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par Emmanuel Chirache le 20 septembre 2010
Paru en juin 2002 (Immortal/Epic)
Aïe. Voici ce que laisse échapper le fan quand il entend pour la première fois Untouchables. L’album ayant été piraté dans une version non définitive plusieurs semaines avant sa sortie, j’avais tout d’abord mis sur le compte de cette version expérimentale les défauts du disque. "Non, ce n’est pas possible, ils n’ont pas fait ça... rien n’a encore été mixé de toute façon, l’album officiel sera totalement différent, peut-être que certaines chansons disparaîtront au profit de nouvelles" pensais-je. Bon, bah en fait, non. Le vrai disque ressemblera à quelques détails près à la copie pirate que je m’étais procurée.
D’emblée, Untouchables paraît atroce, bien que le sympathique Here To Stay n’entretienne trois minutes d’ambiguïté. Rapidement, l’auditeur s’aperçoit que le groupe a raté son coup, qu’il s’est loupé, que les innovations du disque n’ont pas été bien intégrées au son du groupe. Les synthés par exemple sont immondes, ce dès les couplets de Blame, mais aussi sur Hollow Life, l’une des chansons préférées de Jonathan Davis (pourquoi, Jon, pourquoi ?). De même, on regrettera amèrement les nouveaux effets sur la voix du chanteur (écho, polyphonie...), désastreux. Le pire, c’est cette façon inédite qu’a Jon de beugler les refrains, cette façon molle et traînante, avec une voix de pourceau qu’on ne lui connaissait pas. Et puis les cris se font monotones, chiants, on dirait du mauvais Marilyn Manson. Prenez Make Believe, quand Jonathan scande :
Waiting all this timeI’ve got nothing to hold onBut the faces of my lifeI can see before I’m gone
Hé bien, c’est horrible, ça ne ressemble à rien, ni la musique, ni la voix, ni les deux mis ensemble. En grande partie, il faut mettre ça sur le compte de la production plutôt que sur la composition, parfois honorable. Non, il faut accuser Michael Beinhorn, qui remplace l’excellent Brendan O’Brien (Korn, mais aussi Pearl Jam, RATM, Springsteen, Incubus...), et sa manière odieuse de faire résonner la voix du chanteur, qui devient lointaine et comme étouffée. C’est insupportable ; le défaut majeur d’Untouchables. Le son Korn lui-même a perdu de sa superbe en lorgnant vers le metal indus (l’ignoble Wake Up Hate) et le gothique (l’inaudible Hollow Life). Il est devenu plus lourd encore qu’auparavant, cherche toujours mais ne trouve plus d’idées. Les chansons apparaissent décharnées, sans matière, sans vie. Ecouter Beat Upright, Bottled Up, Hating, Embrace, Blame et pleurer. Tout cela est nul.
Difficile toutefois d’en vouloir à Korn. D’une part, parce que le groupe essaye d’évoluer au lieu d’épuiser un filon, et l’on préférera toujours l’effort à la paresse, l’audace à la sécurité. D’autre part, il existe quelques moments qui prouvent que Korn aurait pu réaliser un album différent avec davantage d’inspiration et un producteur avec des bras. Certains ponts finaux claquent bien, notamment celui de Here To Stay ("I’m here to stay... Bring it down !!") et celui de Thoughtless, absolument terrifiant et unique (on dirait qu’un extraterrestre veut entrer en contact avec nous). Le morceau entier fait d’ailleurs partie des rares rescapés du disque, auquel il faut ajouter l’intéressant One More Time (encore que le refrain, merde alors), Alone I Break (kitsch mais défendable), Sinon, c’est poubelle.
De façon incompréhensible, l’album sera bien accueilli par une partie de la presse et des nouveaux fans, plus encore semble-t-il que Issues, pourtant infiniment supérieur.
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