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par Thibault le 10 février 2009
Paru le 23 septembre 2003 (Ipecac Recordings)
Lorsque Josh Homme, leader des Queens of the Stone Age et ancien guitariste de Kyuss, a un trou dans son emploi du temps, il joue avec ses amis au Rancho de la Luna. Et ainsi, environ tous les deux ans, il organise des sessions d’une semaine ou deux chez lui, enregistrées et compilées sous le nom des Desert Sessions. Dix volumes sont parus à ce jour, toujours par paire, servant autant d’usine à riffs et mélodies pour les Queens que de défouloir pour jouer sans pression en compagnie d’invités. Les Volumes 9 & 10 sont vraisemblablement les plus réussis, et pas seulement parce que le casting est plus que solide : on retrouve les satellites habituels qui gravitent autour de mister Joshua, à savoir Chris Goss, Mark Lanegan, Dean Ween et cie, mais également la très bonne PJ Harvey. Comme dirait Laurent Veil, « c’est du lourd ! »
Rétrospectivement, on se rend compte de la véritable évolution que représente ce volet dans l’œuvre de Josh Homme. Il annonce les tableaux sombres et tortueux de Lullabies to Paralyze, et même, par certains moments, le labyrinthe d’Era Vulgaris. L’album est bien plus éclaté que Songs For The Deaf, qui était pensé comme un road trip, organisé autour du thème de l’évasion. On trouve moins d’hymnes raw pop fracassés à la Go With The Flow ou Another Love Song, les compositions se font moins immédiates ; elles reposent moins sur des riffs et refrains infernaux pour s’appuyer davantage sur le climat – et non pas l’ambiance terme fourre tout traduisant bien souvent deux trois effets mollassons vaguement arty. Une notion que maîtrisait déjà très bien Josh et ses comparses, preuve en est tous les arrangements de lap slide, claviers, percussions et toutes les harmonies envoûtantes qui parsemaient Rated R et Songs for The Deaf. Mais ici ces éléments prennent une autre dimension, les compositions baignant dans un psychédélisme totalement réinventé, où harmonicas, guitare sèches, pianos, percussions et lap slide épaulent les mélodies hallucinées des morceaux, comme sur le lancinant Holey Dime ou le fabuleux In My Head… or Something, l’une des plus grandes compositions du géant roux. Il faut dire qu’avec PJ Harvey, Chris Goss, Mark Lanegan et Josh Homme, ce n’est pas moins que quatre excellentes voix que l’on retrouve tout le long du disque. La première fait merveille sur There Will Never Be A Better Time, chanson enregistrée en une seule prise, avec juste Chris Goss à la guitare acoustique et la voix de Polly Jean, modifiée par des jeux d’écho qui la font aller et venir. Ses cordes vocales font également des miracles quand elles rencontrent celle du rouquin sur le génial Crawl Home, qui montre toute la science du refrain susurré d’Homme.
Mais si Josh et ses petits camarades se font moins bastonnant que par le passé, ils conservent toutefois une bonne dose de muscle. On retrouve toujours la marque de fabrique Palm Desert Institute, à savoir ces boucles de riffs à la fois ronds et robotiques, tout à fait à l’image du rouquin sur scène, un colosse imposant qui se déhanche savamment au rythme d’une basse grondante et anguleuse. La transition entre I Wanna Mike It Wit Chu et Covered In Punk Bloods va en secouer plus d’un et illustre bien toute l’étendue du talent des musiciens ; d’un côté une superbe ballade mid-tempo et langoureuse, de l’autre un instrumental quasi metal mené pied au planché, tout en cassures de rythmes, violentes embardées de batterie et riffs complexes, qui n’est pas sans rappeler les compositions de Nick Oliveri avec les Queens (Quick and to the Pointless, Six Shooter…). Et comme les Desert Sessions sont aussi le moyen de se détendre, on trouve quelques délires comme la minute d’I’m Here For Your Daughter, le brinquebalant Creosote et le final Sheperds Pie (massacre vocal, guitare acoustique, spots publicitaires pour les Eagles of Death Metal et le Mondo Generator, un sacré bordel).
Dernière réunion à ce jour des Desert Sessions, ces Volumes 9 & 10 sont donc les plus aboutis à tous points de vue ; écriture, production et compositions forcent le respect, bien mieux qu’un simple complément aux albums des QOTSA, ils sont avant tout un excellent album de rock aventureux, innovant et au-delà de toute étiquette. L’une des particularités de Josh Homme est sa capacité à digérer toutes ses influences, il ne sonne pas comme « machin avec les riffs de truc et l’esprit de chose » ; de Kyuss aux Queens en passant par les Desert Sessions, on retrouve son touché guitaristique unique et ses mélodies non éculées. En ce moment le bonhomme s’amuse avec Jesse Hughues chez les EODM et des rumeurs courent sur une participation de Maynard James Keenan, chanteur de Tool, à de nouveaux volumes des Desert Sessions. Rien n’est sur, mais l’idée d’une telle rencontre est plus qu’alléchante. Au passage, on conseillera de jeter une oreille aux autres volumes des Desert Sessions, qui contiennent souvent quelques pépites jouées dans d’autres versions avec les Reines ; Avon, Monsters in the Parasol, You Think I Ain’t Worth a Dollar, But I Feel Like a Millionaire, Hangin’ Tree, In My Head, I Wanna Mike It Wit Chu… Toutes ces petites merveilles sont issues de ces enregistrements, autant de raisons pour aller les écouter fissa !
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