Portraits
THE CLASH : Seul contre tous

THE CLASH : Seul contre tous

par Fran le 22 novembre 2005

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Plus qu’un groupe de punk ou de rock, The Clash est une légende. En cinq ans et sans aucun temps mort, le Clash sera de tous les combats et de toutes les avant-gardes musicales devenant un modèle d’intégrité quasi-unique dans le monde du rock. De ceux qui gueulent sur trois accords à ceux qui osent le mélange des genres, tous sont des Enfants du Clash. Après de longues tergiversations avec moi-même, j’ai décidé de m’attarder sur la période pré-clash -importante si l’on veut comprendre les choix et l’évolution du groupe- ainsi que sur le mouvement punk de 1976-1977 auquel The Clash a largement participé, perpétuant plus que tout autre l’esprit et l’attitude punk.

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Quand Bernie rencontre Micky

Bernard Rhodes ( Bernie pour les intimes), petit homme trapu et binoclard, heurte Mick Jones un soir de septembre à un concert au Nashville, il ne sait pas encore qu’il tient là sa revanche.

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Bernie

Bernie collabore depuis quelques années déjà avec Malcolm McLaren et Vivienne Westwood pour la conception de fringues pour leur magasin Sex. En 1973, Malcolm découvre un groupe qu’il baptisera Sex Pistols et dans lequel il voit ni plus ni moins un moyen de promotion pour sa ligne de vêtements. Bernie leur donnera des conseils sur la façon de s’habiller, l’attitude à adopter sur scène et surtout présentera Johnny Rotten au groupe. Après un an passé aux Etats-Unis en vue de ressusciter les New York Dolls, en vain, Malcolm revient à Londres et compte bien reprendre en main son groupe après ce cuisant échec. En bon autocrate, il ne tarde pas à remercier Bernie pour ses bons et loyaux services. Blessé dans sa fierté, Bernie compte bien se venger de cette injustice et montrer à son père (spirituel) l’erreur qu’il a commis. Il se met donc en marche pour découvrir un nouveau groupe.

Le temps de replacer ses lunettes et Bernie peut apercevoir un jeune homme efflanqué, à la chevelure foisonnante et qui arbore un t-shirt de Sex. Un bon départ en somme.

Mick Jones et les London SS

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Mick Jones

Michael Geoffrey Jones est né le 26 juin 1955. Enfant unique, le petit Micky est confié à sa grand-mère Stella après le divorce de ses parents à l’âge de 8 ans. Une mère partie aux Etats-Unis [1]. et un père souvent absent, l’enfant se refuge dans la musique et prend de plein fouet la naissance de la pop britannique. Mais à la pop élégante des Beatles, Mick préfère la frénésie et la bestialité des Animals, des Stones ou encore des Kinks dont il avoue toujours posséder la carte de fanclub. Mick intègre la Strand School de Brixton en 1966 et se révèle être un élève brillant au début avant que le football et le rock’n’roll deviennent ses centres d’intérêts privilégiés. Il dépense tout son argent dans l’achat d’albums (Disraeli Gears de Cream, Smash Hits d’Hendrix) et assiste à ses premiers concerts à Hyde Park près de chez lui (Nice-Traffic-Pretty Things en 1968 et les Rolling Stones en 1969). En 1973, il achète sa première guitare (une Höfner) et réussit ses examens qui lui ouvrent les portes de l’école des Beaux-Arts [2]. Mick formera plusieurs groupes dont The Delinquents où il tient la basse et avec qui il donnera son premier concert en juin 1974, ou encore Little Queenie [3] duquel il sera finalement renvoyé. En cette fin d’année 1975, Mick cherche donc à former un nouveau groupe avec son ami Tony Gordon et Bernie arrive à point nommé pour les aider à monter les London SS. Passage obligé dans ces moments là, le Melody Maker dans lequel ils passeront plusieurs annonces auxquelles répondront notamment Steven Morissey (refusé car il habitait trop loin), Paul Simonon (dépourvue d’expérience et jugé sans charisme), Terry Chimes ou encore Nick Headon qui partira au bout d’une semaine. L’affaire s’annonce mal pour le trio et Tony décide d’abandonner le projet [4]. En février 1976, les Sex Pistols jouent au Marquee et le NME écrira : "Ce n’est plus de la musique c’est le chaos". Devenu le slogan du groupe, cette phrase eu un énorme retentissement et sonnera la naissance du Punk en tant que Mouvement. Bernie suggère alors à Mick et Chrissie Hynde (ancienne assistante du magasin Sex) de former un groupe. Dépourvus de salle de répétiton mais entretenant une amitié avec les Pistols (notamment Glen Matlock), ils jongleront entre leur local et la maison de mamy Stella. Mais devant le succès grandissant des poulains de McLaren, Bernie décide de revoir sa formule : il veut un groupe jeune où l’attitude et l’apparence doivent être des points primordiaux. Est-ce l’âge (24 ans) ou plus vraisemblablement par phallocentrisme que Bernie change d’avis ? Quoi qu’il en soit, Chrissie Hynde [5] est écartée du projet et Bernie décide d’introduire de nouvelles personnes : Keith Levene et Paul Simonon.


Paul Simonon où la Beauté Sauvage

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Paul Simonon

Paul est né le 15 décembre 1955. En plus de tenir une librairie, son père peint et a du sérieusement influencer le devenir du petit. Paul voit également ses parents divorcer à l’âge de 8 ans et part vivre avec sa mère et son frère Nick à Brixton. Adolescent, Paul fréquente les skinheads de son quartier avant de partir vivre chez son père à Notting Hill pour cause de délinquance et de vandalisme. En 1974, il intègre l’école des Beaux-Arts de Byam Shaw pour comme il le dit "ne pas travailler à l’usine". Fin 1975, il accompagne un ami auditionnant pour la batterie des London SS : par curiosité, Mick lui demandera de chanter. D’une culture musicale limitée, Paul se plie à l’exercice en interprétant comme il le pouvait Radio On de Jonathan Richman dont il n’avait jamais entendu parler...on imagine la suite. Coupe de cheveux à la Rotten, attitude intimidante et nonchalante, beau gosse, autant de critères qui ont sans doute motivé la décision de Bernie de rappeler Paul. Mick lui suggère alors d’apprendre à jouer de la basse : les premières leçons sont laborieuses mais le jeune homme fait preuve de dextérité, allant jusqu’à peindre les notes devant les cordes correspondantes [6]. En mai 1976, Mick et Paul emménagent dans le squat de Davis Road fréquenté par toute la scène punk (Glen Matlock, Sid Vicious, Rat Scabies...). C’est ici qu’ils feront leurs armes quand ce n’est pas dans la chambre de Mick à Wilmcote House, les yeux tantôt sur les instruments tantôt sur la Westway. Venus toucher le chômage à l’agence pour l’emploi, le duo fait la rencontre d’un type qui commence à se faire un nom sur la scène pub-rock londonienne : Joe Strummer.

Do It Yourself : Joe Strummer

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Woodie

John Graham Mellor naît le 21 août 1952 à Ankara (Turquie). Fils d’un secrétaire d’administration aux affaires étrangères, le petit John est ballotté aux quatre coins du monde au gré des affectations de son père (Le Caire, Mexico, Bonn) avant d’intégrer la City of London Freemen’s School en 1959 (internat privé pour enfants de l’aristocratie anglaise). Malgré une situation scolaire privilégié, John souffre d’un sentiment d’abandon ne voyant ses parents que très rarement. Même s’il est enfermé, John découvre le rock’n’roll des années 60 par le biais de la radio notamment. Il quitte l’école à 17 ans et arrive à Londres en 1970 où il se fait appeler Woodie (en hommage à Woodie Guthrie). Contrairement à tout ce qu’il a toujours voulu faire croire, Woodie a un bon niveau scolaire et peut intégrer la Central School of Art & Design. En plus d’avoir coupé les ponts avec ses parents -une divergence de valeurs sans doute- il perd son frère aîné qui se suicidera. Plus seul que jamais, Woodie découvre alors les joies de la culture populaire qui lui avaient été défendu auparavant (concerts, BD undergrounds, films indépendants...). En 1972, il partage brièvement un appartement avec des musiciens avant que tout le monde soit foutu à la porte par la police (raison invoqué : "un noir dans la maison"). C’est alors une période d’errements pour Woodie. Il travaille dans une ferme puis fait la manche dans le métro avec son ami Tymon qui lui apprendra à jouer de la guitare : Woodie se distingue déjà en jouant très fort pour capter l’attention des passants. Il part ensuite en France puis en Hollande d’où il est expulsé et réexpédié à Londres.


Des 101’ers aux Clash

Woodie devient chanteur et second guitariste de The Vultures, groupe rythm’n’blues qui splittera dés le premier concert. Il décroche ensuite un travail au cimetière de Newport puis en mai 1974, trouve une chambre dans un squat au 101 Wallerton Road. Il forme alors avec d’autres squatteurs les 101’ers. En décembre 1974, le groupe loue une salle dans le café Chip qui devient rapidement le point de convergence de tous les squatteurs des environs. On reconnaît déjà en Woodie toutes les caractéristiques du futur Joe des Clash : le chant captivant, les yeux qui roulent, la jambe gauche qui pilonne [7] et le rythme haché et binaire. Woodie joue très fort et très dur, allant jusqu’à casser ses cordes et se blesser les doigts jusqu’au sang. Clive Temperley qui deviendra guitariste dira : "Tout ce qui lui manquait en technique il le transformait en énergie pure, et c’est toujours comme çà qu’il agira." Woodie va alors reprendre son prénom John qu’il réduit en Joe et auquel il accole "Strummer" [8] . Décidé à s’acheter une guitare décente, Joe devient jardinier à Hyde Park et parvient à s’acheter une Telecaster. A la fin de l’année 1975, les 101’ers jouent tous les jeudis soirs au pub Elgin. Les 101’ers font un rythm’n’blues 50’s tendance 60’s avec un style plus agressif fourni par Strummer. Le groupe prend part dans le Revival Rock -et oui déjà- qui sévit en cette année 1975 que l’on peut considérer comme un mouvement pré-punk prônant le retour aux sources. Les 101’ers est un groupe de pub-rock au répertoire varié et dont la réputation est grandissante : les concerts se multiplient, les salles sont pleines et la presse s’en fait l’écho. En mars 1976 sort le single Keys To Your Heart et deux concerts sont programmes au Nashville en avril avec les Sex Pistols en première partie. Joe est alors ébloui par les Pistols et dira que son groupe est "fini".

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Joe Strummer et les 101 ’ers

Paul et Mick étaient présents ces soirs là et n’ont pas de mal à reconnaître Joe à l’agence pour l’emploi. Les hommes se regardent, se jaugent, et Joe établie déjà un plan d’attaque devant une rixe qui paraît inévitable. Finalement, la menace est éclipsée quand les deux lui font part de leur bonne intention en lui proposant de collaborer à leur projet de groupe. Quelques jours plus tard, Bernie contacte Joe et lui pose un ultimatum de 48 heures. Entre temps, rien ne va plus chez les 101’ers car le groupe ne comprends pas la nouvelle attitude de leur leader qui veut faire du punk. Joe leur dit qu’il s’en va et au bout d’à peine 24 heures, il rappelle Bernie pour lui donner son accord. En faisant capoter l’avenir d’un groupe qui s’annonçait sous les meilleurs hospices, Joe enterre le rythm’n’blues et fait table rase de son passé : "Year 0" dira t-il.

Répéter, encore et encore

En juin, Bernie trouve un bâtiment inutilisé de deux étages dans Camden Town. L’endroit devient le repaire du groupe qu’il baptise Rehearsals Rehearsal ("Répétitions Répétition"). Ils sont désormais quatre mais avant de répéter, reste à trouver le pilier, l’assise rythmique indispensable : le batteur. Bernie refait alors appel à Terry Chimes, qui auditionna pour les London SS l’an passé, et le groupe commence ses répétitions à une cadence très soutenue. En feuilletant l’ Evening Standard, Paul remarque la récurrence du mot "clash" [9] dans les titres concernant des confrontations violentes. Tout le groupe votera pour adopter ce nom de groupe, hormis Keith qui n’en est pas à sa première objection : il est en perpétuelle conflit de pouvoir avec Bernie et considère Paul avec dédain à cause de sa non-expérimentation. Après avoir exploré de fond en comble le premier album des Ramones, le groupe se dit qu’il est temps de jouer leurs propres compositions. Vu que Joe renie son passé, il ne souhaite pas proposer ses textes et c’est vers Mick que l’on se tourne. Ses textes tournent autour d’amours déchus de sa vie d’adolescent, sur les soirées d’ivresse et la rébellion envers l’autorité parentale et enseignante. Bernie les trouve trop conventionnels et commerciaux et suggère au groupe de s’inspirer de leur propre environnement et de leur quotidien. Les textes de Mick sont alors réadaptés tandis que Joe se met dans l’écriture de nouveaux. Pour ce qui est de la musique, la seule recommandation de Bernie est de jouer rapide et l’idée du groupe va alors être de jouer toujours au maximum sans qu’aucun membre ne soit inactif.


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Nevermind "The Pollocks"

Après un mois de répétitions intensives, les Clash sont programmés pour assurer la premier partie des Sex Pistols le 4 juillet 1976 au Black Swan de Sheffield. Leur prestation fut désastreuse quoique atténuée par celle des Pistols peu convaincants non-plus ce soir là. Les Clash retournent alors à Rehearsal répétant plus que jamais avec Mick et Joe qui redoublent d’intensité dans leur travail d’écriture. Le 13 août 1976, Bernie organise une représentation à Rehearsal avec des journalistes. Pour l’occasion, Paul a réalisé une fresque derrière la batterie illustrant la chanson London’s Burning avec épaves de voitures, immeubles et la Westway en arrière plan. Le matériel est également décoré aux couleurs du groupe (rose et noir) et les vêtements sont aspergés de peintures. Les Clash inventent ainsi ce que l’on appellera le look Pollock. Pour eux, Pollock symbolise l’expression visuelle d’une action délibérée impliquant à la fois la rage et la violence, exactement le but que s’est fixé le Clash en voulant faire exploser la scène londonienne. Seulement trois journalistes répondront à l’appel, mais ce sont les plus importants du moment : Caroline Coon du Melody Maker, John Ingham et Giovanni Dadomo. Ce dernier dira ceci dans le magazine Sounds : "Je crois que c’est le premier groupe en marche qui fera mourir de trouille les Sex Pistols". Malcolm MacLaren ne voit pas d’un très bon œil ces nouveaux prétendants et décide d’organiser un concert au cinéma Screen le 29 août, histoire d’attirer des journalistes et des responsables de maisons de disques mais aussi montrer à Bernie qui sont "les chefs". Le spectacle s’intitule Midnight Special et compte les Clash et les Buzzcocks en premières parties. Ces deux groupes recevront de mauvaises critiques aidées en cela par une sono pourrie. Preuve du machiavélisme de McLaren, le son s’est étrangement amélioré quand ce fut le tour des Pistols de jouer et ainsi recevoir les éloges de la presse. Charles Shaar Murray du NME dira des Clash : "Ils sont de ces groupes de garage qui devraient retourner rapidement dans leur garage [10]".

La Conscience du Clash

Le lendemain, histoire de se changer les idées, Joe, Paul et Bernie vont au carnaval de Notting Hill organisé chaque année par la communauté antillaise. La présence policière chargée d’encadrer l’événement est jugée excessive par les carnavaliers (1500) et l’affrontement paraît inévitable. L’après-midi se termine par une émeute générale à laquelle Joe et Paul prennent part en lançant des projectiles sur les forces de l’ordre. Cette épisode va servir de catalyseur au groupe qui va nettement politiser son discours.

L’Angleterre est en pleine récession économique et le chômage est élevé. Les gens recherchent des boucs émissaires ce qui ne fait qu’augmenter les tensions raciales [11] . Le fond musical du carnaval était du reggae militant qui racontait le climat politique instable de la Jamaïque alors au bord de la guerre civile. Paul adorait le reggae tandis que la culture musicale de Joe se rattache inévitablement à la culture noire. Comme le reggae pour les noirs, les Clash vont vouloir proposer aux jeunes blancs une culture musicale à la fois nouvelle mais aussi inspirée par les rythmes et les discours du reggae : une sorte de contre-culture au National Front. En 1976, le Punk rejete l’impérialisme américain et prône le retour à un certain "britannisme" ce qui lui fait prendre une tournure xénophobe. Pour les Clash, l’esclavage culturel américain doit faire place à la célébration des différentes cultures et pas seulement à la leur. C’est attitude sauvera les Clash d’un piège dans lequel d’autres groupes comme les Sham 69 sont tombés et dont les concerts étaient souvent pris d’assaut par des skinheads extrémistes. Quand le groupe appelle à une "émeute blanche" (White Riot), il ne s’agit pas d’une propagande raciste incitant les blancs à se retourner contre les noirs mais d’un appel à se révolter contre un système qui les rejette, appelant ainsi à l’union des forces pour une lutte commune.

Sillonner pour mieux régner

Le 5 septembre 1976, les Clash jouent dans un club peu familier du milieu Punk : le RoundHouse. Malgré les efforts répétés de Joe, le public reste stoïque devant les 14 titres joués par le groupe. Bernie est très mécontent et les critiques sont assassinent. Quelques jours plus tard, Keith Levene [12] quitte le Clash pour manifestement une divergence d’idées musicales. Ce départ va alors atténuer les tensions et donner un nouveau souffle au groupe. Les 20 et 21 septembre, Malcolm McLaren organise un festival Punk au 100 Club afin d’installer les Sex Pistols comme groupe leader d’un mouvement. Sont présents Damned, Buzzcocks, les Vibrators, les français de Stinky Toys, Siouxie & The Banshees et The Clash en principal groupe de support aux Pistols.

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The Clash avec Terry Chimes

Le 8 octobre 1976, les Pistols signent chez EMI, enregistrent un single et partent en tournée. Bernie y voit l’occasion d’asseoir son groupe sur la scène punk londonienne et en faire le nouveau leader. A bord d’un Ford Transit, les Clash vont alors sillonner la ville jouant de club en club ainsi que dans les universités. Le 23 octobre, ils donnent leur premier concert en tête d’affiche au ICA : A Night Of Pure Energy. Le groupe a alors droit à de bonnes critiques. Chris Parry de Polydor, qui avait essayé de signer les Sex Pistols, décide de jeter son dévolu sur les Clash et propose à Bernie d’enregistrer des démos [13] avec Guy Stevens à la production. Mais le travail sera bâclé et ne satisfera ni le groupe ni Polydor. Les Clash sont alors en plein doute, d’autant plus que les Damned viennent eux aussi de signer un contrat chez Stiff.


Anarchy Tour

A la fin de l’année 1976, Malcolm prévoit une tournée à travers le royaume et demande aux Damned, aux américains Heartbreakers, aux vibrators ainsi qu’aux Clash d’accompagner les Sex Pistols. Deux semaines avant le début de l’Anarchy Tour, Terry fait part de son souhait de quitter le groupe. Il ne supporte plus les répétitions 7 jours sur 7 ainsi que la dimension politique que prenait le groupe. Mais conscient de la situation délicate dans laquelle il met le groupe, il décide de rester le temps qu’ils trouvent un nouveau batteur. Comme si cela ne suffisait pas, les Vibrators vont annuler leur participation une semaine avant le début de la tournée et les Clash sont alors relégués en tout petit en bas à gauche sur l’affiche (nouveau coup bas de Malcolm). L’Anarchy Tour devait débuter le 3 décembre et se terminer le 26 mais un événement imprévu est venu bousculer le programme.

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The Clash & Johnny Rotten (Anarchy Tour)

Le 1er décembre 1976, les Pistols sont invités à l’émission Today sur Thames TV. Les Pistols, excédés par l’attitude hautaine et méprisante de Bill Grundy, se mettent à l’insulter allègrement. Cet événement va choquer l’Angleterre puritaine et changer à jamais la face du Punk et des Pistols qui dés-lors vont entrer dans le collimateur de la presse à scandales. Les dates prévues pour la tournée vont alors fondre comme neige au soleil et la presse va suivre la troupe tout au long de leur périple. Le 6 décembre à Leeds, Joe ouvre le concert sur ces mots : "Çà fait deux jours que je tourne en me disant que Big Brother est vraiment là !". Le groupe reçoit en retour l’apathie du public qui semble être là plus par curiosité qu’autre chose. Mais tout s’arrange au fil des quelques concerts où les Clash sont félicités pour leur énergie et leur implication tandis que les Pistols semblent s’ennuyer sur scène [14] .

Les nouveaux leaders du Punk

Après cet Anarchy Tour qui s’est révélé très positif pour l’un et fatal pour l’autre, les Clash sont programmés au Roxy -repaire rasta où les punks étaient autorisés- à la place des Sex Pistols. En plus de la portée symbolique de l’affaire, cette soirée sera marquée par une grande affluence et le succès grandissant que rencontre le groupe est indéniable. Le Roxy devient le nouveau repaire punk de la ville. Les Clash vont alors enregistrer de nouvelles démos avec cette fois-ci l’ingénieur du son le plus compétent pour retranscrire le son du groupe, celui de leurs concerts : Micky Foote. Les enregistrements sont cette fois-ci à la hauteur des attentes du groupe et de Chris Parry qui réussi à convaincre Polydor. La signature du contrat est prévu pour la mi-janvier mais Bernie ne l’entend pas de cette oreille. EMI ayant rompu le contrat avec les Sex Pistols, Bernie prévoit de réunir les (ses) deux groupes sous le même label et le même management. Il fait savoir aux Clash qu’il veut garder un "contrôle total" [15] ce qui déclenchera un fou rire de la part de Joe et Paul. Le manager des Clash n’est plus si affluent qu’au début : Mick prend de plus en plus d’importance dans la musique et Joe est devenu le leader charismatique. D’ailleurs, l’idée de Bernie va échouer malgré l’offre intéressante de CBS (100 000 £) et comme à chaque fois, à cause de Malcolm qui ne veut aucun partage du pouvoir. Le projet de réunir les deux groupes est donc avorté et les Clash n’ont toujours pas de contrat alors que tous les autres groupes punks sortent déjà leurs singles. Dans l’urgence, le combo fini par accepter le contrat de CBS laissant une nouvelle fois Polydor sans étendard punk [16] .

Après ce contrat faramineux, les Clash vont faire l’objet d’une salve de critiques leurs reprochant de s’être vendu à l’establishment. Mark Perry du fanzine punk Sniffin’Glue aura cette phrase assassine et excessive : "Pour moi le Punk est mort quand les Clash ont signé chez CBS." Mais à y regarder de plus près, l’offre de CBS est plus un cadeau empoisonné qu’un gros coup financier. Car si la maison de disques leur donne une avance confortable, elle ne fait pas mention du financement des concerts et des enregistrements. En fait, les Clash vont devoir tout payer de leur poche, ce qui aurait pu être évité s’ils avaient accepté une offre plus raisonnable (celle de Polydor). Plus que l’appât du gain, ce que l’on peut reprocher aux Clash c’est leur naïveté et leur méconnaissance du business et de s’être fais berner par Bernie, guidé par sa cupidité et qui s’alloue pas moins de 20% du pactole. Les Clash s’engagent alors dans une bataille sans fin avec leur maison de disques et Bernie n’est plus l’homme de confiance du début. Mais la bête est lancée et rien ne peut l’arrêter.


Etat des lieux et étendard Punk : The Clash

Les Clash ne se démontent pas, les considérations artistiques reprennent le dessus et il devient urgent d’enregistrer un disque que tout un mouvement attend. Simon Humphrey et Micky Foote se chargent de la production. Le studio est une expérience nouvelle pour les Clash et suivant l’idée du Punk, le groupe est hostile à toute technique passée : le combo arrive en studio comme s’il montait sur scène. Le single White Riot [17] est accepté par CBS même si le groupe préférait la deuxième démo. La photo de Caroline Coon qui orne la pochette montre Joe, Mick et Paul de dos, les mains posés contre un mur, avec des slogans jamaïcains et des titres de chansons sur leurs vêtements. Le texte qui est apposé au dos dit ceci : "La jeunesse, après tout, n’est pas une condition permanente et un clash de générations n’est pas aussi dangereux, fondamentalement, pour le gouvernement que le serait un clash entre gouvernants et gouvernés. " L’impact est énorme et Londres tremble au son du Clash. L’album sera enregistré en trois week-ends durant lesquels le groupe bénéficie d’une liberté totale. La deuxième démo de White Riot ouvrira finalement ce premier album qui met en lumière les visions du groupe : l’anti-impérialisme américain (I’m So Bored With USA), leur attachement au reggae avec la reprise du tube de Junior Murvin Police & Thieves, leur statut de rebus de la société avec What’s My Name, etc...

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T-Shirt de 1977

Les Clash peuvent désormais financer leurs propres concerts et n’attendent pas longtemps pour reprendre la route avec néanmoins un principe qu’ils ne perdront jamais : proposer un prix de place le plus bas possible. Le 11 mars, toute la presse musicale est présente au Colosseum d’Harlesden. Terry porte un t-shirt où est inscrit Good Bye, Joe est complètement défoncé au speed tandis que Mick perdra la lanière de sa guitare et finira le concert "en mitraillette". Malgré des problèmes techniques, le spectacle est un triomphe. Le single White Riot sort le 18 mars et est encensé par la presse musicale, cependant, les radios [18] se refusent à le diffuser jugeant le texte incompréhensible et la musique trop violente . De plus, le groupe refuse -et refusera toujours- de participer à Top of The Pops reprochant le manque d’authenticité de cette émission où l’on doit jouer en play-back. Malgré tout, White Riot réussira à atteindre la 38ème place des charts. Le 2 avril 1977, le NME fait paraître un article de Tony Parsons et une couverture consacrés aux Clash. Le groupe apparaît comme un gang avec son sens de l’honneur, le refus du compromis et la confiance des uns envers les autres. On y apprend un peu plus sur leur passé fait de chômage et de squats : le Mythe Clash est en marche.

The Clash sort le 8 avril 1977 et les critiques sont mitigés. Certaines accusent la pauvreté des mélodies et les paroles incompréhensibles tandis que d’autres le considère comme l’un des disques les plus importants jamais enregistrés qui dépeint la réalité urbaine de la Grande-Bretagne. Mark Perry avouera même -avant de dire que les Clash ont enterré le Punk- que c’est l’album le plus important jamais sorti, qu’il est comme "un miroir." Le magazine Sounds lui donne 5 étoiles (note maximale) et Pete Silverton conclu sur ces mots : "Si vous n’aimez pas The Clash, vous n’aimez pas le rock’n’roll." Grâce au bouche à oreille et à ces critiques élogieuses, le disque atteindra la 12ème place, laissant CBS sans voix. The Clash est alors le meilleur album à émerger de la scène Punk, et pour beaucoup, l’est resté encore aujourd’hui.

Brutalité et Précision : Topper Headon

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Topper Headon

Malgré le succès, Terry ne reviendra pas sur sa décision et décide de quitter le groupe. Les Clash vont alors auditionner des centaines de batteurs jusqu’à ce que Mick retrouve Nick Headon le 24 mars lors du concert des Kinks. Nicholas Bowen Headon est né le 30 mai 1955 à Bromley de parents enseignants. La jeune famille déménage à Douvres où le petit Nicky montre des aptitudes en football et en musique. Fan des Beatles, il sait parfaitement jouer de la guitare acoustique. Mais étant un enfant hyperactif, son père décide de lui offrir une batterie et Nick deviendra rapidement un très bon batteur. Issu de la classe moyenne sécurisée, Nick a cependant toujours été indiscipliné (gangs, vols et consommation de drogues). Il arrive à Londres en 1974 où il épousera Wendy en 1975. Il devient batteur des London SS durant une semaine avant de rejoindre les Gls (futurs Temptations) où on lui offre 50£ par semaine pour tourner en Allemagne sur les bases militaires américaines. Il rejoindra ensuite le groupe de hard-rock Fury qu’il quittera, ne voyant pas le succès venir. Il accepte donc volontiers l’offre de Mick et auditionne début avril à Rehearsals. Nick est soucieux de faire bonne impression et frappe comme un dératé sur ses fûts créant un bruit assourdissant. Le groupe est pour le moins impressionné et c’est à l’unanimité que Nick intègre The Clash. Il hérite alors du surnom Topper [19] ("haut de forme") qui désigne aussi un "type formidable" en argot.

Se forger un Mythe : White Riot Tour

Sur le modèle de l’Anarchy Tour, Bernie organise en mai 1977 le White Riot Tour (nouveau pied-de-nez à Malcolm) avec les Buzzcocks, Subway Sect, The Jam et les Clash en tête d’affiche incontestable (les Sex Pistols étant absents). Le 2 mai, malgré les recommandations du groupe, le Rainbow refuse d’enlever les sièges et le public s’en chargera en les empilant devant la scène. Si l’Anarchy Tour avait engendrer 100 000£ de déficit, le White Riot Tour s’en tirera avec 28 000£, mais au seul compte des Clash, et le groupe ne touchera pas d’argent durant huit semaines. Comme pour les Sex Pistols, la police est présente tout au long de la tournée et exerce un harcèlement féroce. Les problèmes avec la Loi deviennent habituels et vont du simple graffiti jusqu’à la possession de drogue. Le 13 mai, CBS sort le second single Remote Control sans prévenir ni Bernie ni les Clash qui avaient choisi Janie Jones : ce premier affront est loin d’être le dernier et inspirera la chanson Complete Control qui sortira le 23 septembre.


Nouveaux horizons et désillusions : la mort d’un Mouvement

Le 5 juin 1977, Joe assiste à une soirée reggae organisé au Palais et écrira le lendemain la chanson (White Man) in Hammersmith Palais. Même si elle ne sortira qu’un an après, elle amorce un véritable tournant. Le groupe montre une nouvelle fois sa fascination pour la culture reggae en adoptant un tempo ralenti -hérésie pour les punks- et un rythme reggae. La chanson fait ensuite un état des lieux du punk où Joe dénonce le manque d’engagement de la part du mouvement pour le changement : au nihilisme des Sex Pistols, les Clash répondent par un punk militant. Après que Paul Weller (The Jam) ai déclaré qu’il allait voter conservateur aux prochaines élections, les Clash lui enverront ce télégramme : "Maggie sera fière de toi. On se reverra en Afrique du sud pour des essais d’artillerie."

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Joe & Mick

A la fin 1977, les Clash pensent déjà à un second album mais ils n’ont que peu de textes nouveaux. Bernie suggère alors à Mick et Joe de partir en Jamaïque au grand dam de Paul, fan de la première heure de reggae. Ils espèrent ainsi entrer en contact avec la culture dont ils avaient tant parlé et ainsi créer une unité punk-reggae. Mais le séjour ne s’est pas déroulé comme prévu. Après s’être fait insultés par les habitants de Kingston -qui les prenaient pour des marins en escale- et une fois la drogue achetée, les deux Clash resteront enfermés dans leur hôtel. Les Rolling Stones avaient investi le studio une semaine avant et avaient distribué des dollars. Craignant que leur hôtel soit pris d’assaut, les Clash finiront par partir précipitamment. De ce court séjour naîtra l’hybride punk-reggae Safe European Home. Fin 1977, le Roxy ferme ses portes et le 14 janvier 1978, les Sex Pistols se séparent. Le Punk se meurt doucement et est remplacé par le terme "fourre-tout" New Wave, l’unité Punk-Reggae dont Joe rêvait n’a plus de raison d’être. A ce moment là, Joe est l’élément le plus instable du groupe en raison de sa vie en squat et de ses abus de speed et d’alcool. En février 1978, il contracte l’hépatite et son séjour à l’hôpital lui fera prendre conscience qu’il doit faire attention à sa santé : il arrêtera alors le speed et les beuveries quotidiennes.

Last Gang in Town : "Give ‘Em Enough Rope"

CBS veut que son groupe perce en Amérique. L’album s’est très bien vendu en Angleterre mais la maison de disques considère la production trop cru pour les Etats-Unis [20] . CBS convainc finalement les Clash de trouver un producteur ayant ses entrées là-bas : Sandy Pearlman. En mars et avril 1978, le groupe enregistre des démos et des faces B au Marquee avant de passer aux choses sérieuses avec Sandy. L’homme est plus exigeant que Micky Foote et leur demande de recommencer plusieurs fois. Après le Out On Parole Tour à l’été 1978, Sandy emmène Mick et Joe aux Etats-Unis et en leur absence, Bernie annonce un concert sans le consentement du groupe. Pour les Clash, c’est l’emprise de trop sur leur liberté d’artistes et Bernie sera renvoyé le 21 octobre 1978.

Le second album sort en novembre 1978 et connaît un succès immédiat en atteignant la seconde place des charts. Les critiques sont soit très bonnes soit nostalgiques du premier album. Pendant ce temps là, le groupe tourne le film Rude Boy de Jack Hazan durant la tournée qui continue [21]. Début 1979, malgré un succès public et critique, les Clash se sentent rejetés par leurs anciens amis punks, exploités par leur maison de disques et harcelés par la police : ils veulent changer d’air et décident d’aller aux Etats-Unis.

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Joe Paul et Topper

Give ‘Em Enough Rope est le premier album paru aux USA sous Epic. Il reçoit de très bonnes critiques, notamment de Lester Bangs et de Greil Marcus (Rolling Stone). En février 1979, alors que CBS sort le single English Civil War au Royaume-Uni, les Clash commencent une tournée de huit dates aux Etats-Unis (Pearl Harbour 1979) durant laquelle le groupe commence ses concerts par I’m So Bored With USA. Les salles sont pleines et le public est enthousiaste, mais Epic ne veut pas financer les concerts car l’album ne se vend pas et va jusqu’à rebaptiser la tournée au nom de l’album. Springsteen, Warhol, De Niro viendront les voir au New York Palladium et le Clash va bénéficier d’un article excellent dans Time. La tournée aux USA eu un grand succès et va alors redonner confiance au combo qui apparaît sur scène tout de noir vêtu, tel un gang.


Productivité et Diversité : "London Calling"

En mars 1979, le groupe revient en Angleterre et investit les studios Vanilla à Pimlico et entame un travail intensif entrecoupé de deux heures de football par jour. Le 11 mai sort I Fought The Law (reprise de Sonny Curtis) avec une nouvelle version de Capital Radio, une version acoustique de Groovy Times et Gates Of The West. La palette des instruments s’est élargie (cuivres, piano...) et révèle une optique musicale plus ambitieuse. Joe retrouve Guy Stevens dans un pub et lui demande de produire leur prochain album. Même si son premier travail pour le groupe les avait déçu, Guy connaît les genres musicaux qu’explore les Clash ainsi que les grands musiciens américains. L’enregistrement se fera en six semaines à Wessex en août et septembre 1979. Les excès de Guy durant les sessions (lancés de chaises, chute d’échelle, combats avec Bill Price sur la console...) sont entrées dans la légende du rock’n’roll. Mais tout ce chaos a été bénéfique et le travail de Guy sera encensé par la critique [22] .

Les Clash retournent aux USA pour la tournée The Clash Take The Fifth [23]. Le 26 juillet 1979, Epic sort enfin le premier album mais il a été modifié avec des titres remplacés par des faces A de singles existants (finalement, l’import UK se vendra mieux). En octobre, retour à Londres pour finaliser l’album à venir. Les Clash se retrouvent avec 19 titres soit plus de 60 minutes, ce qui est beaucoup trop pour un album simple à l’époque. Finalement, après des pour-parler musclés, le groupe réussi à convaincre CBS allant même jusqu’à fixé un prix de vente à 5£ (somme la plus basse à l’époque pour un album simple). London Calling sort le 14 décembre 1979 et compile les inspirations américaine, jamaïquaine et anglaise du groupe. L’album atteindra la 11ème place des charts et est considéré aujourd’hui comme l’un des monuments du rock’n’roll.

Fuck The System

Les Clash sont prisonniers d’un cercle vicieux créé par leurs propres principes. Ils exigent toujours des prix bas pour leurs disques et augmentent ainsi toujours leurs dettes envers CBS qui sera toujours réticente pour financer leurs tournées. Les Clash faisaient toujours salles combles mais avec des billets trop bon marché et un équipement beaucoup trop coûteux pour qu’ils puissent faire des bénéfices (certains soirs, ils perdaient même de l’argent). Le groupe demandait toujours des prêts à CBS qui de ce fait les tenait. De plus, les radios sont toujours réticentes pour programmer un groupe qui ne joue pas le jeu du marketing : Les Clash continuent de boycotter Top Of The Pops alors que tous les groupes punks y ont cédé. Si les Clash s’éloignent de plus en plus du Punk musicalement, ils en garderont en tout cas l’Esprit. Pour toutes ces raisons, les singles ne dépassaient pas la 20ème place des charts. Pour pallier à çà, les Clash avaient dans l’idée de sortir un single à chaque fois que l’un d’eux quitterait le hit-parade (Joe appelait çà le Fillon des Singles [24] ).

Mais c’est un projet à long terme et le plus urgent pour le moment est de repartir en tournée. Alors que le 16 Tons Tour bât son plein depuis le début de l’année 1980, Topper va se fêler le bassin et son jeu s’en verra sérieusement affecté. Le 15 février, les Clash font une mauvaise prestation et Topper se déchire cette fois-ci un ligament de la main le contraignant à un repos forcé : les dates sont reportées en juin. Entre temps, Topper est devenu accro aux drogues de toutes sortes (marijuana, speed, cocaïne, speedball...) et devient de plus en plus imprévisible. Il est guérit à temps pour le concert de Paris le 27 février et la troisième tournée aux Etats-Unis. Epic y sort le single Train in Vain qui devient le premier gros succès du groupe là-bas.


Explorer et Enerver : Sandinista !

A New York, Mick et Joe s’intéressent à la scène hip-hop naissante et enregistrent des morceaux dans l’ancien studio d’Hendrix Electric Lady. En angleterre, CBS se distingue par un nouvel affront en refusant de sortir Bankrobber (devait ouvrir le Fillon des Singles) que le directeur Maurice Olberstein n’aimait pas. Pour riposter à ce nouvel empiètement dans leur liberté artistique, ils commencent à parler d’utiliser les enregistrements d’Electric Lady pour en faire un double-album à prix cassé. Les Clash vont en Jamaïque avec le dj et producteur Micky Dread pour des sessions supplémentaires et en juin 1980, les Clash reviennent en Angleterre pour reprendre les concerts qui avaient été ajourné. Bankrobber n’est toujours pas sorti mais le groupe réussi à contourner l’emprise de CBS en l’incluant en face B de Train In Vain en Hollande. Satisfaits de leur bon coup, ils se réjouissent désormais de se débarrasser de CBS dés qu’ils auront fait les deux albums manquant aux cinq prévus par le contrat. Mais la joie est de courte durée quand la maison de disques leur montre la petite clause en bas de la page, inaperçue par le groupe à la signature : cette dernière lui permettait de rajouter cinq albums sur la liste existante. Bankrobber sort finalement le 8 août 1980, après que le groupe est menacé de se séparer, et atteindra la 12ème place des charts sans publicité et sur la simple notoriété du groupe.

Les Clash retournent aux studios Wessex pour enregistrer leur quatrième album qui sera produit par Micky Dread. Le groupe travaille sur une trentaine de chansons enregistrées aux USA et les journées débutent vers 14h pour souvent se terminer vers 4-5h du matin. Les Clash touchent à tout : ska, dub, reggae, rock, hip-hop, rythm’n’blues, jazz, calypso, soca... En septembre 1980, il y a déjà trop de matière pour un double-album et Mick propose d’en faire un triple, comme un nouveau pied de nez à CBS. Déterminé à maintenir sa politique, le groupe insiste pour que le triple-album soit mis en vente au prix d’un simple. CBS refuse mais après négociations, accepte le prix de 5£99. En contrepartie, la maison de disques considère Sandinista ! comme un album simple et le groupe devra renoncer aux bénéfices des 200 000 premières copies. Sandinista ! sort le 12 décembre 1980 en pleine mode néo-romantique post-punk, période peu propice pour sortir un album riche, varié et visionnaire. L’œuvre recevra des critiques très négatives tout en saluant l’anti-conformisme du groupe et les risques pris. L’album gagnera en crédibilité au fil des années et aura une influence énorme.

Fin 1980, les Clash doivent près d’un demi-million de £ivres à CBS et Sandinista ! n’allait rien arranger. Après que le single Call Up ait péniblement atteint la 40ème place, Hitsville UK ne dépassera pas la 56ème . Devant le vindicte de la presse et des ventes misérables, les Clash se voient contraints d’annuler la tournée qui devait commencer début 1981, n’ayant pas trouvé assez d’endroits pour jouer. Les rumeurs de dissolution vont alors bon train.

Retrouver la scène et son public

Afin de repartir sur des bases saines, Joe a dans l’idée de faire revenir Bernie ce qui a le don d’embarrasser Mick qui a tout fait pour qu’il parte. C’est aussi l’espoir pour Joe de retrouver la liberté d’action passée en lui confiant les problèmes judiciaires et financiers du groupe. Même si Bernie s’occupe désormais des Specials et a obtenu ce qu’il avait toujours voulu, un club (Club Left), il acceptera de reprendre "son" groupe. Joe s’impose alors comme le leader et le décideur du groupe, ce qui va créer des répercussions irréversibles notamment entre Mick et Joe. Alors que sort le single Magnificent Seven en avril 1981, les Clash réinvestissent Vanilla pour reprendre les répétitions et essayer de retrouver l’entente de London Calling. Les matchs de foot reprennent mais l’harmonie est rompue. Si Sandinista ! ne fait pas l’unanimité outre-atlantique, il s’en est déjà vendu 400 000 exemplaires et les Clash prévoient de retourner chez l’Oncle Sam pour une tournée gigantesque. Le groupe est alors fâché avec l’Angleterre et avoue se sentir plus chez lui à New York. La tournée va être annulée au dernier moment par Bernie qui a réussit à décrocher un moyen promotionnel en or : "sept magnifiques" (Magnificent Seven) concerts au Bond Casino sur Broadway pour fin mai-début juin 1981. Boycottant toujours l’Angleterre, les Clash feront quelques dates en Europe en avril entrecoupées de passages en studio d’où naîtra This Is Radio Clash, influencé par le rap-funk new yorkais et dont les paroles font écho à 1976. Pendant ce temps, Topper est toujours aussi instable et a été condamné pour détention de substances illicites et se retrouve en liberté surveillée (s’il récidive, c’est la case prison qui l’attend). Le 27 avril 1981 à Barcelone, Topper s’effondrera après le concert. Cela dit, la tournée fait le plein, le Clash est au meilleur de sa forme et Topper tiendra le coup : l’Angleterre saluera leur succès.

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Paul, Joe & Mick

Tous les billets du Bond ont été vendu le jour de leur diffusion. Les fans s’agglutinent sur Broadway et créent une émeute pour pouvoir entrer, obligeant la police à intervenir. La direction allongera le séjour des Clash à 16 jours et le groupe ira jusqu’à jouer matin et soir pour satisfaire la demande. C’est une période très excitante pour le groupe avec Grandmaster Flash et The Furious Five en première partie et The Magnificent Dance (remix de Mick) qui tourne en boucle à la radio. En août 1981, le groupe retourne en studio et reprend le concept de "sept magnifiques" au Mogador à Paris en septembre où ils font un véritable triomphe. Les Clash retrouvent ensuite l’Angleterre avec six dates en province et "sept magnifiques" au Lyceum de Londres. Le groupe est alors surpris par l’accueil chaleureux que leurs fans lui ont réservé prouvant qu’ils ne se laissaient pas manipuler par les critiques négatives de la presse.


L’unité rompue

Joe est satisfait du travail accompli en studio à Vanilla et propose de continuer l’aventure ici mais Mick ne partage pas le même point de vue et pose un ultimatum en menaçant de quitter le groupe s’ils ne retournent pas à Electric Lady. Joe, Paul et l’équipe partage le même point de vue sur le futur du groupe tandis que Mick est rejeté car il ne se conforme pas aux restrictions budgétaires et adopte une attitude de plus en plus égoïste. Le Clash est alors divisé en deux clans : Mick et Topper sont les plus talentueux musicalement et Joe et Paul dépendent donc d’eux au niveau de la créativité et des arrangements. De retour à Londres en décembre, Topper est arrêté pour usage de stupéfiants et est emprisonné. Après que Bernie est payé une amende de 5 000£, Topper est relâché et commence son long combat de désintoxication.

Ne voulant pas revivre la conspiration qui entoure Sandinista !, le groupe décide de réaliser un album simple pour renouer avec le succès. L’atmosphère est tendue en studio avec Mick qui devient de plus en plus intransigeant. Les chansons continuent la tendance amorcée avec Sandinista ! tout en marquant la recherche d’un son plus individuel. Un matin, Topper se retrouve seul en studio et décide de travailler une chanson déjà en chantier : il enregistrera le piano, la batterie et la basse d’où naîtra Rock The Casbah, le plus gros tube des Clash. Tout devait être prêt pour la fin décembre 1981 pour qu’en janvier 1982, le Clash reprenne une tournée vers de nouvelles contrées : Japon, Nouvelle-Zélande, Australie et Asie du Sud-Est. Mais à la fin décembre, le groupe est toujours en studio et se retrouve avec 17 chansons assez longues. Bernie n’est pas content du résultat d’autant plus que les enregistrements et le budget dépassent les prévisions. Rien ne va plus entre Joe et Mick : Joe l’ accuse comme responsable de cette situation en étant allé à New York et Mick lui répondra alors qu’il plaisantait...ce qui mit Joe hors de lui. Les têtes chercheuses du Clash travaillent alors séparément : Mick le jour et Joe la nuit. Avant le départ du groupe pour le Japon, Mick présente ce qu’il estimait être le résultat final d’un double-album de 15 titres. Son travail sera rejeté à l’unanimité.

Gloire testamentaire : "Combat Rock"

Fin janvier 1982, la tournée de 9 concerts au Japon est un triomphe avec un public qui les attendait depuis longtemps mais qui déconcerte le groupe qui le trouve trop exalté. L’expérience sera épuisante en raison de la chaleur et de l’humidité : Joe s’évanouira de déshydratation tandis que Paul contractera un virus en Thaïlande. A la mi-mars 1982, le groupe fait appel à un producteur expérimenté : Glyn Johns (Beatles, Rolling Stones, Small Faces, Who...). Glyn met de côté des chansons et le nombre est ramené à une douzaine. La batterie et les guitares sont misent en avant, les morceaux sont raccourcis et deux des trois chansons les plus "rock" sont prévues pour devenir des singles. Mick se voit contraint de revoir les paroles de Should I Stay or Should I Go pour qu’elle puisse passer à la radio et Joe décide de raccourcir le titre de l’album en deux mots choc : Combat Rock. Mick est alors anéanti et n’assiste que rarement aux sessions. Le premier single Know Your Rights sort le 23 avril 1982, au même moment, les Clash répètent pour une tournée de 19 dates en Angleterre sous le nom Know Your Rights Tour qui devait commencer le 26 avril à Abeerden. "Devait" car Joe est introuvable depuis le 21 avril ! Après avoir été reporté, la tournée sera finalement annulée à la mi-mai. Joe est à Paris pour réfléchir à sa situation et se remettre en question mais il est de retour à temps pour un festival en Hollande le 20 mai avec cette fois Topper qui disparaît. En fait, il s’agissait d’un coup monté avec Bernie destiné à faire comprendre à Mick que Joe était indispensable et que le problème était Topper, l’allié de Mick.

Combat Rock sort le 14 mai 1982 -pendant l’absence de Joe- et reçoit des critiques positives le jugeant comme une renaissance du groupe. Le NME, d’habitude très dur avec les Clash, dira : "Ce groupe est trop important pour se dissoudre." En une semaine, l’album devient n° 2 des charts, où il y restera durant 23 semaines, et les Clash sortent alors la tête de l’eau concernant leurs dettes. Le 29 mai 1982 doit commencer une tournée de quatre semaines aux USA. Topper viré, ou parti -on ne le saura jamais vraiment- c’est encore une fois Terry Chimes qui vient au secours du Clash et n’a que 5 jours pour se familiariser avec les nouveaux morceaux. En juin sort le second single Rock The Casbah qui malgré de mauvaises critiques et peu de promotion atteindra la 30ème place des charts. En pleine guerre des Malouines, le groupe apparaît sur scène avec un look militaire exagéré et Joe a adopté une crête désuète comme pour faire renaître le Punk. La tournée est un énorme succès, les Clash jouent à guichets fermés dans des salles de 20 000 personnes et le single américain Should I Stay or Should I Go fait un tabac. Après la tournée anglaise Casbah Club en juillet, le groupe retourne aux Etats-Unis pour de nouveaux concerts. Le succès ne retombe pas et les salles sont toujours aussi pleines mais les tensions entre Mick et les inséparables Paul & Joe sont continuelles. Le Clash se voit offrir l’opportunité de jouer en première partie des Who dans des stades : les Clash acceptent espérant ainsi éponger un peu plus leurs dettes et s’attirent les foudres de la presse britannique qui y voit une trahison de leurs principes. Le 27 novembre 1982, les Clash sont programmés au Festival jamaïcain des Musiques du Monde à Montego Bay où le groupe sélectionnera ses titres reggae. Ils réussissent alors à gagner la faveur du public jamaïcain et à être reconnu par le pays qui les avait inspiré et rejeté avec mépris. Après cette année très chargée, le groupe s’accorde un mois de repos, le premier en 5 ans.


Le Clash du Clash

Terry a beaucoup aimé rejoué avec eux et serait resté s’il n’y avait pas eu autant de tensions : il entamera des études de médecine et exercera comme chiropracteur. En février 1983 circule des rumeurs de séparation puis le 23 avril, les Clash passent une annonce pour trouver un nouveau batteur. Après avoir auditionné plus de 300 prétendants, le groupe choisira Pete Howard. A la fin mai, les Clash font quelques concerts en Amérique pour se préparer à l’US Festival de Los Angeles le 28. Devant l’augmentation du prix du billet, les Clash vont exiger que les promoteurs fassent une donation de 100 000$ à une association caritative sinon ils ne jouent pas. Le don ne sera que de 35 000$ et les Clash, furieux, vont alors demander aux groupes suivants de donner une partie de leur cachet à des œuvres de charité. Avec 2 heures de retard, le Clash monte sur scène pour 80 minutes de concert durant lesquelles Joe se moque ouvertement du public sous une banderolle explicite : "Les Clash ne sont pas à vendre". Ils iront même jusqu’à se battre avec les membres de la sécurité et l’équipe technique à la fin de la représentation. L’attitude des Clash peut alors paraître paradoxale mais Joe s’en expliquera : "Le monde avait le regard tourné vers ce festival qu’il considérait comme représentatif du rock. On voulait bousiller cette satanée fête parce qu’on ne supportait pas qu’un millionnaire puisse se vanter d’avoir recréé un Woodstock pour son propre plaisir."

Retour en Angleterre où les rumeurs de séparation vont bon train. Paul et Joe voulaient revenir aux productions anciennes tandis que Mick voulait continuer sur la voie du groove et du hip-hop. Les idéaux du groupe vont alors beaucoup souffrir. En 1984, Joe dira : "Je ne peux pas croire qu’on était devenu comme les gens qu’on essayait de détruire. On était devenu des pop-stars !" Joe avouera même dans Rolling Stone en 1985 : "On savait tous qu’on faisait çà pour l’argent. On ne pouvait plus se regarder en face. Pendant les répétitions, on regardait tous par terre." Joe et Paul annoncent à Mick qu’il est viré [25] .

Retour aux Sources

Afin de retrouver l’Esprit du Clash et forger la 4ème vague du Punk, les clash passent des traditionnelles petites annonces -anonymes- dans le Melody Maker. Nick Sheppard et Vince White seront choisis comme guitaristes (Joe voulant se consacrer au chant). En février 1983 débute la tournée Out Of Control (référence à l’Out On Parole Tour de 1978) en Angleterre et en Irlande puis en Europe. Malgré les bonnes intentions affichées (t-shirts de 1977, dénonciation de la télévision et anti-américanisme) on est loin de 1976-1977 : la scène musicale a changé (New Pop) et la situation de l’Angleterre est pire qu’en 1976 (toujours une récession économique et le chômage a triplé). Le groupe retourne en Angleterre pour une série de concerts jusqu’en mai où les salles ne sont pas toujours remplies.

L’année 1984 est peu productive avec quatre concerts en Italie pour soutenir le parti communiste et deux concerts de bienfaisance à la Brixton Academy en décembre. En mai 1985, la BBC annonce que le groupe a été vu en jouant dans les rues de plusieurs villes du nord et l’information se révèlera exacte. Le groupe allait de ville en ville, en stop, avec pour seuls bagages leurs guitares acoustiques et pour Pete les baguettes. Ils vivaient de l’argent que leurs donnaient les passants et dormaient chez les fans. En plus de revenir aux origines du Clash, Joe revisitait non-seulement ses racines pré-clash mais aussi les débuts de rock, du blues et du folk.


Ne plus y croire : Cut The Crap

En septembre 1985 sort le single This Is England qui atteindra une honorable 24ème place. L’album Cut The Crap voit le jour à la fin de l’année et reçoit des critiques terriblement négatives. Grâce à l’impatience du public, il atteindra la 16ème place mais pour une courte durée. A la même période Joe va trouver Mick, lui fait ses excuses, et lui propose de reformer le Clash avec Topper. Mick accepte les excuses de son vieux frère mais rejette sa proposition ayant déjà enregistré le premier album de B.A.D.

En fait, Cut The Crap est l’œuvre de Bernie qui le remixa à volonté. Quand Joe entendit This Is England, cela n’avait plus rien à voir avec le morceau initial. A la sortie de l’album, Joe est horrifié et dira que c’est "le plus beau tas de merde jamais entendu". Le single est attribué à Strummer & Co et l’album à Strummer-Rhodes. Bernie s’attribue cependant la production : le surnom de Bernie était Pepe Unidos et afin de suggérer Joe pour légitimer son projet, il signera Josse Unidos. L’intérêt du public a néanmoins grandi et le second single E=MC2 atteindra la 11ème place, égalant ainsi le meilleur score des Clash.

Joe est déconcerté et ne tarde pas à annoncer aux trois nouveaux que c’est fini. Le Clash est mort, Vive le Clash !

Espoir et Tristesse

Les années 80/90 vont être baignées de rumeurs de reformations mais suivant les principes du Clash, ni Joe ni Mick ne céderont aux propositions qui leurs auraient valu une assise financière confortable pour le restant de leurs jours. Topper réussira péniblement à se sortir de sa toxicomanie, Paul retrouvera ses pinceaux, Mick continuera la musique avec B.A.D et Joe alternera vie d’acteur et de musicien.

Le 15 novembre 2002, les spectateurs de l’Action Town Hall de Londres qui assistent au concert de Joe Strummer & The Mescaleros voient apparaître sur la scène une silhouette familière : Mick Jones retrouvera son frère de gang pour 3 titres du Clash. Ces retrouvailles scéniques auguraient un avenir palpitant mais le destin en a voulu autrement : au soir du 23 décembre 2002, Joe Strummer s’éteint. Agé d’à peine 50 ans, le grand frère que tout le monde rêvait d’avoir, meurt d’une crise cardiaque emportant avec lui des rivières de larmes de gamins -plus ou moins jeunes- à jamais inconsolables. Joe était le moteur de la machine "Clash", libérant toutes les énergies de son corps dans une sorte de transe épileptique, postillonnant ses textes et grattant frénétiquement la même Telecaster bigornée depuis 1976. Plus que le simple chanteur du groupe, il en était la Conscience, sa ligne éthique et politique. Action Joe nous a quitté mais ses refrains-slogans résonnent toujours dans nos têtes et restent terriblement d’actualité. Joe était l’anti-rockstar du Clash qui a toujours voulu briser le fossé entre "idoles" et "fans". Inconsolable vous dis-je...

Sources :

  • LETTS Don, The Clash : Westway To The World, Sony Music DVD, 2001.
  • GRAY Marcus, The Clash : Combat Rock, Camion Blanc, 1999.
  • YEWDALL Julian Leonard, Joe Strummer with the 101’ers & The Clash, Image Direct, London : 1992.
  • Joe Strummer : Mort d’un Clash, Rock & Folk n° 426, Février 2003.
  • The Clash, Hors-Série Les Inrockuptibles, 2003.
  • Special Punk, Hors-Série Rock & Folk n° 19, Décembre 2003.


[1Sa mère lui enverra régulièrement disques et bandes-dessinées

[2Etant donné le grand nombre de groupes qui se sont formés aux Beaux-Arts, Mick pense que c’est le point de départ de toute star du rock. Il sera alors déçu par la réalité.

[3Lié au tube de Queen Now I’m Here.

[4Tony Gordon rejoindra plus tard Chelsea, formera Generation X avec Billy Idol puis Sigue Sigue Sputnick.

[5Deviendra plus tard la chanteuse des Pretenders.

[6Notons que Paul jouera avec cette basse (imitation Fender) jusqu’en 1979 et que Mick devra l’accorder durant les premiers concerts.

[7Les roadies des Clash la baptiseront "jambe électrique".

[8Quelqu’un qui joue médiocrement : jouailleur.

[9"clash" est un mot à nombreuses significations : choc, fracas, conflit, désaccord, heurter, choquer, résonner, détonner, sonner...

[10En guise de réponse, les Clash écriront la chanson Garageland

[11Le National Front fait alors de plus en plus d’adeptes notamment chez les jeunes.

[12Il rejoindra par la suite John Lydon (alias Johnny Rotten) avec Public Image Ltd.

[13Deux de ces démos (Janie Jones et Career Opportunities) figurent sur le Long Box Clash On Broadway paru en 2000 (Epic/Sony).

[14Les Clash iront même jusqu’à remplacer les Sex Pistols en tête d’affiche. Les Pistols sont parfois interdits de jouer et semblent plus amuser par la surenchère médiatique

[15De cette expression coutumière de Bernie (prise à Malcolm McLaren) naîtra la chanson Complete Control.

[16Après l’echec avec les Sex Pistols et les Clash, Chris Parry réussira à signer les Jam.

[171977 en face b.

[18Les radios londoniennes n’ont pas su prendre le Punk ce qui aurait pu être bénéfique au mouvement. La radio pirate Capital Radio, très écouté par les jeunes, s’y refusera toujours et inspirera à Joe la virulente Capital Radio.

[19Topper est capable de tout jouer (rock, reggae, jazz...) et est alors le musicien le plus accompli du groupe. Il fera beaucoup pour la ligne musicale future des Clash.

[20The Clash deviendra l’import le plus vendu outre-atlantique avant qu’ Epic ne sorte une nouvelle version en 1979.

[21L’album et le film sont enregistrés dans une période de grande confusion. La tournée est appelée The Clash Sort It Out en réponse au départ de Bernie et à la sortie de l’album.

[22Guy mourra 3 semaines après la sortie de l’album. Les Clash lui rendront hommage avec Midnight To Stevens et leur attribueront l’inspiration pour Combat Rock.

[23"Fifth" : cinquième amendement.

[24Sur ce principe, les Wedding Present entreront dans le Livre des Records avec 12 titres en 12 mois.

[25Après avoir été viré du groupe qu’il avait initié, Mick poursuivra son aventure musicale avec son groupe Big Audio Dynamite.

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