Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Milner le 6 mars 2006
sorti le 19 avril 1999 (Warner Archives / Rhino / East West)
Alors que certains fans regrettent aujourd’hui le virage metal que prit le groupe dans les années 1980, Warner, la maison de disques du mythique combo de Phœnix, a su rapidement faire taire les mauvaises langues en publiant dès 1999 un somptueux coffret chroniquant de 1965 à 1999 la progression des différents groupes qui épaulèrent le mythique Alice Cooper. D’Alice Cooper, né Vincent Furnier en 1948, à The Spiders puis The Nazz (aucuns liens avec l’éphémère combo de Todd Rundgren qui sévissait à la même période mais un clin d’œil à The Yardbirds via le titre The Nazz Are Blue), cette compilation rétrospective de quatre disques lève précisément le voile sur ces années 1965-1970 où tous les groupes s’appliquaient à reproduire à la perfection les sons décomplexés des formations garage de l’époque. Des titres bien ficelés tels que Why Don’t You Love Me, Lay Down And Die, Goodbye, Nobody Likes Me ou la version pop du Hitch Hike de Marvin Gaye. Le genre de découverte qui fait que ces titres auraient très bien pu avoir leur place au sein de la première compilation Nuggets, celle de Lenny Kaye datant de 1972. Ensuite, une fois que le Alice Cooper Band se met définitivement en place en 1968, le groupe, exilé dans la Cité des Anges, rencontre la chance à travers Frank Zappa qui signe le groupe de chevelus graisseux sur son label et leur permet de ramener un gros tube avec l’immortel School’s Out.
A partir de 1972, Furnier et ses acolytes vont devenir en quelque sorte le penchant yankee du glam rock qui s’impose déjà en Grande-Bretagne et attirer les ados prépubères qui se pâment devant le cirque théâtral que propose le groupe sur scène. Son album le plus vendu, Billion Dollar Babies, contient une charrette d’hymnes pop post-glam exécutés magnifiquement (Hello Hooray, Elected, Billion Dollar Babies, No More Mr Nice Guy) tandis que le combo composait à cette époque avec un taux d’alcoolémie particulièrement élevé. Pour le reste, on savourera les extraits (avec inédits et versions single) de sa glorieuse période seventies (les albums incontournables que représentent Killer, School’s Out et Welcome To My Nightmare), aujourd’hui allègrement pillée par Marilyn Manson et en son temps par les membres plus que maquillés de Kiss. En revanche, on s’abstiendra pudiquement sur la période récente car si ce n’est le courageux retour au premier plan grâce au titre Feed My Frankenstein, le reste sombre dans la redite et coïncidera avec le déclin commercial du gang. Finies les campagnes présidentielles contre Richard Nixon, les penchants pour la bouteille, le besoin compulsif de se travestir sur scène, les décès qui s’abattent sans prévenir (pneumonie fatale pour Glen Buxton en 1997) : dans ce nouveau millénaire, ce qu’on sait moins, c’est que Alice Cooper vit toujours, perpétuant un hard rock sans âge et que, privilège de l’âge, il n’a plus besoin de maquillage pour faire peur et accéder au rang d’artiste culte (comprendre : de moins en moins vendeur, de plus en plus vénéré). Il publie régulièrement ses albums pour satisfaire les fans invétérés à travers la trentaine d’albums studio déjà publiée !
Sans conteste de très haute volée, le coffret représente un Alice Cooper cadenassé derrière sa cellule, seule la mention The Life And Crimes Of Alice Cooper apparaît au-dessus de la porte. Le livret explicatif est évidemment parfaitement détaillé, recelant de nombreuses photos souvent inédites (parmi lesquelles le groupe s’affiche aux côtés de Andy Warhol, Salvador Dali et Vincent Price) de différentes époques, incluant la discographie complète et le matériel vidéo disponible. Une biographie assez détaillée orne également le tableau idyllique de ce coffret-souvenir, agrémentée de savoureuses anecdotes de la part de fans aussi divers que le guitariste Slash de feu Guns N’ Roses, le réalisateur de films d’horreur Wes Craven et l’acteur comique Mike Myers à travers l’expérience déjantée de Wayne’s World. L’objet est bien dans l’esprit, son packaging et son livret sont sans discussion haut de gamme. Nombreuses démos inédites, collaborations réussies, investissement de Alice en personne pour sa réalisation : ce n’est ni plus, ni moins que le parfait compagnon musical pour n’importe quel fan accro à l’univers décadent du combo de Sieur Furnier. Indispensable aux fans, recommandé aux profanes.
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |