Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Oh ! Deborah le 10 février 2009
Les TV Personalities à Paris ! Incroyable nouvelle que j’apprends quelques semaines avant le concert sur une affiche Rock Is Dead ? à la Flèche d’Or. Le groupe de Daniel Treacy n’était pas venu en France depuis une quinzaine d’années. Que ne fût pas ma surprise, mon enthousiasme. La rareté d’avoir des étoiles dans les yeux, la réalisation d’un petit rêve, carrément. Les rêves ne sont jamais petits, même lorsqu’ils concernent un simple fan de Syd Barrett, un artiste oublié de la pop psychée, bricolée avec deux francs, six sous. Et qu’on était peu nombreux à rester jusqu’au bout, ce soir là. Etait-ce du à la grève du lendemain, au dernier RER, ou à l’incompréhension du public face à un petit bonhomme perdu dans les vapeurs de la bière qu’il devait ingurgiter depuis l’après-midi ?
Car il fallait sûrement connaître ce chanteur, quelques uns de ses albums ainsi que sa réputation scènique pour apprécier et saisir la prestation qu’il nous offre là. Après des concerts forts en énergie assurés par Tchiki Boom et Screaming Lights, place à deux heures d’improvisation totale, de titubations, de déballages interminables au sujet de Paul Weller ou de la poésie anglaise. Parsemé de tubes comme Silly Girl ou I Was A Mod Before You Was A Mod, le début du concert se passe sans trop de dérapages, ensuite c’est la descente progressive vers des sempiternelles lignes d’orgue ou de basse, des blancs indéterminés, des bribes de phrases répétées (All My Dreams Are Dead) par le pathos d’un type décidément trop authentique. Celui qui oublie les paroles de ses chansons ou qui les arrête au beau milieu d’une cacophonie où aucun des membres n’étaient en place. Selon les mots de Mike Stone (bassiste actuel), les musiciens doivent attendre les premières notes du chanteur-guitariste pour savoir ce qu’ils doivent jouer, et improvisent même sur des chansons qu’ils ne connaissent pas (parce que trop vieilles ou au contraire, nouvelles). Parmi les nouvelles, Walk Towards The Light et You’re My Yoko.
Comment ça c’était chiant ? La plupart des gens présents ne s’attendaient visiblement pas à un truc aussi chaotique. Ils sont immobiles, les sourcils froncés. Au sein des couples, y’en a toujours un qui demande des explications à l’autre, “c’est qui ce type ?”. Ils partent un par un pendant que Dan parle dans un londonien tout à fait personnel. Il s’en tape complètement ! Ca fait trente ans que ça dure et ça changera jamais. On ne juge pas un concert des TVP’s comme les autres. Tout ce que voulaient les amateurs éperdument immergés ce soir (pour la plupart des Anglais fanatiques), c’était le voir lui. L’homme à l’allure et au mental très incertains, qui leur parle de la pluie, du beau temps, et surtout d’humanité. Parmi le set, des silences en forme de points d’interrogation inquiétants. Et les projecteurs qui sont curieusement immobiles bien avant la fin. Toujours abandonné, dévasté, Dan Treacy n’oublie pas l’humour pathétique qui va avec, ni ses cannettes de bière. On ne sait jamais s’il est conscient ou non qu’il interprète ici certaines des plus belles compositions pop qu’on ait jamais faite : Paradise Is For The Blessed, Geoffrey Ingram, Someone To Share My Life With, déclin mélancolique, ou encore, en guise de final beau à pleurer, Stop And Smell The Roses. Le chanteur, dont on connaît l’amertume et les mésaventures, semble maintenant absent, assurément dans son monde. Comme le veut la chanson, on se croirait déconnectés, penseurs, dans cette ambiance vaporeuse. Les souvenirs sont déjà flottants. "You seem so far away".
CREDIT PHOTOS : Fabrice Delanoue.
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |