sur scène ces morceaux et c’est là que le bât blesse.

Avant cela, la salle pleine de la Cigale aura le droit à une première partie assurée par les amis de label des renards The Acorn. Les Canadiens œuvrent dans les même eaux, en poussant le vice jusqu’à arborer les mêmes allures, soit un festival de barbes et de chemises à carreaux. Le leader Rolf Klausener pousse même le vice jusqu’à porter sous sa chemise… une autre chemise. Une certaine implication dans le genre. Au-delà de ça, on navigue bien sûr dans du folk-rock très mélodique. A leur avantage, ils n’hésitent pas à user de la double batterie, apportant une frénésie rythmique qui permet d’éviter une certaine apathie.

Place aux cinq Fleet Foxes, quatre barbus et un intrus glabre, attendu ce soir presque comme le messie par le public. Rappelons en effet que le concert était complet, probablement aidé par une prestation appréciée au Festival des Inrocks en novembre dernier mais forcément frustrante par son statut de première partie. Ce soir, le public vient pour eux et rien que pour eux et se persuade qu’il va assister à un bon concert. Il manquait pourtant quelque chose pour que ce le soit. De fait, dès l’intro a cappella de Sun Giant, la magie peine à se manifester et la machine est un peu fatiguée pour atteindre son rythme de croisière. Deux problèmes se posent. Les Fleet Foxes sont jeunes, c’est leurs premières prestations en tête d’affiche et cela se sent, par un manque de technique notamment qui pourrait leur permettre de prendre des libertés avec leurs compositions. Malheureusement c’est encore un peu laborieux et presque sans vie. Le deuxième, c’est leurs compositions justement. Pas qu’elles soient mauvaises, mais elles semblent assez peu adaptées à la scène. Comportant souvent plusieurs parties, avec des ruptures de rythme, elles sont souvent trompeuses et laissent presque à chaque fois un sentiment d’insatisfaction. Telle accélération qui ne mène à rien, tel passage entraînant qu’on aimerait voir tourner plus longtemps. Cela pourrait être surprenant, c’est malheureusement plutôt frustrant. Quelques moments sortent tout de même du lot, comme ce Your Protector et sa mélancolie de western.

Néanmoins l’un des points forts du groupe est son chanteur Robin Pecknold. Doté d’une belle voix claire, douce même quand il la pousse, il peut se permettre de voler la vedette à son groupe tout entier. Ce qu’il ne se prive pas de faire d’ailleurs, par deux moments acoustiques, dont le très beau Oliver James et surtout le magnifique Katie Cruel, une reprise effectué sans micro devant une salle captivée et subjuguée. Ce garçon a du talent en tout cas et rattrape le reste. Le public est ravi et les applaudissements nourris ne laissent aucun doute quant au succès futur du quintet.

Ah dommage, moi qui aurais aimé être subjugué, j’ai passé une soirée juste sympathique. Ça ne m’empêchera pas de réécouter avec plaisir ce premier album et d’attendre la suite avec curiosité. Peut-être que ce concert sentait la fin de tournée avec un groupe fatigué, on souhaitera donc à leur prochain passage que les cinq de Seattle se soient armés de plus de vigueur et de technique. S’ils ne se reposent pas sur leurs lauriers.



Répondre à cet article

modération a priori

Attention, votre message n'apparaîtra qu'après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici
  • Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom



Setlist :
 
01. Sun Giant
02. Sun It Rises
03. Drops In The River
04. English House
05. White Winter Hymnal
06. Ragged Wood
07. Your Protector
08. My Only Son
09. Oliver James
10. Quiet Houses
11. He Doesn’t Know Why
12. Mykonos
 
----------------
 
13. Katie Cruel
14. Tiger Mountain Peasant Song
15. Blue Ridge Mountains