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mercredi 15 avril 2015
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par Efgé le 22 septembre 2009
Sorti le 19 mai 2008 (Sony BMG)
Aaah, les groupes emmenés par des filles-chanteuses-à-frange, so sexy avec leur regard faussement détaché et vraiment lubrique, accompagnées par un metrosexuel barbu chaussé de grosses lunettes noires (si possible avec monture de couleur fluo) et qui fait la gueule : après les Kills, les White Stripes, à un degré moindre les Yeah Yeah Yeahs (et j’en oublie sûrement un paquet), les Ting Tings nous font à nouveau le coup. Et le pire, c’est que ça marche.
D’autant qu’ils se sont donnés du mal, Katie et Jules. Elle, Katie White, sorte de Blondie née 20 ans plus tard (et moins bien habillée, faut dire aussi), ex-bouseuse née dans une ferme, ex-meneuse adolescente d’un groupe de girl-pop à l’insuccès complet. Lui, Jules, élevé dans l’Est de Londres, ancien membre d’un groupe de rock chrétien, puis chanteur du groupe indie Mojo Pin - très très indie même, vu le nombre de disques vendus. Forcément, leur rencontre à la fac ne pouvait déboucher que sur… un bide : leur premier combo, Dear Eskimo, qui a fondu comme neige au soleil lorsque leur label a décidé d’arrêter les frais (les frais, Eskimo ? compris ? marrant, non ? bon).
Pour stopper cette complète scoumoune, Katie et Jules ont tout de même un atout non négligeable : ils sont originaires de Manchester (oui, bon, de banlieue, mais on va pas chipoter). Manchester, ou plutôt Madchester, la plus importante usine d’Angleterre à groupes funky et torrides depuis les Stone Roses et autres Happy Mondays. Débarrassés de toute pression, les deux outsiders enregistrent une poignée de chansons, se rappellent des recettes inventées par les White Stripes : des rythmes martiaux, un beat lourd, des mélodies simples mais imparables, et les ornent de guirlandes électro, new-wave, et même disco. Le résultat est d’une fraîcheur imparable : l’ultra-diffusé Shut Up and Let Me Go sera leur premier hymne, n°1 des charts en Angleterre et choisi par Apple pour illustrer la pub de l’iPod en 2008. Le succès est international ; ils avaient prévu le coup, ting, ça veut dire « écouter » en mandarin.
Le succès est-il mérité ? Plutôt, oui, car derrière un titre plutôt bas du front (We Started Nothing, ok, très encourageant), l’album des Ting Tings cache dix petites bombes pop post-Myspace. Malgré leur formation restreinte, les multiples influences de Katie et Jules leur font varier les plaisirs avec bonheur : du véritable hymne pour stades de l’album, Great DJ, à We Started Nothing, qui ressuscite Dee-lite, en passant par That’s Not My Name et ses rythmes d’inspiration tribale, de multiples incursions electro (Fruit Machine, Keep Your Head), une virée dans la pop eighties (Be The One), un Impacilla Carpisung que Timbaland pourrait avoir produit, et même une comptine pour poupée mécanique (Traffic Light). Alors, certes, les Ting Tings n’ont rien inventé ; certes, les groupes bénéficiant d’un tel buzz ont neuf chances sur dix de tomber dans un oubli profond dans trois ans, mais Katie et Jules ont réussi le seul pari qu’ils s’étaient lancé : donner l’envie de bouger la tête et les jambes pendant un peu plus d’une demi-heure. Un an après la sortie du disque, le soufflé n’est toujours pas retombé : they started nothing, ok, alors on a hâte qu’ils s’y mettent.
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