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par Parano le 3 juin 2008
Peut-on imaginer nom plus ridicule que Scout Niblett ? Non. Peut-on imaginer artiste plus fascinante que cette fille, magnifiquement enlaidie, sapée comme une demeurée ? Non plus. Et que penser de la voix de la donzelle, plus renversante qu’un autobus à soufflet de la ligne 75 (surtout quand on est piéton) ?
Sachant que la métropole lilloise compte, à la louche, deux millions d’habitants, pas tous aussi crétins qu’un facteur de Bergues, on pouvait s’attendre à ce qu’un raz de marée humain, suant, et hurlant son bonheur, au doux croissant lunaire, submerge le Grand Mix de Tourcoing. Mais non. C’est à peine si une vaguelette, même pas salée, s’est abattue sur le pavé nordique, faisant s’échouer quelques noctambules guindés au pied du bar de la célèbre salle de spectacle.
Comme quoi, l’Homme est un con. Parce que franchement, ce concert, c’est pas pour dire, mais c’était bien mieux qu’un bain moussant avec Zidane, en finale de la Nouvelle Star.
Tout d’abord, Scout a une belle guitare (Fender Mustang de 66, vintage white avec plaque tortoise, je me renseigne pour connaître le tirant des cordes, bande de vicelards). Ensuite, Scout a un beau gilet (bleu), une belle robe (blanche) et de belles chaussettes (rouges). Bleu. Blanc. Rouge. Alors là, quand même, je dis : quelle délicate attention envers son public, franchement franchouillard, ascendant sans-culotte (pas elle, son public). Cette suprême politesse nous prive néanmoins du gilet de chantier (orange fluo), qu’elle porte d’ordinaire (ordinaire étant un mot fort peu approprié à son accoutrement, vous en conviendrez).
Mais tout cela n’est rien. Il y a mieux. Mademoiselle Niblett, fille de John Niblett, sinistre anglais de Nottingham, Angleterre, née le 29 septembre 1973, résidant habituellement à Portland, Oregon des Etats-Unis d’Amérique, à croire qu’elle fait la gueule à ses parents, sait chanter.
On la compare souvent à Cat Power. C’est ridicule. Je n’ai aucune raison de ne pas aimer Cat Power, sauf peut-être la suffisance avec laquelle elle persiste à ignorer mon existence, mais Cat a une voix molle, tandis que Scout sait gueuler. Scout est en colère. N’achetez pas ses disques, elle risquerait de perdre sa voix. Scout aime le grunge et Nirvana. Son folk minimaliste (vous ai-je dit qu’elle joue seule, vaguement accompagnée d’un batteur, qui court rejoindre sa Xbox360 entre deux morceaux) navigue entre noirceur, violence et ban de sable, c’est pourquoi elle ne joue qu’à marée haute. Ne me parlez pas non plus de PJ Harvey, pour des raisons que je ne prendrais même pas la peine d’expliquer.
Voila, vous savez tout. Tout mâle hétérosexuel n’ayant pas peur de sortir les poubelles la nuit, tombera immanquablement amoureux de la belle Scout. Les femmes, elles, regretteront d’avoir négligé l’homosexualité comme principe immanent de leur existence foireuse.
Nul n’étant parfait, Scout Niblett est également astrologue.
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