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par Aurélien Noyer le 21 octobre 2008
Paru le 6 octobre 2008 (Epic)
Comment est-ce que j’en suis arrivé là ? Où est-ce que tout ce bordel a déconné ? Il me suffit d’une seconde de répit pour prendre un peu de recul et me dire que je n’avais pas signé pour ça. Peut-être est-ce ma perception des choses qui a changé, mais toujours est-il que je ne pensais pas avoir signé pour ça. En me lançant dans ma brillante carrière de rock-critic putatif (laquelle brille bien entendu par son caractère éminemment putatif), je croyais entrer dans un chaos où tout n’était que force vive en perpétuelle révolution. Hélas, trois fois hélas, je m’aperçois peu à peu que ce maelström apparent n’est bien souvent qu’un effet de surface, masquant des abysses de dogmes, de redites et d’immobilisme.
La preuve en est par cette sortie d’un album live des Clash au Shea Stadium. Alors pour lever d’ores et déjà toute ambiguïté, il me faut préciser que cette sortie se justifie facilement : tant par son intérêt musical qu’historique. Le son est excellent, le Clash est au sommet de son art et enchaîne ses tubes sans bavure, faisant preuve face au public du Shea Stadium d’une maîtrise impressionnante pour un groupe qui n’était pourtant pas habitué à de telles audiences. Et même si on n’a pas trace de la prestation des Who pour qui le Clash assurait la première partie ce soir-là, il y a fort à parier que ces derniers n’auront pas été ridicules face au groupe de Townshend, d’autant que les Clash évitent soigneusement les gimmicks du rock à stade (riffs d’accords de quarte lourdingues, refrains burnés bas-du-front) dans lesquels les Who étaient tombés depuis longtemps.
L’intérêt historique, lui, est évident car le clashophile sait bien que la période du Shea Stadium est celle précisément celle où tout a vraiment commencé à déconner : en 1982, juste après la sortie de l’album Combat Rock, la première fêlure apparaît avec le renvoi du batteur Topper Headon. Ce dernier, viré parce que sa dépendance à l’héroïne l’empêche d’assurer correctement ses parties de batterie, est remplacé par Terry Chimes, batteur originel du groupe mais qui n’avait même pas eu l’honneur de figurer sur la pochette du premier album. L’exclusion du "chic type" (traduction de l’expression anglaise "Topper") allait d’ailleurs envenimer l’ambiance entre Joe Strummer et Mick Jones. Et pour les fans du Clash, rien de plus passionnant que le moment où le groupe le plus attachant du rock, celui que même Lester Bangs encensait pour leur esprit aux antipodes des clichés des rock-stars chamailleuses et égotistes, commence à se foutre sur la gueule.
Alors quand ce moment est également celui où le groupe commence à jouer dans des stades, à assurer les premières parties de stars comme les Who, Van Halen ou David Bowie (qui vient de sortir le multi-platiné Let’s Dance), je vous laisse imaginer les conjectures, hypothèses, théories et supputations élaborées par les clashophiles dans le but de décortiquer cette période, d’analyser, de comprendre comment leur groupe fétiche, aussi attachant que votre groupe de potes jouant dans leur garage, s’est auto-détruit lamentablement avec le départ de Mick Jones et l’album Cut The Crap.
Néanmoins, soyons honnêtes... Quel peut être l’intérêt de radoter sur le Clash en 2008 ? Lorsqu’on voit tous les clones et pseudo-héritiers que cette fascination tenace a engendrés, il est difficile de ne pas penser que le rock irait beaucoup mieux si l’on arrêtait de mettre de tels groupes sur des piédestaux pour passer enfin à autre chose. Aussi, puisque ce site demande qu’on attribue une note, j’assume pleinement la note minimale... Le Clash est aussi mort que Joe Strummer et qu’ils aillent tous les deux se faire foutre !
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