Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Parano le 6 mai 2008
Je ne sais pas si l’effondrement du dollar profite à l’économie américaine, mais les vieux groupes made in USA s’exportent bien. Après les Pixies, Dinosaur Jr., Smashing Pumpkins (et bientôt RATM), c’est au tour de Sebadoh de franchir l’Atlantique, pour venir écumer les salles européennes. Est-ce une bonne nouvelle ? Oui, car la plupart des groupes mainstream actuels sont plus chiants que la pluie, et le public rock n’a pas d’autre choix que de (re)découvrir les vieilles gloires.
Quand même, écouter Sebadoh en 2008, est-ce bien raisonnable ? Contrairement à ses compatriotes, le gang de Westfield, Massachusetts, n’a pas de tube à faire valoir. Son folk-indie-punk survit tout juste dans les caves de quelques nostalgiques, attendant patiemment que la déferlante garage se calme. Oui mais voila, Sebadoh est un groupe culte. Rare. Le genre de groupe qui fait se lever une armée de fidèles, conditionnés depuis l’adolescence à venir adorer leurs idoles lors de leurs (rares) apparitions. Bien sûr, Sebadoh n’est pas The Police. Mais les mecs peuvent espérer réunir 300 à 400 personnes dans chaque salle où ils posent leurs amplis.
C’est au Handelsbeurs de Gand que le groupe a défait ses bagages, ce 29 avril. La veille, il jouait au Trabendo, à La Villette, mais j’ai préféré l’architecture baroque flamande, les tramways, et les vélos (même pas Lib’), au charme verdoyant du parc des expositions. Question d’ambiance. Je sais d’expérience que le public belge est friand de rock indé.
La salle est superbe. Pierre de taille, tentures, colonnes, voutes et arches. Le Handelsbeurs accueille d’ordinaire des jazzmen, des orchestres classiques, et la présence d’un groupe rock semble un peu incongrue dans un tel cadre. L’avantage, c’est que l’acoustique est exceptionnelle, et que les pissotières ressemblent à des vasques antiques. Et puis il y a de la bière.
Le public est là, aussi. Des trentenaires éclairés, la mèche rebelle. Sages et attentifs. Peut-être impressionnés par le décor de musée qui nous entoure. Ce soir, il ne faut pas espérer slamer. Obscurité. Sebadoh arrive sur scène en père peinard. Lou Barlow ressemble de plus en plus à Cabu. Jason Lowenstein a de faux airs de Kurt Cobain, avec 15 ans de plus, et un trou dans la tête en moins. Eric Gaffney, lui, se contente d’avoir une belle tête à claque. Ne me demandez pas pourquoi, c’est purement subjectif. Il faut noter que, ce soir, Sebadoh joue dans sa formation d’origine, Gaffney ayant quitté le groupe en 1993. Il faut également savoir que, dans Sebadoh, chacun joue de tout, ou presque. Pour le prix d’un groupe, on en aura donc trois : Barlow à la guitare, Lowenstein à la basse, et Gaffney à la batterie. Lowenstein à la guitare, Barlow à la basse, et Gaffney à la batterie. Gaffney à la guitare, Barlow à la basse, et Lowenstein à la batterie. Et le chant ? Tout le monde s’y colle. Excusez du peu.
Je n’espérais pas grand-chose de ce concert, Sebadoh n’ayant pas une réputation de bête de scène, et pourtant, Il ne faut pas plus d’une minute et trois accords pour que la magie opère. Pas de doute, on tient là un grand groupe, et une des plus fabuleuses recettes rock qu’il m’ait été donné de goûter : la tartine Sebadoh. Un chant sucré et mélodieux, étalé entre une tranche de folk sec, et une tranche de bruit nerveux. Un régal, sauf si vous êtes habitué à la grosse bouffe métal. Les titres joués datent, bien évidemment, d’avant le départ de Gaffney, ce qui écarte l’essentiel des albums les mieux vendus (Bakesale et Harmacy). Les puristes sont satisfaits, et les autres, même pas déçus.
Au petit jeu des chaises musicales, Lowenstein tire son épingle du jeu. C’est lui l’électron punk de l’atome Sebadoh. Dès que Gaffney s’empare de la guitare, on n’attend qu’une chose : qu’il la rende à Jason. Pareil pour la batterie. Bien sûr, tout cela est parfaitement subjectif, et la tête à claque doit sûrement avoir des fans. Quant à Lou Barlow, le transfuge de Dinosaur Jr. a le charisme des quadras qui ont roulé leur bosse. A quand un duo avec Kim Deal ? Au final, le groupe aura tenu la scène presque deux heures, en prenant son temps, en sirotant quelques bières, et en rigolant avec un public conquis. Vivement que la mode garage passe, que l’on revienne aux choses sérieuses.
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |