Quand on entend parler des Beastie Boys, les premières choses qui viennent à l’esprit sont : hip-hop, New York et délires. Mais avant tout, pourquoi parler d’un des plus grands groupes de rap sur un site aux tendances “rock et dérivés” ? L’explication est assez simple en soi... Il suffit de regarder un peu ce que la musique rock nous a offert ces deux dernières décennies : beaucoup de métissages (le metal, le néo-metal, le trip-hop, le rock et la pop électronique, et j’en oublie un paquet). C’est plus exactement à la période où certains “bien-pensants” ont déclaré le rock mort et enterré que les musiques de rue se firent entendre avec en première ligne, bien sûr, le hip-hop. Ce n’est que quelques années plus tard que différents artistes se risquèrent à faire un partenariat nous offrant de nouveaux styles et bien entendu de nouveaux groupes. Parmi les plus récents et les plus (re-)connus, il y a évidemment Gorillaz, mais aussi certains artistes fichés trip-hop ou abstract hip-hop car mélangeant beaucoup de choses tel DJ Krush, DJ Shadow, Dan the Automator (le producteur du premier album des Gorillaz)...

Mais pour revenir à nos moutons, les Beastie Boys avaient déjà testé beaucoup de choses bien avant l’heure. À l’origine (c’est à dire au début des années 80), les trois lascars sont des punks qui découvrent au coin d’une rue ces rythmes endiablés, des mecs bizarres tripotant les vinyles n’importe comment pour en sortir un son et des gars parlant en rythme plus qu’ils ne chantent réellement. Ce fut un choc et depuis, notre trio new-yorkais sévit pour leur plus grand plaisir et notre curiosité avant l’intérêt musical !

Et c’est donc après une multitude d’albums et de maxis (13 en tout à la date de 1999), que Michael “Mike D” Diamond, Adam “MCA” Yauch & Adam “Adrock” Horovitz nous sortent une sorte de compilation de leurs meilleurs morceaux. Comme beaucoup de “Best Of”, ce ne sont pas seulement des chansons déjà connues avec un ou deux morceaux nouveaux, mais bel et bien une réunion de ce que le trio a fait de mieux en n’omettant pas les remixes et autres divergences (voir plus bas). Car The Sounds Of Science nous retrace le parcours des treize opus avec les évolutions musicales du groupe mais aussi les résurgences qui s’effectuèrent pendant près de vingt ans dans le monde de la musique. Entendez ici, que si la mode était de mixer de la disco, du funk ou de la dance, les Beastie Boys s’y collaient aussi (mais toujours à leur sauce).

Comme précisé plus haut, quelques remixes se baladent, provenant du groupe ou bien d’autres spécialistes du genre tel Fat Boy Slim (Body Movin’). Mais le plus intéressant (bizarre serait plus adéquat) reste certainement les petites pépites comme cette reprise live de Benny And The Jets de Sir Elton John (franchement on se demande si on écoute le bon disque quand on tombe dessus !!!). On trouve aussi de gros délires (ou horreur, à vous de choisir) d’un certain “Country Mike”. Car, pendant un temps, Mike D s’est converti à la country et franchement, c’est hilarant (Country Mike’s Theme & Railroad Blues) !

Mais outre ces chansons, lorsqu’on découvre le monde des Beastie Boys, c’est une assez bonne surprise. Car leur rap n’est pas aussi présent que celui de leurs homologues californiens (Dr.Dre, Eminem ...). Les voix sont souvent plus travaillées pour les intégrer aux mélodies. Car oui, il y a des compositions originales qui accompagnent le “flow” de paroles. Et ce n’est pas du pré-enregistré, n’oubliez pas que le trio vient d’un monde où on joue ses propres morceaux, et c’est un grand plus ! Lorsqu’on surprend un solo de guitare, c’est l’un des trois qui est derrière ! De plus, ils n’ont pas renié leurs origines punk et ça ce ressent lors de l’écoute de Believe Me, Time For Livin’, I Want Some, etc... D’ailleurs, les morceaux punk représentent facilement 1/5 de The Sounds Of Science ! Il reste bien sûr des morceaux pur rap bien difficiles à digérer lorsqu’on n’écoute pas de hip-hop.

Le premier intérêt à vouloir écouter cette anthologie réside principalement dans la curiosité musicale. Lorsqu’on dévie un peu de sa route rock pour découvrir des groupes de trip-hop ou de musique electro, on tombe rapidement sur quelques morceaux plus ou moins rappés (exemple avec Tricky qui est un rappeur à l’origine et qui parle plus qu’autre chose). De plus, les participations entre rappeurs et rockeurs se font de plus en plus (encore Gorillaz). D’autres intérêts peuvent se présenter comme ceux concernant l’originalité des compositions et du délire auquel se prête les protagonistes. Sinon, si vous êtes allergique au rap et tout ce qui s’en approche, passez votre chemin.

Mais pourquoi The Sounds Of Science et pas le Best Of sorti récemment ? Certes, il manque un album à l’anthologie, mais elle est bien plus intéressante. Car retracer vingt ans de carrière avec seulement 15 titres contre 42, le choix est vite fait !