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In The Absence Of Truth

In The Absence Of Truth

Isis

par Gatman le 24 avril 2007

4

paru en novembre 2006 (Ipecac Recordings)

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En tant que critique rock, on passe toujours à côté de plein de choses. On se veut à la pointe, être du club de ceux qui savent mieux que tout le monde et surtout avant tout le monde. « Comment ça, tu ne connais pas X ? Y ? C’est génial ! ». Mais dans un monde où tout est génial trois cents soixante-cinq jours par an, nos pauvres cerveaux saturés ont souvent des ratés.

Et puis un beau jour vous tombez sur un truc qui vous obsède, que vous écoutez en boucle en vous demandant comment ce qui est désormais devenu une partie de vous-même a pu rester si longtemps au fond de votre disque dur ou perdu dans l’armoire où vous entassez des centaines de CD. Pour 2006, les Flamings Lips sont donc rentrés dans mon petit panthéon personnel. Et juste à côté, on trouve le dernier album d’Isis... Oui, mea culpa, la tête couverte de cendres, j’ai totalement zappé les 3 premiers LP d’Isis. C’est donc avec des oreilles « candides » que j’ai abordé cette longue galette (plus d’une heure). Je ne vous parlerais donc pas de son leader Aaron Turner et de ses label Hydra Head Records et HH Noise Industries, du remix de Mike Patton, ni des moustiques et cie.

Les « spécialistes » vous diront également que c’est du post-core mâtiné de cold wave (avec une basse qui n’aurait parfois pas juré dans Cure circa 1982), et n’oublieront pas de vous parler des prestations scéniques avec le grand frère Tool. C’est sûrement vrai puisque j’aurais pu l’écrire et puis passer à autre chose. Mais, Isis a vaincu mes résistances et ne me sort plus de la tête. Je me suis laissé littéralement happer par ce tout hypnotisant, tellement plus fort que la somme des parties. Le groupe possède un vocabulaire personnel, empruntant de façon ponctuelle à la grammaire du metal extrême (voix gutturale, guitares ultra saturées), et qui ne cherche pas le succès immédiat et à remplir les stades. Le mot « single » leur est étranger (j’aurais bien dit Dulcinea mais il dure sept minutes). Mais l’hermétisme forcené, les habits noirs et le coup de pied dans les couilles, c’est pas non plus le genre de la maison. L’album au contraire est un tout cohérent, fluide, un concept album souvent très mélodique et débarrassé de toute prétention pompière. Un disque mystérieux certes, comme la citation de Hassan-I Sabbah, fondateur au XIème siècle de la secte des Assassins : « Rien n’est vrai, tout est permis », mais pas totalement opaque.

Mais pour être pleinement apprécié et compris, il faut s’y abandonner totalement, l’écouter d’une traite, pour ne pas perdre le fil fragile d’une émotion aussi forte. Et vous en redemandez, de cette somme musicale imposante et limpide à la fois, en équilibre permanent entre montées asphyxiantes et plénitude retrouvée comme dans le fabuleux Holy Tears. Un putain de trip pour victimes consentantes, mais il est évident que ces victimes ressembleront davantage à des auditeurs de Godspeed You !Black Emperor que des fans de Linkin Park. Vraiment pas un disque pour intellectuels ni pour gens pressés, mais un disque majeur de 2006. Et promis, je vais écouter les autres albums d’Isis.



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Tracklisting :
 
1. Wrists Of Kings (7’45")
2. Not In Rivers, But In Drops (7’48")
3. Dulcinea (7’10")
4. Over Root And Thorn (8’31")
5. 1,000 Shards (6’17")
6. All Out Of Time, All Into Space (3’04")
7. Holy Tears (7’04")
8. Firdous E Bareen (7’50")
9. Garden Of Light (9’17")
 
Durée totale : 64’49"