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mercredi 15 avril 2015
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par Psymanu le 8 mai 2007
paru en 2006 (Wagram)
La Ruda, toujours en deuil de sa Salska, n’en est pas moins prolifique. Depuis 2000, c’est quasiment un album par an qu’elle nous propose. Celui qui nous intéresse ici, La Trajectoire De L’Homme Canon, est le cinquième effort studio de ce combo qu’on sait notoirement festif et joyeusement incendiaire.
Un Et Un Font Trois, qui sert d’entame à l’ensemble, s’en irait immédiatement batifoler du côté du punk le plus pur, si n’étaient ces cuivres qui donnent la luminosité, par contraste avec la noirceur des riffs de guitare. Pierrot appelle à la désinvolture et au rêve, plutôt efficace. Tierra Ne Répond Plus, d’une veine rock similaire, propose un constat sociétaire des plus sombres, ça cause politique et environnement, et ça souligne surtout la passivité de l’humain en général face à la déliquescence du monde. Les grattes accrochent toujours aussi bien les oreilles, le pied ne décolle pas du plancher. Ceci est fait dès Des Horizons, des Péages, qui explore le côté ska de La Ruda. Un peu lourd, le morceau perd en studio l’efficacité qu’un tel titre peut prendre en live, du moins le soupçonne-t-on, trompettes rugissantes et head-banging à la cool. On repasse la vitesse sup’ avec La Trajectoire De L’Homme Canon, la chanson. La formule est la même que pour les deux premières pistes, c’est du rock keupon vitaminé quoi que plutôt léché, sans génie mais sans déplaisir procuré. Puis c’est l’appel à Marilyn, entêtant, aux paroles martelées plutôt chantées, c’est festif et assez frais. Retour au ska tout en légèreté ensoleillée pour Mélodie En Action, nouvelle ode à une donzelle un brin je-m’en-foutiste. Enfin, de ska il n’est pas question sur la longueur, puisque le son se durcit et la rythmique s’appesantit aux trois-quarts du chemin.
C’est avec Ronnie Sait que l’on réalise à quel point La Ruda penche dangereusement la balance globale vers le punk-rock honni des Blink 182 et autre Good Charlotte. Ca reste agréable à l’écoute, mais justement, peut-être l’est-ce un peu trop. Peut-être est-ce la production, sans aspérité et sans originalité, mais seuls les cuivres et la voix de Pierrot permettent à présent d’identifier avec certitude les Saumurois dans le maelström de ces sillons surcreusés. Et ça n’est même pas De Simples Choses, invitation au minimalisme vital, qui vient balayer ce constat, quoi qu’il explore des horizons plus personnels. La Ruda se fait métal, Quand La Nuit et Si J’Etais Une Histoire possèdent ce brin de gnac qui fait tout pardonner, même les mauvaises inspirations textuelles et sonores. Mais une nouvelle fois, aucune folie ne transparaît, comme si l’inspiration des gaillards s’était évanouie, maquillée à grand-peine par la débauche énergique.
Finalement, c’est dans le ska que La Ruda trouve son bain de Jouvence. De La Vie Jusqu’Au Cou s’aère dans le contre-temps, c’est lorsqu’il n’en fait pas trop que le groupe respire le mieux, et invite le plus spontanément à la danse et à l’écoute. Hélas, dès Paradis c’est le retour à la saturation intempestive, le tout se fait moins clinquant, et du coup, moins percutant. Ce sont les cuivres qui éclairent une nouvelle fois De Choses Et D’Autres, et puis le propos aussi, tout de même, justement engagé, se taille une place de choix. Un des temps forts de ce disque. Encore du ska sur Soyez Le Bienvenu, un morceau lumineux et plutôt bien ficelé, et qui permet à cette Trajectoire De L’Homme Canon de finir sur une belle note.
S’il serait injuste de qualifier cet album de ratage intégral, on ne peut que constater comme la demie-teinte s’y fait sentir. Il y manque une flamme, un quelque chose de perdu, ou bien de non trouvé, comme une bagnole qu’on aurait eu peur de pousser dans se retranchements. On appréciera son écoute, mais il y a peu de chance qu’on y revienne. À l’année prochaine ?
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