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mercredi 15 avril 2015
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par La Pèdre le 4 mai 2013
"Joyeux anniversaire, joyeux anniversaire Harry". C’est ainsi que le groupe Peace fut accueilli ce soir là, à la peniche du Petit Bain. Bien qu’absolument banal, cela reste étonnant pour une formation si jeune et pour un chanteur qui ne fait pas de publicité Louis Vuitton (mes amitiés, Bono). Ceci, en forme d’anecdote, doit poser d’emblée l’ambiance surprenante, bon enfant et communicative, qui régnait en cette soirée. En effet, rien ne nous présageait un grand moment de divertissement en cette veillée d’euphorie sportive, l’attention générale se portant davantage vers un quart de final de Champion’s League catalan, délaissant ainsi nos contrées pluvieuses. D’ailleurs, l’addition d’une péniche et de la pluie n’est généralement pas un argument marketing très persuasif, Katoucha Niane n’étant plus là pour en témoigner. Il nous faut d’abord saluer les efforts du Petit Bain, qui propose une structure dynamique et agréable dans un cadre souvent mal exploité, celui des quais de Seine ; à l’inverse de l’infâme Concorde Atlantique, qui depuis longtemps ne présente que l’intérêt paradoxal de l’inconfort.
On arrive en avance, on s’accoude au bar où le prix de la bière, une fois n’est pas coutume, n’est pas scandaleux, même si on dénotera les détails de l’embourgeoisement généralisé de nos établissements culturels : la carte propose un "bagel veggie" à 6€50 - ce que nous appelerons par commodité le syndrome Starbucks.
Sautons les étapes, l’entrée dans la salle, petite et agréable, proche des groupes qui y jouent, enchante l’esprit. Nous voilà enfin dans un concert où la communication entre l’artiste et son spectateur ne passe pas par des écrans géants et des barrières. La première partie, Motorifik, honnète et timide, s’écoute sans mal. Mais vite voilà nos boys qui arrivent : le chanteur est affublé d’un délicieux pattes d’eph en tartan rouge et d’une pose savamment alanguie, le reste de la bande évidemment au diapason, pantalon retroussé, chaussettes blanches, Dr. Martens basse et verte, pull oversized (on ne remerciera jamais assez Elle et Marie-Claire pour la nécessaire mise en place d’un vocabulaire pointu). On rentre dans la danse, et d’entrée une bande de spectateurs suit par coeur les chants du groupe, s’amoncelle, saute et se pousse, dans un plaisir sincère et convivial : mon Dieu, c’est donc possible, enfin des kids. Sur scène, nul doute que les garçons de Birmingham ont été élevés a l’école anglaise avec ce mélange de préciosité et d’ennui, cherchant l’entrain musical des Stone Roses en se tenant avec la désinvolture enfantine d’un shoegazer. Vague de liberté et de simplicité anglo-saxonne (en France, la liberté artistique nous semble une prison).
Une playlist serrée découle, une musique au plaisir instantané. Parce que de l’album il faudra bien en parler rapidement : In Love (et non TBC comme nous l’avions benoitement compris) est un disque comme la décennie en a fait de si bien, fort plaisant mais qui peine à s’affranchir des influences ; reste à savoir si nos garçons le souhaitent vraiment, tant les clins d’oeils nous paraissent appuyés (le morceau Waist of Paint, par exemple, ne ressemble pas seulement a un quelconque Fools Gold, mais le titre ne peut que faire référence aux "dripping" à la Pollock de John Squire). Ce qui nous échappait jusque là était l’efficacité de ses morceaux sur scène, disposant tous d’une trame euphorique. Suffisamment rare pour le signaler : la balance était correcte même si la basse resta inaudible pendant le concert, et ceci malgré l’ingéniosité du bassiste - selon mon cher assistant, voilà pourquoi un morceau comme Toxic, dont les couplets reposent essentiellement sur la basse, fut complètement fade. Bref les titres se suivent, les kids s’entassent et crient, nous l’avons dit. Wraith part comme une torpille tropicale, Bloodshake est l’occasion de pogo enchanteur et juvénile. Une bourgeoise se moque d’un saoul, et les bourgeois saouls se prennent en photo entre eux. Le chanteur se coiffe d’un serre-tête de bunny girl en fourrure rose, lancé par l’assistance. C’est dire la communion. On arrive au dernier morceau, l’occasion d’allonger le titre d’un jam final, modeste et bigarré. Puis un au revoir timide, pas de rappel, le groupe s’éclipse avec la même frivolité boudeuse qu’à leur arrivée. Le moment pour eux de fêter l’anniversaire d’Harry Koiser.
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