Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Milner le 22 novembre 2005
paru le 8 avril 1977 (Columbia / Sony Music)
Début 1977. Une révolution musicale débarque d’une Angleterre qui a trop consommé de prog rock jusqu’à en devenir malade. Le mouvement punk, déferlante contestataire qui s’apparente à une réplique des évènements de 1968 en musique, en est le principal détonateur et semble ne laisser personne indifférent. À Londres, quatre jeunes hommes réunis sous l’appelation The Clash démontrent au travers de leur premier album éponyme qu’ils dégagent quelque chose de très fort. À toute force, ses membres cisaillent le vacarme. Car, il faut bien reconnaître que ces quatorze pistes sentent bon le napalm appauvri. Le gang a une réputation à défendre, celle de commando gauchiste agressif et fier de sa condition.
Façonnés dans l’univers des squats, la plupart des textes de Strummer sont des tracts sur feuille carbone 14 qui auraient la bonne idée de sentir le soufre au moment où les idéaux des années 60 se consumaient inexorablement. Sur les soli bien huilés de Mick Jones, Londres flambe à travers les émeutes blanches que les mots saccadés de Strummer lâchent comme chaque nouvel incendie allumé (I’m So Bored With The U.S.A.). Ça démarre à fond les manettes avec Janie Jones et ça se conclut sur Garageland, réponse du combo aux journalistes qui leur conseillaient de rester jouer chez eux. Entre ces deux bijoux, un brûlot convulsif mâtiné de riffs tantôt héroïques, tantôt rageurs pour un rock pessimiste et terriblement terre à terre dont le côté Pistols de What’s My Name en est peut-être le meilleur résumé. Les coups de batterie se superposent d’un morceau sur l’autre et jamais la fièvre ne baisse. Aux premières mesures de batteries sur Police & Thieves, n’importe qui peut capter le mouvement tropical et se déhancher fermement d’un pied sur l’autre, loin des studios de Kingston. The Clash est bien le groupe dont le blues serait du reggae.
Trop carré, trop uniforme, trop dur, la première écoute a de quoi désarçonné l’auditeur. Trop brut pour que CBS, la maison de disques, ne se résigne à le distribuer chez l’Oncle Sam. Pourtant, le son, compact et fin, emporte facilement l’affaire. Les refrains à deux voix du groupe sont désormais la marque de fabrique Clash et se répandent des heures encore dans toutes les poitrines des mélomanes. À ce titre, Protex Blue est l’hymne ultime que la génération sida n’a finalement pas connu. Bien plus que les Sex Pistols dont leurs prestations scéniques ne furent parfois pas toujours à la hauteur, The Clash était sûrement à l’époque la plus belle machine de guerre apparue depuis Steppenwolf. Et que cet album ait été enregistré en trois week-ends dans les studios qui ont accueillis The Stooges pour concocter le sonique Raw Power ne fait qu’ajouter du crédit à sa légende.
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |