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K.A

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Magma

par Psychedd le 5 avril 2005

4

Avec Magma, tout est histoire d’amour ou de haine. Ou on aime (à peu près) tout, ou on rejette en bloc...

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Souvent accusé de fascisme, impression due à leur langue totalement inventée, le kobaïen, mélange de sonorités germaniques et d’Europe de l’Est, le groupe existe depuis les années 70 et tranchait singulièrement avec la mode baba-cool du moment par leurs costumes noirs, leurs étranges mœurs et un visuel sciemment violent...
Groupe aux multiples musiciens, un seul est toujours là, le fondateur, le maître, Christian Vander, Zebhën Sträïn Dë Geustahh pour les intimes. Batteur de génie, à qui Chet Baker a offert sa première batterie, et qui en apprendra tout l’art et les subtilités avec Elvin Jones.

Le jazz donc au centre de son monde musical. Puis Coltrane et Stravinsky, ses premiers émois qui lui font comprendre qu’il doit partir à la recherche de LA note. Celle qui ouvre l’accès à un autre monde, qui modifie la conscience.
Christian Vander, génie autistique, qui n’a pas décroché un mot de 13 à 20 ans. Visionnaire qui a posé les bases d’un nouveau langage apparu en rêve, langage universellement compréhensible, puisque langage des sentiments humains, et qui a créé la mythologie qui va avec.

K.A entre directement dans cette mythologie, celle de Kobaïa (pour vulgariser la planète où les élus doivent un jour se retrouver...). Elément manquant entre les pièces fondatrices d’un mouvement, aussi bien musical qu’intellectuel qu’étaient Mëkanïk Destruktïw Kommandöh et Köhntarkösz, K.A retrace la jeunesse de Köhntarkösz, jeune héros kobaïen.
Grande pièce en trois morceaux, K.A a été rodé sur la route depuis 2002.

Et par le miracle que permet la musique, nous voilà projetés en 1972, année qui aurait dû voir cet album sortir. Il n’est en lui-même pas totalement inédit, puisque de nombreux passages rappellent les thèmes majeurs de Köhntarkösz et, pour ceux qui connaissent la discographie, on retrouve des pans entiers des morceaux Om Zanka et Gamma Antéria tirés de l’album Inédits.

Comme à son habitude, Vander ne réunit que des musiciens chevronnés pour travailler avec lui. L’affaire tourne même à l’étude généalogique, puisque les enfants de Bernard Paganotti, ancien bassiste, font partie de la joyeuse bande, tout comme Stella Vander, femme du batteur fou, toujours présente depuis les années 70. A noter, que cette formation est la plus stable que Magma n’aie jamais connu.

Et comme d’habitude, le niveau est haut, très haut... Vander manie aussi bien les rythmes binaires que ternaires. Il utilise son instrument comme il se sert de sa propre voix et se sert de sa voix comme d’un instrument. Et l’ambiance quasi hypnotique, si caractéristique du groupe, est toujours aussi efficace. Les chœurs sont à couper le souffle, bien que cette fois-ci un côté un peu trop lyrique en ressorte. Magma n’a jamais été si proche de la musique classique. Il ne faut pas se méprendre sur les « Hallélujah » du dernier mouvement qui n’ont rien de religieux...Car s’il ne devait y avoir qu’un adjectif pour décrire l’œuvre de ce groupe, ce serait « païen », mais dans le bon sens du terme. Quelque chose de viscéral, de sauvage, quelque chose qui fait appel aux instincts les plus naturels et les plus beaux de l’esprit humain.
Magma appelle de toutes ses forces cette puissance universelle qu’est la vie.
K.A ne déroge pas à cette règle. Voilà un excellent album pour démarrer dans le monde de Vander, si l’on n’a pas peur des morceaux qui durent un quart d’heure, et plus.

Ce n’est pas une musique de haine et de mort comme on a pu le croire ou le prétendre.
Que l’Utopie kobaïenne semble dérisoire à beaucoup, c’est normal. Mais en aucun cas, la musique ne doit en pâtir.
A découvrir ou à redécouvrir donc. Et s’il y a un vrai conseil à donner, c’est de les voir en concert, là où Puissance et Beauté ne font plus qu’un...



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Tracklisting :
 
1- K.A partie 1 (11’12")
2- K.A partie 2 (15’53")
3- K.A partie 3 (21’39")
 
Durée totale : 48’47"