Concerts
La Route Du Rock 2005 (15ème édition)

Saint-Malo (Fort-Saint-Père)

La Route Du Rock 2005 (15ème édition)

Les 12, 13 et 14 août 2005

par Arnold le 5 septembre 2005

Diminuer la taille du texte Augmenter la taille du texte Imprimer l'article Envoyer l'article par mail

Vendredi 12 août

Sur la route de Saint-Malo depuis déjà deux heures, nous arrivons enfin sur les lieux de la Route du Rock, au Fort Saint-Père. Notre première rencontre malouine se fait avec les douaniers qui nous interceptent aux portes du festival. Quatre mecs dans une seule voiture, mal rasés et coiffés au râteau, ça parait tout de suite suspect. Pendant notre fouille, nous laissons la route libre à une voiture où les yeux de l’un des passagers témoignent de l’utilisation de certaines substances que nos chers douaniers tentent de découvrir dans nos sacs. En vain. Nous repartons donc, direction le camping. Pour la première fois depuis 15 ans, celui-ci n’occupe pas les douves du fort. Ce qui est fort dommage. Le nouveau campement est établi en face du parking, dans un champ qui s’offre totalement aux vents marins. Nous voici donc maintenant en possession d’un joli bracelet rouge de festivalier, nos tentes plantées et lavés de tout soupçons vis à vis des douanes. Le festival peut commencer...

Les festivités commencent à 19h15 avec Art Brut, groupe anglais énergique avec un fort accent cockney. Le groupe n’est pas du genre à se prendre au sérieux, plaisante sans arrêt et communique très bien avec le public encore peu nombreux.

JPEG - 14.4 ko
Art Brut © Volubilis

Le chanteur Eddie Argos est sollicité par une bande de fans venus d’Outre-Manche déployant une banderole avec des propos sexuels à son sujet qui provoquent son hilarité. Bonne ambiance, bonne musique, à surveiller. Avant de partir Eddie Argos clôt le set du groupe en scandant à la foule : " Art Brut : TOP OF THE POPS ! The Wedding Present : TOP OF THE POPS ! Yo La Tengo : TOP OF THE POPS ! But ART BRUT : TOP OF THE POPS !!"... Le public est conquis, et chaud pour la suite des évènements...

C’est le moment d’aller se servir une petite mousse et de quoi manger. L’occasion aussi de repérer les lieux. Rien n’a changé par rapport à l’an passé : les toilettes sont toujours au même endroit. En revanche, la régie a reculé de quelques mètres réduisant l’espace pour se poser derrière. Espace encore plus réduit par le bus londonien aux couleurs d’une marque de soda américaine qui stationne au fond du fort et propose des concours de Air Band où des mecs parés de perruques aussi ridicules les unes que les autres montent sur une petite scène sur une musique connue et doivent mimer le groupe... Complètement navrant.

Pendant ce temps, le groupe hollandais Alamo Race Track a pris la relève. Le groupe propose un set sympathique, mais peu marquant, sans doute desservi par la sono qui le samedi soir laissait fortement à désirer. A 21h45, le groupe laisse la place à The Wedding Present plus attendu pour son retour. Le set est bien rodé et les morceaux entraînants. Le groupe prodigue sa pop sucrée à merveille et le public est touché. Avant de partir, David Geldge, leader du groupe, invite le public à rentrer chez lui et monter un groupe puis prévient le public que The Wedding Present ne fait jamais de rappel. Le groupe s’en va donc et ne revient pas.

JPEG - 16.5 ko
The Wedding Present © Volubilis

Place à Yo La Tengo. Le groupe New Yorkais fait des merveilles. Il entame d’abord le set par quelques titres courts et entraînants. Puis le guitariste vient sur le devant de la scène et ses deux acolytes se placent derrière lui. S’ensuit une véritable parodie de mélodie pop sirupeuse, et les deux ayant abandonné leurs instruments se lancent dans une chorégraphie digne de la macarena... Puis, tout le monde regagne son poste et entame un nouveau morceau...

JPEG - 16.9 ko
Yo La Tengo © Volubilis

Et quel morceau ! Le trio se lance dans une improvisation d’un quart d’heure. C’est le genre de truc qui peut être rapidement lassant, mais le groupe est à la hauteur de l’exercice. Le guitariste qui semble devenu autiste, gratte sa guitare pour sortir des sons étrange, et mène un duel avec les claviers, pendant que la batteuse marque un rythme et le soutient sans faiblir, puis fait un break indiquant aux autres qu’il va falloir changer un peu, et ça repart de plus belle. Le morceau s’arrête, le public n’en revient pas et en redemande. Le set de Yo La Tengo, qui était sûrement l’un des meilleurs moments du festival, prend fin.

Enfin, voici l’heure de Mercury Rev, première tête d’affiche du festival. Convaincu par Fran que ce groupe est transcendant sur scène, je m’attend à prendre une claque... Ce n’est pas le cas.

JPEG - 12.4 ko
Mercury Rev © Volubilis

Déjà, la sono mal réglée qui sévit depuis le début de la soirée n’arrange pas les chose. Les basses saturent, et l’on entend même pas le guitariste qui semble pourtant s’exciter sur son instrument. Voila qui enlève déjà une grande partie du charme. Mais en regardant le show, je suis frappé par Jonathan Donahue le leader charismatique du groupe. Certains vont hurler en lisant cela, mais il me fait penser à Nigel Tufnel (leader de Spinal Tap) par ses mimiques. Tantôt il mime le condor, tantôt il rivalise avec le concours de Air Band... Mais heureusement que la musique est là puisqu’on est ici pour ça.

Après Mercury Rev, The National investi la scène et balance sa pop mélancolique mais excellente. Oui, c’est sombre, et mélancolique, mais non ce n’est pas chiant comme la mort. Le groupe offre un set remarquable. Malheureusement trop claqué pour apprécier tout le set à sa juste valeur, j’ai du regagner ma tente avant la fin du set, plutôt que de m’endormir sur le gazon du fort...


Samedi 13 août

15h : Direction la plage de Saint-Malo, pour les siestes musicales. Coutume du festival malouin, une installation scénique occupe la plage, et un artiste vient jouer. Aujourd’hui, c’est Christopher O’Riley qui s’y colle. Ce monsieur est pianiste jazz à l’origine, puis classique. Il est aussi un grand fan de Radiohead dont il reprend des morceaux en les arrangeant à sa manière. Le résultat est assez surprenant. L’artiste nous montre au passage qu’il connait vraiment tout le répertoire du quintet oxfordien puisqu’il reprend des morceaux de chacun des albums, allant même jusqu’à reprendre une B-Side inconnue du grand public : How I Made My Millions... Nous profitons de cette occasion pour interviewer le musicien (voir rubrique interview).

Puis il est temps de rentrer sur le fort. Les navettes sont bondées, et nous arrivons vers 18h au fort. Le temps d’aller casser la croûte, de se poser, et d’oublier que le temps passe vite. Quand l’on revient un peu à nous, Colder est en train de terminer son set. ce qui veut dire que nous avons raté The Organ. Certain voisins de tentes nous diront plus tard que leur set était vraiment beau à voir.

JPEG - 12.7 ko
The Raveonettes © Volubilis

Est-ce parce que ce groupe est entièrement composé de femmes ? Je ne pense pas, le groupe a plutôt bonne presse...

Bref, nous arrivons pour les Raveonnettes. Pendant que les roadies installent leur matos, un rapide coup d’oeil sur la foule me rappelle que les Cure passent bien ce soir : des fans à cheveux en l’air, crêpés, maquillés, tout de noir vêtus pullulent dans le fort... Enfin, voici le groupe danois qui monte sur scène. La chanteuse fait d’emblée l’unanimité chez les spectateurs de genre masculin... Mais rappelons que nous somme ici pour la musique... Et justement, les Raveonnettes se débrouillent bien sur ce terrain. Les influences très diverses du groupe rendent un set électrique énergique et bien inspiré.

Puis voici enfin le moment tant attendu par tous les festivaliers présents ce samedi soir... The Cure... Les fans approchent de la scène... L’attente est fièvreuse, pas de clavier, pour un groupe qui en usait à ses débuts, peu de chance d’avoir de vieux morceaux... Chacun tente de les apercevoir en arrière scène... Et les voici enfin... Robert Smith en tête... Le visage maquillé, les cheveux crêpés en pagaille... Le show commence, c’est partie pour deux heures de Cure intensives...

JPEG - 10.9 ko
The Cure © Volubilis

Comme prévu, le groupe joue essentiellement des nouveaux titres alors que le public attend les anciennes... Mais la magie opère quand même, le public danse, quelques fans deux fois plus balaise que moi se lance à coeur joie dans les pogos, et vu mon gabarit de sandwich SNCF, je préfère me retirer avant de m’en tirer avec une côte fêlée. Le groupe ne fatigue pas et tient ses deux heures sans faiblir. Le groupe sera rappelé deux fois. C’est lors du deuxième rappel que le groupe offrira enfin le titre tant attendu par la foule : Boys Don’t Cry, version électrique of course, mais le résultat est convaincant. Les Cure s’en vont définitivement. Ils semblent ne plus vouloir jouer les vieux titres, certains fans sont déçus, les autres relativisent... C’était quand même les Cure...

Cette journée, qui aura drainé quelque 12000 spectateurs (contre 8000 les autres soirs) est clôturée par les énergique  !!!, prononcer "chik chik chik".

JPEG - 18.2 ko
Chik Chik Chik © Volubilis

D’après le groupe, on pourrait tout aussi bien prononcer trois syllabes identiques ce qui donnerait "cloc cloc cloc", "paf paf paf", ou bien "Tic Tic Tic"... Toujours est il que tous le monde prononce "Chik chik chik", et que ce groupe est complètement barré, comme je les aime. Le leader habillé sexy (short bleu/t-shirt gris) ne tient pas en place. Chik Chik Chik met le feu et la journée se termine. Retour au campement. C’est alors que l’on entend une rumeur courrir... Johnny Hallyday serait mort d’un infarctus... Incroyable ! Tout le monde part en délire et se mettent à enchaîner les chansons du Johnny national en son honneur...

GIF - 30.4 ko
The Cure & Colder © Brrrr

Dimanche 14 août

Pour mettre fin à la rumeur, et probablement après que 15 personnes leur aient demandé, les bénévoles de la tente "Accueil Public" ont accroché une pancarte : "Johnny is not dead..." ! Ouf, on en aurait bouffé pendant deux semaines...

JPEG - 16.9 ko
Boom Bip © Brrrr

Pour cette dernière journée de festival, nous arrivons alors que Maxïmo Park occupe la scène. Nous avons donc raté Boom Bip. Le set est énergique et bien électrique. De quoi vous donner la pêche, mais rien de bien marquant, si bien que je ne sais plus quoi dire d’autre. Cette dernière journée s’annonce tout de même intéressante : le groupe suivant est assez étrange et réunis 21 musiciens sur scène. The Polyphonic Spree déboule sur scène, tous vêtus d’une toge bleu ciel zébrée d’un éclair rouge : environ 9 chanteurs, 2 ou 3 guitaristes, bassiste, 2 percussionnistes, des cuivres, flûtes et violon... Cette petite troupe prend place, pendant que le gourou monte sur un petit cube de façon a être vu de tout ses musiciens et de la foule... Et nous voilà partis pour un concert délirant, électrisant. Le groupe est chaleureux, et communicatif et le public apprécie... Sur scène comme en fosse, tout le monde jubile, quasiment en transe... L’un des percussionistes complètement déjantés déambule à travers la scène, au milieu de ses compagnons, tambour en bandoulière, grimpe les échafaudage, jette son tambour, redescend et repart de plus belle... Et comme ce qui est bon est toujours trop court, les Polyphonic Spree quittent la scène... Putain quelle claque !! LA révélation, et probablement LE meilleur moment du festival...

JPEG - 31.1 ko
Polyphonic Spree © Volubilis
JPEG - 7.9 ko
Sonic Youth © Volubilis

Mais à peine redescendons-nous sur terre que les Sonic Youth s’apprêtent à monter sur scène. La dernière tête d’affiche du festival commence son set, impeccable. Le groupe est très ouvert et discute avec le public, ce qui n’est pas le cas de tous... Mais le concert devient vite lassant... Le groupe fait du noisy-rock, certes. Mais abuser du larsen sur des solos de cinq minutes sur chaque titre casse vite les oreilles, et devient barbant... Je me retire donc, et vais siroter une bière en attendant la suite.

JPEG - 8.6 ko
Metric © Volubilis

Metric succède aux Sonic Youth, et assure. De nouveau une fille qui fait l’unanimité chez la gente masculine. Mais Emily Haines a déjà plus de personnalité, bouge beaucoup, occupe la scène, et communique beaucoup avec son public. Le groupe nous offre un show excellent. Avant de quitter la scène, la chanteuse harangue la foule en lui demandant de répéter après elle ces quatre mots : "Thank You Sonic Youth !"... Malheureusement, certains festivaliers durs de la feuille et probablement peu familier à la langue anglaise et son accent ont compri "Fuck You Sonic Youth"...

Pour clore ce festival, il fallait quelque chose d’entraînant, de festif, histoire de ne pas dire au revoir à la Route du Rock, le pas traînant et la larme à l’oeil, mais plutôt de se dire : "A l’année prochaine"...

JPEG - 22.8 ko
Vive La Fête © Volubilis

C’est donc à Vive La Fête que revient cette tâche, qu’ils remplissent à merveille. L’ex-bassiste de dEUS accompagné de sa charmante compagne, lui habillé tel Albator, elle courtement vêtue... Comme son nom l’indique, il s’agit de faire la fête, pas de se prendre la tête. Pas de texte très étudié, pas de musique très élabobrée, mais des paroles à la cons sur des musiques énergiques et dansante... Tout le monde se prend au jeu et bouge son corps (même Alexx, je l’ai vu !), et savoure ces dernières minutes de Route du Rock en pensant déjà à l’édition de l’année prochaine...

Cette 15ème édition du festival s’est donc très bien déroulée, répondant aux attentes des organisateurs au niveau du nombre de spectateurs... Mais cette année, si le festival est une réussite, ce n’est pas forcément grâce aux têtes d’affiches, mais d’avantage à des groupes secondaires qui on créé la surprise tels que les Polyphonic Spree, Yo La Tengo, Metric, ou encore !!! (poc poc poc)... C’est aussi là ce qui fait la force de ce petit festival : tous les ans, la Route du Rock nous offre son lot de révélation à côté des têtes d’affiche. Alors que nous réservent-ils pour l’année prochaine ? Personne ne le sait...

En tout cas, on y sera...

Dessin de Brrrr, Photos aimablement prêtées par Volubilis



Répondre à cet article

modération a priori

Attention, votre message n'apparaîtra qu'après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici
  • Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom