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mercredi 15 avril 2015
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par Our Kid le 24 avril 2006
EP paru en 2006 (Mangrove Records)
Semyorka est un trio originaire de Paris organisé autour de la chanteuse Magali Sire et de ses deux compères masculins pratiquant une musique electro-rock depuis plus de trois années. Après une année consacrée à se forger une identité sur scène, la formation est entrée en studio pour y graver un album six titres, Happiness For Sale. Première surprise : on a bel et bien affaire avec une boîte à rythmes, ce qui confère une dimension discoïde à l’ensemble. Rassurons-nous, la guitare se fraie également une place et est partie intégrante du son Semyorka. D’ailleurs, ses riffs tantôt tranchés, tantôt nerveux rappelant l’underground et des formations telles que Gang Of Four ou toute autre combinaison d’inspiration new-wave capturent notre attention et lorgnent parfois vers des sonorités évoquant U2, voire Queen, période Seven Seas Of Rhye (San Francisco). Justement, ce morceau débute tout beat dehors et rompt singulièrement avec l’image que l’on se fait habituellement de la ville de la baie. Qu’importe, l’effet est saisissant et entre en action la voix de Magali qui sonne étrangement comme une Nan Turner ou encore une Anouk. Partageant les chœurs avec Nicolas Lartigue (claviers, basse), Magali insuffle une véritable âme aux morceaux et son charmant accent français ne laissera personne indifférent, même si les motifs synthétiques ornant ce morceau introductif peuvent sembler entêtants.
Song For The Men, le morceau suivant, décolle un peu plus et on imagine qu’il dispose d’une bonne carrière sur scène. Pour preuve, la frappe de mule qui lance la chanson et les guitares rugissantes, assurant une rythmique imparable et qui propulsent le groupe sur le chemin de, au hasard, Hot Hot Heat, Fugazi ou Vive La Fête. Un morceau entraînant et un hit potentiel. Une ligne de basse groovante et un beat qui la soutient, ainsi résonne The Tweeclub, autre composition accrocheuse et originale. Dommage que la voix de Magali ne ressorte pas davantage et que l’on n’assiste pas à un changement de tempo. La même recette est appliquée à Lolita Superstar et ses quelques mots en français, même si la guitare edgesque entraîne le morceau vers la danse - du fait de son groove approprié - et que la brutale inversion rythmique à la fin procure enfin au titre un envol. Go On nous ramène sur la piste de danse (faut dire qu’avec un nom pareil...) et on se rend soudain compte que la musique de Semyorka n’est pas réservée uniquement aux petits clubs enfumés et sentant la bière. Non, le trio a également une carte à jouer auprès des dance-floors.
Pour finir, Happiness For Sale nous propose Trivial Song. Morceau le plus sombre du disque qui débute sur un motif techno digne des grandes heures du Detroit des années 1980 et qui se poursuit autour de la voix de Magali à grands renforts de « trivial song », comme pour nous faire intégrer pour de bon le message. Le mur de guitare, légèrement en retrait, laisse planer un sentiment de peur, d’angoisse, de brouillard, bref, tout ce qui va à l’encontre de ce que laissait pourtant entrevoir la pochette du disque et ses palmiers. Mais, si on considère que « le bonheur est à vendre », alors le morceau prend tout son sens.
En tous les cas, en guise d’introduction à l’univers de Semyorka, le EP Happiness For Sale constitue une excellente étape vers un avenir qui passera inévitablement par un effort studio qui devra gommer les quelques imperfections des morceaux, mais c’est à ce moment-là que le talent du trio donnera sa pleine mesure.
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