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The Razor's Edge

The Razor’s Edge

AC/DC

par Antoine Verley le 22 mars 2010

3

Paru en septembre 1990 (Atco/Epic)

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Que reste-t-il d’AC/DC en 1990 ? Autant le dire tout de suite, rien. La décennie 80, ouverte sur un For Those About To Rock plus que contestable, prit des allures de descente aux enfers albums après album. Essais pitoyables (Flick Of The Switch, Fly On The Wall, Who Made Who, Blow Up Your Video), image sans cesse bastonnée (Un certain Richard Ramirez, sapé de merch AC/DC, commit 13 assassinats au son de Night Prowler), rien n’échappait alors à Acca Dacca. Leur aura déclinait sans cesse (la scène rapportait toujours, mais sur disque, qui en voudrait ?), de drastiques réformes structurelles s’imposaient.

En 1990, on peut, sans lorgner vers un passéisme facheune, affirmer une chose : le boogie n’excite plus les gamins. La majorité des Grands Anciens a darwinement compris qu’ils seraient appelés à s’adapter ou à disparaître. S’adapter signifierait donc se ridiculiser, si l’on tient l’idée reçue dominante quant aux eighties : les Rolling Stones se prostituent depuis un bon bout de temps, Les Toxic Twins d’Aerosmith mettent de l’eau dans leur poudreuse, jusqu’à ce que la moindre note de leurs albums depuis 1981 transpire le credo "Moins de Blues, plus de flouze". Dans le tourbillon des eighties, maintenir une flamme en vie est donc a priori plus simple qu’en allumer une ("c’est con ce que tu dis"), mais cette ère prend fin avec un phénomène : Guns N’ Roses. Les salauds raflent tout, et ce en s’appuyant sur une fraîcheur beauf vieille comme le rock ! Angus a donc sous les yeux la preuve que faire du neuf avec du vieux est encore possible. Après le pétard mouillé Blow Up Your Video en 1988, il décroche la timbale grâce à une idée de génie.

Qu’aiment-ils, alors, les kids ? Simple. La démonstration technique. C’est, s’il est utile de le rappeler, l’époque du décollage solo de Steve Vai, de la carrière de Zakk Wylde aux côtés d’Ozzy... Le ratio notes/nombre de doigts serait devenu le critère favori des morveux pour évaluer la qualité d’un album ? Cliché réducteur, sans doute...

...Mais en tout cas, cela n’a pas échappé au bluesman en culottes courtes. La preuve : ces quelques secondes de tapping au début du morceau Razor’s Edge, l’air de dire "Regardez, les enfants, papa aussi sait y faire" ! Mais la véritable recette miracle se nomme Thunderstruck : un riff à Mach2, une enfilade rusée de notes se chevauchant ad lib pour former une intro pyramidale du meilleur effet... Et donc, pour un gamin, une preuve de la virtuosité d’Angus. Là où un vieux vanterait les mérites d’un solo boogiesant comme celui de Let There Be Rock, un prépubère s’excitera sur Thunderstruck. Notons également qu’aujourd’hui, chaque boutonneux de France et de Navarre muni d’un manche se targue aujourd’hui de savoir jouer le morceau (Pas franchement sorcier, donc). Bref, un nouvel hymne auquel est offerte une place pérenne dans les setlists de concerts, chose non vue depuis For Those About To Rock (à l’exception d’un timide Heatseeker, That’s The Way I Wanna Rock and Roll ou Who Made Who de temps à autres). Les kids goberont donc le beurre et l’argent du beurre : le bon (Razor’s Edge, panier de serpents titillé, Are You Ready, simple et couillu), le douteux (une poignée de Got You By The Balls ou Goodbye And Good Riddance To Bad Luck s’embourbant dans un classicisme mol-bandant), et même le révoltant (le single Moneytalks "je m’voyais déjà en You Shook Me All Night Long").

Résultat ? L’engin atteint la quatrième place des charts au Royaume-Uni et, chose jamais vue depuis longtemps, la deuxième aux States ! En plus d’assurer une pérennité au succès du groupe, il prépare diablement bien le terrain pour la tuerie Live qui suivra et son pendant vidéo Live At Donington.

Suite à ces rouleaux compresseurs heavy un tant soit peu racoleur, les vieux de la vieille crient à la trahison... Certes, l’essai est disparate et ne vaut pas un bon vieux Back In Black ; mais il est plaisant de constater que le groupe ne se démerde pas trop mal hors du strict cadre hard boogie. Pis y’a quand même du putain de bon, là-dessus.



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Tracklisting :
 
1. Thunderstruck (4:53)
2. Fire Your Guns (2:53)
3. Moneytalks (3:45)
4. The Razors Edge (4:22)
5. Mistress For Christmas (3:59)
6. Rock Your Heart Out (4:06)
7. Are You Ready (4:10)
8. Got You By The Balls (4:30)
9. Shot Of Love (3:56)
10. Lets Make It (3:32)
11. Goodbye & Good Riddance To Bad Luck (3:13)
12. If You Dare (3:08)
 
Durée totale : 46:29