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mercredi 15 avril 2015
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par Parano le 25 février 2008
Paru le 28 janvier 2008 (Universal Music)
Notre époque doit être bien terne, pour que la sortie d’un album prog suscite autant d’enthousiasme. Avant même d’avoir écouté une note de ce Bedlam In Goliath, on peut affirmer que The Mars Volta a réussit son pari : remettre en selle le rock fourre tout, fouillis, exhibitionniste et exubérant des 70s. Le tout sur une major, s’il vous plait (Universal). Barré dans son délire babylonien, le groupe affiche une arrogance rare, doublée d’une paranoïa qui semble dépasser la simple stratégie marketing : Omar Rodriguez-Lopez et Cédric Bixler-Zavala auraient tripoté une table ouija, même pas achetée chez Ikea, et auraient ainsi attiré les foudres de Goliath sur leur groupe. D’où la nécessité d’un exorcisme sur le pouce, prenant la forme, bien pratique pour des rockers, d’un nouvel album. On se régale de cette histoire de malédiction, tiraillé entre rire et incrédulité. Si l’écoute (l’achat ?) de The Bedlam In Goliath peut sortir nos gaillards d’un mauvais pas surnaturel, on ne se fera pas prier.
Rock incantatoire et mégalo, genèse mystérieuse et exotique, le tout bâti sur les cendres d’une légende du rock alternatif (At The Drive-in). Il n’en faut pas plus pour électriser le public rock et fasciner les médias. Les pro et les anti Mars Volta se déchirent férocement, avec des arguments aussi imparables que : « c’est génial » et « c’est nul ». Voila une raison supplémentaire d’écouter l’album, non ? une fois la touche play enfoncée (ou effleurée pour les plus in d’entre nous), nous voila assailli d’une avalanche de sons (combien de couches de guitares ? de samples ? de claviers ? violons ? flûtes ? saxo ?), et soufflé par la bourrasque d’influences improbables : Soft Machine, Mahavishnu Orchestra, Pink Floyd, King Crimson, Miles Davis période électrique, et surtout… At The Drive-in !
Et oui, en faisant abstraction de tout ce fatras sonore, aussi dense que la jungle amazonienne, ou la circulation du périph’, on reconnaît aisément la puissance hors du commun du défunt combo d’El Paso. Cela surprendra sûrement les détracteurs les plus affûtés de la grandiloquence multiculturelle des Mars Volta, mais The Bedlam In Goliath cogne sérieusement, et justement. Ce qui aurait pu être indigeste titille immanquablement les papilles auditives, pourtant gavées de sucreries garage. C’est parfait si on aime la cuisine épicée : Caraïbes et Afrique invitent leurs saveurs dans la cuisine du MC5, et John Frusciante passe les plats. Sinon, on peut toujours aller vomir dans les toilettes, là où Pete Doherty se shoote à l’héro. C’est une certitude : les fans de Bambyshambles risquent fort la crise d’épilepsie, et ceux de Radiohead, l’acouphène.
Le rock ringard des Mars Volta parviendra-t-il à faire oublier 7 ans d’hégémonie minimaliste ? on peut le craindre ou l’espérer. Ce groupe a au moins le mérite de cracher dans la marmite, celle où on fait les meilleures ventes. Au final, The Bedlam
In Goliath est un disque assommant ou passionnant, mais assurément un grand disque.
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