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mercredi 15 avril 2015
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par Milner le 18 octobre 2005
paru le 3 octobre 2005 (Domino Recording)
Pour un auditeur lambda qui viendrait de la planète Mars, qui ne se douterait pas des intentions présidentielles de M. Sarkozy et qui ne connaîtrait pas Franz Ferdinand en 2005, il est possible de résumer la situation ainsi : si vous n’êtes pas insensibles à la puissance poétique dégagée par The Kinks et si la simple vue d’un bonbon Haribo vous fait décoller plus haut que la fusée Soyouz, alors ce groupe est fait pour vous. Et pourtant ...
Pour ceux qui promettaient, il y a quelques mois, la chute d’un groupe "trop jeune", "trop copieur" ou "trop produit marketing", You Could Have It So Much Better risque fort de leur donner quelques sueurs froides. Parce que, modestement, l’album du quatuor écossais vient de conférer aux mots mélodie et impact une dimension bien plus grande que prévisible. Cycliquement, la Grande-Bretagne envoie ses charters de révélations du mois puis s’assoupit, sitôt dénichées, pour finalement ne relever la tête qu’à travers une de ses véritables bonnes surprises dont elle a toujours le secret. Et en un peu plus d’un an, force est de constater que Franz Ferdinand s’est imposé avec deux albums dont le dernier est taillé pour passer à la postérité.
À l’époque où Roger Waters s’efforçait de réaliser un remake grandiloquent de La Révolution Française (à la manière d’un exercice de style), You Could Have It So Much Better peut tout à fait paraître comme un échantillon de calques un peu trop empreints de nostalgie post-punk. Bien au contraire, en à peine plus de quarante minutes et treize chansons percutantes, ces archiducs étalent faiblesse et grandeur d’âme musicale sur des titres dansants, ballades et morceaux plus ambitieux. Que ce soient Eleanor Put Your Boots On, ballade pessimiste qui dérape et qui succède sans rupture au rock déviant et envoûtant de You’re The Reason I’m Leaving, tous les titres semblent indispensables pour conduire le courant de ce disque pas mou du genou pour un sou.
Qu’un Fade Together, grandiose (ambiance sonore digne d’un Todd Rundgren dépouillé d’artifices) précède un Outsiders (immortalisé par un clavier façon Specials) ne fait qu’ajouter un supplément d’onctuosité, de saveur et de cohérence au projet. Alex Kapranos maîtrise dorénavant parfaitement bien ses différents niveaux de voix et n’a pratiquement plus besoin de hurler pour se faire entendre (encore que sur Evil And A Heathen...). La production fouillée et intelligente de Rich Costey est sans doute le point d’orgue d’une œuvre aussi touchante que totalement aboutie, et qui rapproche de plus en plus le groupe de Blur tout en le faisant sonner de moins en moins comme Gang Of Four.
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