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mercredi 15 avril 2015
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par Giom le 21 novembre 2006
paru le 26 avril 2004 (Young God)
La figure du barde s’impose alors à nous, ou plutôt celle de la tradition beatneackienne du clochard céleste. Devendra Banhart, avec son nom de prophète new-age, est le fruit de tout ça, d’une Amérique décalée, mais d’une façon caractéristique depuis maintenant 70 ans, celle des fameux hobos.
Devendra Banhart fait du folk, essaye de le faire renaître de ses cendres nombreuses à une époque où plus personne n’en fait, préférant sophistiquer la chose sous le nom d’antifolk pour surtout ne pas avoir l’air pas moderne. Qu’importe, certains tentent de conserver la flamme intacte, comme lui, comme son groupe Vetiver qui sait également tracer son propre sillon ou comme celui de sa compagne, Coco Rosie.
Qu’en est-il de ce Rejoicing In The Hands, deuxième album de l’artiste et premier d’un diptyque qui compte également le non moins excellent Niño Rojo ? Et bien l’écoute de ce disque provoquera chez ceux qui s’y aventureront un sentiment d’apaisement remarquable. Devendra, maître dans l’art de l’arpège à vitesse multiple, sait apporter à ses compositions une touche de douceur magistrale. La voix varie les émotions, parfois nasillarde, parfois lyrique, épousant les arrangements de cordes classiques qui viennent ornementer des lignes de guitare acoustique. Les ornementations justement ne sont pas légions sur ce disque, l’esthétique de Banhart sachant laisser une place considérable au minimalisme. Sa voix remplit alors tout, très évocatrice et ayant souvent recours à l’onomatopée pour signifier toujours plus. Les textes ne sont aucunement vindicatifs, surtout pas engagés et sans le moindre cynisme. Entre exploration du monde et de l’être humain en général, nous retiendrons parmi les 16 morceaux l’engageant This Beard Is For Siobhán, seul morceau où le chanteur s’emporte réellement dans un refrain final répétitif à souhait (« Well a real good time, a good time, a real good time, good time... ») et presque rock qui vient conclure de façon emphatique une introspection humoristique du corps du narrateur.
Depuis Rejoicing In The Hands, Banhart a fait quelques autres disques qui ont fait de lui un personnage important dans le contexte musical actuel, à la réputation flatteuse, plaisant aussi bien à un public bobo que plus « roots ». Pourtant, rien ne dépassera dans toute sa production discographique la fraîcheur de ce deuxième disque. L’auditeur a en plus l’impression d’assister avec cet album à un véritable work in progress... Banhart prend sa respiration avant de débuter certains titres, en recommence d’autres et au final impose sa voix dans l’espace d’écoute comme peu savent le faire. Et le jeune artiste n’a qu’un peu plus de vingt ans. Espérons que la source ne se tarira pas.
Minimalisme, tradition folk, harmonies vocales. Le néo-hippie venezuelo-californien qu’est Banhart n’a sûrement pas tout inventé. Mais on ne peut surtout pas lui reprocher de ne pas tenter de faire du beau avec des vieilles recettes. Et ça marche... Laissez vous bercer par ce disque doucement halluciné, la magie prendra sûrement...
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