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par Kris le 29 mai 2006
paru en 1995 aux éditions Faber and Faber (UK)
Alors que j’étais en Angleterre dans un HMV (équivalent de la FNAC pour ce qui concerne la musique) pour regarder les nouveautés, je jette un coup d’oeil au rayon littérature. Biographies de Hendrix, des Beatles, des Doors, de Pete Doherty (déjà ?), des Stones, des bouquins illustrés sur Woodstock, sur le punk etc. Puis au milieu du rayon, un petit livre noir, avec un visage et un regard contemplatif... Ian Curtis ! Pour moi, fan assidu et inconditionnel de Joy Division, cette découverte est inattendue. Je ne pensais même pas qu’un livre sur Joy Division existait (ce que je découvrirais après-coup faux, car il existe en fait une version française du livre, mais chut...) et donc d’autant plus intéressant qu’il s’agit d’une biographie faite par la veuve de Curtis. On aura donc droit à un point de vue de l’intérieur du si grand mystère qu’est Ian Curtis que je ne connaissais et qui ne m’intriguait qu’à travers ses disques et paroles écoutés des centaines de fois, à travers des bios trouvées au hasard du net. Ni une, ni deux je saisis le pain béni, et au passage un t-shirt Unknown Pleasures et je décide de faire péter le portefeuille.
Premier choc, le livre s’ouvre sur les paroles manuscrites de Love Will Tear Us Apart. Deborah Curtis nous décrit dans son livre, dans un premier temps sa rencontre avec Ian. Elle nous explique des traits de personnalité et des idées sur la vie que possédait son futur mari et qui laissent transparaître des futures caractéristiques très marquées de Ian Curtis en tant qu’artiste, tel que nous le connaissons. Deborah nous raconte de manière très naturelle et à la fois pudique sa rencontre, ses relations, son amour pour Ian. Elle nous y livre également son ambition dévorante de devenir une rock star, sa volonté presque maladive de faire de la musique.
La seconde partie du livre s’articule sur la vie de Ian Curtis avec Joy Division, et comment peu à peu Deborah se retrouvera évincée et mise en retrait dans la vie de Ian, mais sans jamais être absente. On y apprend comment Joy Division a réussi à passer d’un petit groupe local à un groupe nationalement reconnu, puis devenir culte après la mort de Ian Curtis.
Ce qui demeure le plus intéressant dans ce livre est le portrait livré par Deborah Curtis de son mari. Vu contemporainement comme un être sombre, dépressif 24h/24h, Deborah nous décrit Ian de manière beaucoup plus humaine et ainsi plus proche de l’homme que de l’artiste. On en apprend plus sur sa volonté de mourir, sans toutefois comprendre pleinement les raisons de son suicide, sa maladie (Ian Curtis était épileptique) qui lui gâchait considérablement la vie, et aussi sur son mariage qui battait de l’aile. Mais également sur ce que pouvait être Ian Curtis au jour le jour, c’est-à-dire drôle, chaleureux, attentioné, colérique, ambitieux (un peu paradoxal pour quelqu’un de suicidaire), tout cela presque en totale contradiction avec l’image qu’il projette aujourd’hui. Finalement Deborah Curtis dresse ici un portrait vu de l’intérieur de la vie de Ian Curtis en rendant l’homme plus humain, d’autant plus touchant qu’on le voit avec ses qualités mais aussi avec ses travers et l’on apprécie d’autant plus son oeuvre, et ses fameux textes, sombres et terribles, prennent d’autant plus d’ampleur lorsque qu’ils sont encadrés dans un contexte défini.
En prime, sont insérés dans le livre des photos inédites de Ian Curtis jeune, avec sa femme et sa fille et sont répertoriés tous ses textes. Deborah Curtis livre une biographie sincère et non racoleuse, qui ne brosse absolument pas la légende et le mythe dans le sens du poil mais en nous racontant sa vie au jour le jour, ce qui nous permet de voir un petit peu plus clair dans la sombre âme du grand Ian Curtis.
And hide from these days we remained all alone.Staying in the same place, just staying out the time.Touching from a distance,Further all the time.Transmission, 1978
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