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mercredi 15 avril 2015
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par Fino le 20 février 2006
paru en mai 2001 (Let’s Rock) ; réédité en octobre 2005 (Too Pure)
Fermez les yeux. Un son atmosphérique s’étire lentement alors que l’on croit percevoir des aboiements réguliers au loin. Puis quelques notes de guitare viennent se joindre à cette transe par laquelle débute le premier album des quatre musiciennes originaires de Brighton. La pochette présente un parc d’attraction désertique, et l’on se dit que finalement, c’est exactement l’image sonore renvoyée. Une succession de manèges désincarnés, planant lentement puis s’emballant tout à coup, dont les trajectoires se distordent, et se redressent parfois. Rock It To The Moon est tout sauf un album comme les autres. Oubliez très vite quelque idée reçue que ce soit sur les « groupes de filles », et appréciez le rock instrumental d’un groupe fortement influencé par le krautrock et les Pink Floyd.
Passé donc le subjuguant The Invisible Dog et Long Dark, sa continuité, en guise d’ouverture, on monte à bord du grand huit Gabriel. Et tandis que l’on laisse lentement mais inexorablement monter le wagon, on se prend à dérailler avec lui dans sa formidable chute précipitée, aux rythmes dénués de la moindre finesse de la batterie d’Emma Gaze. Arrive rapidement les angoissantes nappes sonores de Blue Straggler, qui se superposent et progressent inlassablement, puis prennent le temps de s’interrompre pour repartir sur des bases plus « saines ». S’ensuit le vibrant Film Music, littéralement pulvérisé par Le Song dont l’initial grondement préfigure le riff de la sublime Mia Clarke qui dévaste tout sur son passage.
Peu de temps s’écoule avant que se fasse entendre le chuchotement de la basse de ce qui est certainement LE moment du disque, à savoir les 8’42 que dure U.O.R. Passée une explosion d’une violence qui n’est pas sans rappeler Sonic Youth, le retour au calme est rapidement balayé par un larsen. Le manège fou s’emballe puis repart, avant de finir par s’écraser dans un nouveau larsen décharné et une succession de notes de guitare déconstruites. Enfin, comble de l’angoisse, l’album s’achève sur l’infernal Mother, morceau dont l’intitulé seul suffit à donner des frissons.
Quand on rouvre les yeux, la sortie du parc d’attraction et le retour à la réalité sont difficiles. Après avoir écouté ce premier album sublimement brouillon, la perception des choses n’est plus tout à fait la même.
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