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par Oh ! Deborah le 13 octobre 2008
Des journalistes, des trentenaires, des quadras et plus encore sont venus voir Wire, un groupe aux albums vitaux pour le rock et ses genres. « C’est complet de chez complet », m’affirme-t-on au guichet. La petite Maroquinerie est effectivement blindée mais de toutes façons, Wire préfère sûrement les sous-sols intimistes. Les cinq cents parisiens savent, et c’est ce qui compte. Des anciens punks (éclairés) se retrouvent ce soir, le sourire collé à la face, à fredonner les textes incompréhensibles et les mélodies géniales de Wire, avec l’allure normale et les petites lunettes, exactement comme le chanteur qui cache bien son jeu. Colin Newman n’a jamais été une rock star et s’en balance. Ayant depuis longtemps rejeté les slogans punk (ou les devises rock en général), il a accepté de vieillir et se pointe avec pour seule démonstration, le son hallucinant de sa guitare et sa voix restée intacte depuis maintenant trente ans.
Ce qui va sûrement marqué le spectateur ce soir, ce sont la clarté et la puissance exceptionnelles du son. La basse impressionnante de Graham Lewis, aussi présente que la guitare ultra-électrique, subtile et originale de Newman, fait vibrer tous les corps. Si bien que lorsque Wire enchaîne leur quelques titres assez faibles sur album (je pense au dernier album), ceux-ci prennent une tournure surdimensionnelle en concert. Un morceau comme One Of Us, qui, à la base, n’a pas officieusement grand chose de plus que les multiples hits « post-punk » que nous « propose » le NME ces dernières années, devient limite hymnique en concert. Les autrefois visionnaires Wire se rattrapent donc en nous rappelant qu’ils sont de réels professionnels du son parfait. Alors, même si Colin, Graham et Gotobed ne jouent pas les titres que je préfère, la déception ne pointe pas. Avec eux, une demoiselle alterne guitare et clavier depuis que Bruce Gilbert a quitté le groupe. (Simple parenthèse : le volume par contre n’était pas obligé d’être réglé au maximum mais puisque la quasi-intégralité des groupes actuels -pas toujours bien soundchekés- n’ont toujours pas compris que leur concert n’allait pas être meilleur s’il déchirait les tympans de tout le monde, allons-y. On dira alors que Wire se distingue en vendant leur place à 20euros, oui, c’est encore possible).
Et puis soudain arrive les premiers accords de The 15th, et le frisson est grand. Une coupure nette. Des souvenirs, des sensations retrouvées, incomparables avec le reste. On se dit que nan, il peuvent bien faire ce qu’ils veulent, assurer que leurs dernières chansons valent de l’or, les jouer divinement bien, l’écoute de ce simple morceau pop de 1979 est merveilleux car il éveille des choses qui dépassent le professionnalisme. Il nous rappelle le charme, la modernité et la sensibilité dont Wire avait su faire preuve, alors même que The 15th n’est pas forcément la meilleure chanson de leurs débuts institutionnels. Mais elle est juste, là. Intemporelle. Et les fans vivent peut-être les plus belles minutes de l’année, sûrement. Mais aussi ce soir, Wire opte pour des titres nerveux voire violents et punk, comme ceux de Pink Flag, j’ai nommé 106 Beats That, et les trois dernières en rappel : Pink Flag, Lowdown et 12XU. Avec, très curieusement, la même envergure adolescente et agressive qu’avant, ou presque. On s’étonne qu’une voix si juvénile soit encore émise par cet intello arty du rock qui ne cache pas son âge. Mais il ne s’agit pas ici d’un simple come-back, Wire ont toujours été là, de temps à autre, tout en restant underground, et de fait ils gardent leur spontanéité. Ritournelles, changements de ton, de couleurs et de genres, Wire affirme en quelque sorte qu’ils peuvent tout jouer, retombant toujours sur leurs pattes. Pendant les chansons punks de 2 minutes, les gens se lâchent (un peu), un noyau d’ados au premier rang pogotte et mine de rien, et même si j’en fais pas partie, c’est seulement de cette façon qu’un groupe comme Wire voit s’il fait passer quelque chose. Ca les amuse. Et bien sûr, ce n’est pas grâce au fait que l’éternel(le) chiant du coin (au fond à droite) beugle inlassablement, entre chaque chanson, des titres qu’il veut entendre et ce, même s’il (ici elle) se fait rembarrer par le bassiste.
Le public n’est pas toujours vivace mais il en redemande après le premier rappel, ouf : c’est Wire merde ! Colin et Graham sont contents. Comme toujours avec les groupes de longue date, les voir aujourd’hui ne remplace rien, et ne console aucunement de les avoir loupé autrefois. Wire a juste été Wire en 2008 : plus très excitants mais tellement cultes.
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