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par Oh ! Deborah le 19 février 2008
Paru en 1981 (Sire Records)
Déjà, il y a le premier Ramones en 1976. Influencé pop 60s mais résolument nouveau par sa production inimitable, par ses structures froidement punk. S’il faut en choisir un parmi les quatre excellents premiers albums des Ramones, c’est donc celui avec lequel ils ont en quelque sorte résumé les trois années à venir. Et ce avec cependant une spécificité new-yorkaise (un son unique) et jusqu’au boutiste (dans le minimalisme).
Les Ramones sont aujourd’hui énervants pour ceux qui aimeraient les réduire au niveau d’hébétés-qui-font-trois-accords, stade alors antérieur à leurs morts synonymes de culte, (certes un peu forcé). C’est alors oublier que les Ramones ont composé des choses pas plus "faciles" que la moitié des groupes de rock et que si tel était le cas, ça serait pas bien grave. Non ce qui importe, c’est qu’un groupe aussi modeste que les Ramones ait une personnalité aussi remarquable, de par la voix la plus émouvante et efficace du punk, des mélodies en forme d’hymnes ancrés dans le temps, et globalement un style (musical comme physique) à part, précurseur, vainement copié. Et puis c’est encore oublier que le groupe est allé au-delà de ses frontières punk pourtant définitives, en écrivant, peaufinant et arrangeant eux-même des compositions pop de haut niveau, qui répondraient au nom de Pleasant Dreams.
A l’orée pop des Ramones, il y avait End Of A Century - son inexplicable estime soumise à la dextérité de Phil Spector, ses violons malencontreux, sa production toute-seule, non au service des compos - et la fin, Pleasant Dreams. Les Ramones voulaient un épisode ensoleillé. Pour changer d’horizons, voir plus large, vendre des disques... Et accomplir leur deuxième œuvre incontournable dont eux seuls auraient le contrôle. A double tranchant cependant, car on dirait bien que l’album a influencé un paquet de groupes punk FM sans en avoir tiré un franc succès à sa sortie, et il n’empêche, le meilleur album style « punk Californien » aurait été écrit par des New Yorkais. Les Ramones se sont toujours accrochés à des rêves.
Cette fois, ils nous communiquent leurs Pleasant Dreams comme on slalome entre les palmiers de Los Angeles à la recherche d’une volupté exclusive ou d’un nihilisme absolu. Evasion salutaire. Mais qui resterait au stade du rêve : She went away for the holidays. Said she’s going to L.A , but she never got there.
Changement assez radical donc, avec une production plus fluide, mais c’est sûr, moins singulière qu’à la belle époque. Finesse est de mise à ce degré de leur carrière, les textes sont encore constitutifs de leur style élémentaire mais le jeu de batterie est clairement plus varié, avisé, la guitare est toute-puissante, les compos prennent des virages, construisent des ponts, et produisent l’extase. Des morceaux étoffés aux refrains imparables, faits d’arrangements multiples mais pas centraux (piano, synthé, choeurs, ...), nourri de l’essentiel punk et de l’essence pop, de mélodies tellement inspirées et passionnées qu’elles classent directement The KKK Took My Baby Away (faisant référence au management autoritaire de Johnny qui s’est marié avec l’ex-copine de Joey), It’s Not My Place, You Didn’t Anything To Me, ou les immenses She’s A Sensation et This Business Is Killing Me au rang des plus belles chansons de power-pop. Parce qu’elles rendent au rock’n’roll et à la pop leurs qualités premières : l’évidence, l’émotion et l’éternité.
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