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par Emmanuel Chirache le 3 mai 2010
Paru le 30 avril 2010 (Napalm records)
Dire qu’on croyait les Karma To Burn morts et enterrés quand la réédition d’Almost Heathen est sortie il y a deux ans à peine ! Ce qui ressemblait au départ à un hommage posthume s’est vite transformé en résurrection, puisque le trio se reformait dans la foulée pour une série de concerts. Évidemment, ç’aurait été trop bête d’en rester là. Du coup, le groupe nous confiait lors d’une interview en juin dernier qu’ils préparaient un nouveau disque prévu pour avril 2010. Pari tenu, Appalachian Incantation est sorti le 30 avril, un petit miracle dans une industrie où le retard de livraison est une espèce de tradition. Voici donc la bête, au sens propre du terme puisque la pochette nous présente un bouc satanique que les occultistes de Tool n’aurait pas renié. "L’incantation des Appalaches" dit le titre, en référence à la chaîne de montagnes qu’on trouve en Virginie occidentale, le foyer d’origine de ces trois sympathiques ploucs américains.
Sympathiques, oui. Car les Karma To Burn font partie des groupes que nous aimons défendre à Inside Rock. Ils sont tatoués, moches et taciturnes. Ils font du stoner instrumental. Ils ont des riffs incisifs et percutants. Peut-être même sentent-ils mauvais. Enfin, ils ont hérité du flambeau stoner depuis la séparation des maîtres Kyuss, dont l’ombre semble planer sur Appalachian Incantation. Scott Reeder, ancien bassiste sur Welcome To Sky Valley apparaît aux manettes, John Garcia au chant sur l’excellent Two Times qui clôture l’album. Niveau production, le bassiste a d’ailleurs modifié légèrement la touche Karma To Burn pour les faire sonner un brin plus metal, voire grunge. En revanche, les compositions de Will Mecum font toujours autant preuve d’invention, si bien que les Karma To Burn peuvent se vanter d’arriver à focaliser l’auditeur sur de simples suite d’accords de guitare bruts, purs, simples. Pas la moindre goutte d’ennui à l’horizon. Un peu de monotonie au début certes, mais qui tournera vite à cette transe tant recherchée - et obtenue - par le groupe.
L’œuvre s’écoute comme un ensemble cohérent, défilé de nombres assez désordonné (les titres des chansons de Karma To Burn ressemblent au tirage du loto : "et le numéro complémentaire est... le 24 !") qui ne doit pas cacher que le tout est ici en réalité bien supérieur à la somme des parties. C’est pourquoi certains instrumentaux moins intéressants se fondent toutefois parfaitement dans le paysage, vite balayés par d’autres plus virtuoses qui s’empressent de donner l’illusion de n’écouter qu’une seule et même chanson. Au final, la dernière chanson nous présente un groupe qui sait aussi ralentir le tempo pour offrir une prestation particulièrement heavy, magnifié par le chant de John Garcia. Il nous avait manqué, John. Encore une fois, Will (guitare), Rich (basse) et Rob (batterie) ont réussi leur coup et nous font plonger dans un voyage au cœur du riff. Moins grandiose que la pure merveille Almost Heathen, ce nouvel opus reste incontournable pour tout amateur du genre, et au-delà.
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