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mercredi 15 avril 2015
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par Kris le 10 octobre 2006
paru le 23 mai 2006 (Ba Da Bing)
S’il n’avait pas été américain, Zach Condon n’aurait probablement pas pu se faire connaître autant qu’aujourd’hui grâce à ce premier album. Totalement en dehors de l’étiquette indie rock qu’on s’empresse trop vite de lui apposer, Gulag Orkestar se démarque très nettement de la musique orchestrée aujourd’hui sur la modeste scène indie. L’inspiration lui est venue lors de divers voyages en Serbie où son appétit musical vint ingurgiter une culture quelque peu éloignée de la sienne.
Ouverture sur trompettes vintage, accordéons, claviers de cabaret, Gulag Orkestar nous plonge illico dans cet univers décalé et proprement dépaysant. On serait tenté de qualifier la sonorité de tous les noms qui nous viennent immédiatement par la tête : tzigane, folklo, fanfare. Cependant, après diverses écoutes plus ou moins intensives on se place bien loin de ces clichés pendants avec Beirut. Pourtant tout, a priori, porte à nous montrer du doigt la direction à prendre. Avec ce nom équivoque, Beirut, musique et instrumentalisations vaguement identifiables et catégorisables, Zach Condon ne penche pas vainement dans une relecture et harmonisation occidentale d’un genre riche et culturellement imposant. Condon est un surdoué. Du haut de ses dix-neuf petites années, il nous livre ce majestueux ticket vers des horizons nouveaux, un voyage impressionnant vers des contrées pas si lointaines, mais dont les clichés les représentant déforment énormément notre perception de ce panel musical.
Le premier single Postcards From Italy nous propulse immédiatement dans l’affaire. Si les influences tziganes se font nettement entendre, on retombe pourtant très vite vers certains sentiers battus. Un chant et une identité proches d’Andrew Bird parviennent à nous faire retomber sur nos pieds, sans pour autant nous décrocher de cette spécificité musicale qui est celle de Beirut. On reconnaît certaines fondations de la musique pop et de l’indie folk - parce que certaines choses ne changent pas - qui ne dénaturent aucunement l’ambiance martelée par les instruments exotiques mis en exergue. Certains titres rappellent Yann Tiersen (Rhineland (Heartland), Mount Vorclai (Idle Days)), d’autres Rufus Wainwright période Neutral Milk Hotel (Prenzlaurberg). Si cette théâtralisation mise en place par Zach Condon prend toute son ampleur dès les quatre premiers titres de l’album, la tragédie du moment s’essouffle quelque peu à de rares moments, mais est toujours rattrapée et remontée grâce à des titres comme Bratislava. Virtuose précoce et musicien accompli à même pas vingt ans, Zach Condon aura réussi la plus dure partie de sa mission : nous faire oublier pendant trente-sept minutes le monde qui nous entoure.
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