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par Béatrice le 22 septembre 2009
Comme le glissera Robin Pecknold, timide chanteur du groupe, entre deux décollages chansonniers, cela fait 18 mois que les Fleet Foxes écume les planches de salles de concerts qui gonflent un peu plus chaque trimestre. Dix-huit mois, ça commence à faire long, et c’est à peu près ce que les cinq barbus de Seattle ont dû se dire, car cette soirée au Grand Rex marquera la fin de ce marathon musical. Ils ne reprendront pas la route avant l’enregistrement de leur prochain album, ce qui reste assez imprécis comme promesse de retour. Comme à Inside Rock, on ne fait jamais les choses au deux-tiers, on ne pouvait pas ne pas boucler notre trilogie des concerts parisiens des Fleet Foxes : aprèsl’Olympia en novembre, etla Cigale en février, voici donc le Grand Rex en Septembre.
Ce troisième (et dernier, donc) concert parisien témoignerait presque de l’inflation de l’attractivité du groupe, si celui-ci n’avait pas commencé par l’Olympia, sur invitation expresse du festival des Inrocks qui n’allait tout de même pas laisser la "sensation folk millésimé 08" lui filer entre les doigts ! Eh oui, il y en a qui commencent fort - à ceci près qu’à l’Olympia, nos renards Furtifs n’avaient eu droit qu’à la deuxième position sur l’affiche, et aux maigres 45 minutes qui vont avec. Cette fois, ils ont leur nom en gros et ne sont pas tenus de s’arrêter pour les beaux yeux de MGMT. Et puis le Grand Rex, c’est plus grand que l’Olympia, et en plus y a des étoiles au plafond et des palmiers dans les patios en carton pâtes du décor dont on ne sait pas trop s’il se veut mexicain ou oriental.
Première partie : un groupe de Portland, Oregon, compagnon de label des Fleet Foxes chez Sub Pop, et affublé du bizarre nom de Blitzen Trapper, qui lui va assez bien... parce que le sextet a une allure tout aussi bizarre. Un petit brun sautillant à la voix über-malléable, un grand dadais de roux frisé à lunettes à la guitare sèche, un charmant blond en chemise à carreaux (ben ouais, quand même, c’est les Fleet Foxes après, quoi) mauve derrière le clavier, un second brun à tignasse de métalleux à la basse, un guitariste à casquette et un batteur dont la barbe ferait pâlir d’envie le fils illégitime de Darwin et Karl Marx : il suffit de les voir débouler pour se douter que leur concert ne sera pas tout à fait commun. Il sera en tout ca très bon, et les premières partie de qualité sont suffisamment rares pour être remarquées. Mis à part son nom imprononçable et son look improbable, Blitzen Trapper officie dans le rock en caoutchouc, qui sautille, rebondit et s’étire : de morceaux à épuiser le lapin Duracell en complaintes élastiques parées d’harmonica, le groupe a un petit quelque chose de The Band sous perfusion d’amphétamines. Il s’est certes un peu assagi, il fleure bon les grandes plaines américaines, mais même quand il se calme et verse dans la mélancolie, le piano se fait marteler et la scène se transforme, bon gré mal gré, en trampoline. Robin Pecknold se pointe sur une chanson ou deux avec son gros bonnet rouge, vient piquer un bout de micro pour harmoniser, mais ne sautille pas trop, et tout le monde est content.
Puis, arrive enfin, pour citer un plaisantin assis quelque part vers le troisième rang à gauche de la mezzanine, "Mesdames et messieurs, le commandant Cousteau !"... alias Robin Pecknold, qui a gardé son bonnet rouge, même s’il a l’air de faire chaud sur scène. Les cinq renards entament leur set sur un Sun Giant qui s’envole, enchaînant sur Drops in the River : inutile de s’attendre à un set révolutionnaire, les chansons seront probablement à peu près les même que lors des deux concerts parisiens précédents (triste sort du groupe en début de carrière). Le commandant Cousteau a l’air d’avoir des petits problèmes avec sa gorge et collectionne les mugs, s’interrompant entre chaque chanson pour boire. Mais même si sa voix est parfois légèrement éraillée, et si la pause thé récurrente finit par susciter une vague hilarité dans la salle, le concert ne s’en ressent pas franchement. Les chansons sont toujours aussi célestes et les harmonies aussi lumineuses, même si leurs détours ne sont plus vraiment surprenant. Elles prennent aussi plus d’ampleur en live, où elles ont la place et le temps de se déployer et de se développer, emplissant l’espace de notes pas toujours si cristallines que ça - la saturation aidant... Parmi les points forts, la toujours magique Mykonos, les crescendos de Your Protector et He Doesn’t Know Why, le kaléïdoscopique White Winter Hymnal et le rupestre Tiger Moutain Peasant Song qui n’a besoin que de quelques arpèges pour prendre vie...
Le temps d’un intermède en tête à tête avec sa guitare, le barbu de chanteur gratifie en sus la salle de deux nouvelles chansons (qui laissent espérer que l’enregistrement du second album ne prendra pas trop, trop longtemps), et en rappel de sa chère reprise unplugged (au sens strict du terme, c’est-à-dire sans le micro) de Katie Cruel de Karen Dalton - ce qui, pour quelqu’un qui a l’air d’avoir mal à la gorge, n’est pas très raisonnable, mais passons, de toute façon c’est le dernier concert. Le groupe conclue sur Blue Ridge Mountain, assisté des zigotos de Blitzen Trapper qui viennent jouer des maracas et assurer les choeurs, sautillent un peu, et encore une fois tout le monde est content.
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