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mercredi 15 avril 2015
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par Sylvain Golvet le 8 mars 2012
C’est toujours grisant de voir un groupe en pleine possession de ses moyens, et même si ça commence à faire quelques années que l’on est au courant que Wilco maîtrise son sujet. En gros, cela fait plus de dix ans que Wilco tutoie l’excellence, et surtout cela fait trois albums qu’ils demeurent un groupe soudé autour d’une structure quasi parfaite. C’est simple, ces six-là peuvent tout faire.
Il faut dire que les Français n’ont pas vraiment eu l’occasion de les voir depuis 2007, lors d’un concert formidable au Bataclan. Pour quelle raison Wilco, qui n’a quasiment pas arrêté de tourner dans le monde entier, via l’Espagne, l’Irlande ou la Belgique pour parler des plus proches, n’a pas daigné poser ses valises en France dans l’intervalle ? Le manque de demande du public paraît plutôt improbable vu le remplissage du Grand Rex ce soir-là et vu la bienveillance régulière de la presse française (Le Monde, Telerama, pas vraiment les moins lus). Gageons plutôt sur un problème de salle et de centralisme parisien, comme le confirmait leur tourneur Live Nation à la sortie de l’album : « Nous pourrions faire un Bataclan ou une Cigale mais l’agent de Wilco aimerait plusieurs dates en France, dont certaines en région et c’est assez compliqué. Toutefois nous ne désespérons pas de caler une ou plusieurs dates en France en 2012 » [1]
En 2010, le tourneur français tablait, en privé, sur des conditions démentes demandés par l’agent du groupe. Sauf que le reste de l’Europe n’était pourtant pas lésé. [2] Le mystère reste entier.
Bon, maintenant qu’on est là, ne boudons pas notre plaisir. Et sur 24 morceaux, il y a de quoi être contenté. Cela commence doucement mais sûrement sur les rythmes éléctro-rock d’Art of Almost et sur le gentil I Might. I’m Trying to Break Your Heart et son rythme titubant donne toujours l’impression d’avoir été composé par un Tweedy passablement éméché. Et puis arrive le frisson n°1, avec One Wing qui expose les énormes qualités scéniques du groupe : une finesse de jeu idéale pour retranscrire la délicatesse de moments acoustiques, une précision imparable quand il s’agit de faire parler les éclairs de guitare électrique de Nels Cline, et une perfection du son qui fait sonner le morceau aussi bien dans son début acoustique que dans son explosion finale.
Ensuite, le groupe de plus en plus à l’aise déroule ses morceaux de bravoure dont l’un des plus réputé en concert, Impossible Germany. C’est le frisson n°2 et il est collectif car la salle ne se gène pas pour complimenter Nels Cline pour son solo aussi sobre dans le son qu’épique dans son exécution.
Malgré tout Tweedy reste peu affable alors qu’il a le souvent bon mot facile. Une mauvaise humeur ? Ou plutôt une frustration de jouer pour un public assis et bien assis ? Arrive le moment où il ne tient plus et moque les sièges du Grand Rex, dont le pouvoir soporifique agit juste en les regardant. La remarque fera réagir le public, dont une bonne partie fera le reste du set debout, au grand dam d’une sécurité un peu zélée. Il y a quand même quelques surprises dans ce set, comme cette version acoustique de Spiders (Kidsmoke), dont le bruitisme semble vouloir sortir mais est admirablement contenu par les 6 musiciens. Plus loin c’est un morceau de Loose Fur, le side-project de Tweedy et Kotche avec Jim O’Rourke, qui pointera le bout de son nez. La suite est parfaite et le frisson n°3 sera pour Via Chicago. Les gens qui ne le connaissent que par sa version studio en prendront pour leur grade. Glenn « animal » Kotche fracasse sa batterie tel le tonnerre puis se tait brusquement pour laisser la voix nue de Tweedy envahir la salle. « C’est beau ce qu’ils font. Beau et terrible à la fois d’ailleurs » dixit Thibault, notre OSS 117 à nous.
Messieurs, si vous ne trouvez pas de salle française lors de la prochaine tournée, il y a toujours mon appartement.
[2] cf le message d’un certain CC Rider du 26 sept 2010 sur ce forum : http://hopeanddreams.forumactif.com/t111-wilco-jeff-tweedy-cie
Vos commentaires
# Le 9 mars 2012 à 11:41, par Thibault En réponse à : Wilco
Monsieur Duffman, je vous trouve malavisé d’oublier d’autres grands moments de frissons... Je pense notamment à l’attaque de guitare électrique de Tweedy qui inaugure la montée en puissance et le solo d’At Least That’s What You Said, la version ultra violente d’A Shot in the Arm avec un Nels Cline déchaîné, et surtout Theologians, leur plus belle chanson, bordel de merde !
Notons aussi l’attitude et la gestuelle simples mais charismatiques des musiciens, ils en font peu mais ils dégagent quelque chose de très fort. On a l’impression que le bassiste diffuse des ondes de bien être aux autres membres.
# Le 9 mars 2012 à 14:28, par Sylvain Golvet En réponse à : Wilco
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