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par Brice Tollemer le 23 janvier 2007
Si la peine, la souffrance, la solitude et la mort sont les thèmes prédominants de Dirt, ils ne font pas tous nécessairement référence à la drogue ou à son addiction destructice. L’expérience traumatisante de la guerre est aussi évoquée...
"Aint found a way to kill me yetEyes burn with stinging sweatSeems every path leads me to nowhere"
Le Viêt-Nam. Rarement un conflit n’aura autant marqué les représentations culturelles d’un pays. Les plus grands réalisateurs s’en sont inspirés pour un résultat toujours à la hauteur du traumatisme vécu par les Américains. Coppola avec Apocalypse Now, Kubrick avec Full Metal Jacket ou bien encore Oliver Stone avec Platoon ont su retranscrire dans leur style propre le choc trouble et nauséabond de ce conflit. 60 000 soldats US sont morts durant ces quinze années de guerre, véritable bourbier qui a profondément marqué toute une génération de combattants.
"Here they come to snuff the roosterYeah here come the rooster, yeahYou know he aint gonna dieNo, no, no, ya know he aint gonna die"
Le père de Jerry Cantrell est de ceux-là. Et Rooster trouve son origine dans son expérience du Viêt-Nam. En effet, ce dernier était membre de la 101ème compagnie aéroportée, dont l’emblème était un aigle. Or, il n’y a pas d’aigle au Viêt-Nam, et les combattants vietnamiens la désignaient donc par un coq, qu’il faut donc dégommer (to snuff the rooster). Le guitariste d’Alice In Chains a ainsi voulu évoquer sa propre perception quant à l’expérience militaire de son père. "Ce fut le début d’un processus guérisseur entre mon père et moi par rapport à tout le mal que le Viêt-Nam avait causé" précise-t-il au cours d’une interview accordée en 1999.
"Got my pills against mosquito deathMy buddys breathin his dyin breathOh God please wont you help me make it through"
Pour les soldats de l’Oncle Sam, les conditions sont terribles. Le climat humide, les maladies tropicales viennent s’ajouter à la détermination sans faille des combattants Vietcongs qui ne dorment jamais. Surtout, ils se demandent ce qu’ils foutent là et les raisons de leur présence dans cette partie de l’Asie leur échappent peu à peu. La boue, la mort, la défaite, voilà leur quotidien. Et ce sera leur souvenir du Viêt-Nam.
Mark Pellington (qui a déjà, entre autres, œuvré pour Jeremy de Pearl Jam) est chargé de la réalisation du clip. Pour ce faire, il effectue une interview de 45 minutes du père de Cantrell. Et c’est la première fois que ce dernier évoque son expérience de la guerre. "J’étais étonné qu’il la fasse, dira plus tard le guitariste, il était calme, détendu alors qu’il évoquait une des périodes les plus tristes et les plus étranges de sa vie".
Rooster évoque ainsi l’expérience personnelle du père de Cantrell et surtout de la perception qu’a son propre fils. Ou comment une génération conçoit et ressent les combattants d’un conflit qui ont perdu une guerre inutile et dont le retour et la réadaptation à la vie civile se feront entre douleur et indifférence gênée...
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