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mercredi 15 avril 2015
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par Our Kid le 4 avril 2006
paru le 21 août 1997 (Helter Skelter / Small / Sony)
Avec ce troisième album, Oasis ne manquait pas d’ambition ni de moyens. Plus jamais depuis nous n’avons assisté à une telle science dans la campagne de promotion, orchestrée par les déclarations des membres du groupe, Noel Gallagher en tête pour qui la progression logique de son groupe voulait qu’il batte tous les records de l’album précédent (What’s The Story) Morning Glory ?. Tout devait être marquant et frapper les esprits pour les années qui allaient suivre. Si la qualité musicale de l’album fait l’objet de débats qui n’en finissent plus - et qui ajoutent encore à la légende des Mancuniens - il y a un aspect de cet opus qui, s’il occupe encore les discussions des fans de nos jours, porte sur la signification de la pochette ou plus exactement sur les personnes ou les idoles musicales visées à travers la présence de certains éléments.
Tout d’abord, présentons les auteurs de la dite pochette. Cette dernière a été réalisée par l’équipe habituelle entourant Oasis, à savoir Microdot avec Brian Cannon et Michael Spencer Jones, sous la supervisation du Chief, Gallagher Senior. Cependant, contrairement aux discours fanfaronnant accompagnant Be Here Now, peu d’indices ont été formulés concernant le travail de la pochette et son idée directrice. Pour seuls témoignages, on dispose d’une source officielle et de celle d’un proche de la formation. Ainsi, le porte-parole du groupe déclara à la sortie de l’album : « Ce n’est un secret pour personne que les membres du groupe sont fans des Beatles. Mais les gens peuvent lire ce qu’ils veulent à travers les images. Nous souhaitons conserver une certaine mystique à leur sujet et nous n’allons donc pas trop en dire ». Un proche du groupe révéla qu’« ils voient cet album comme leur Sgt. Pepper à eux, album légendaire pour sa pochette. Ils veulent faire figurer sur la leur des tas de symboles en relation avec les Beatles. Tous les éléments sont là pour une raison ». Bien, alors, contentons-nous de cela et approchons notre regard pour pénétrer l’objet du crime.
De prime abord, rien de bouleversant : on est en présence d’un visuel mettant en scène le groupe dans un cadre extérieur, certainement à l’arrière d’une résidence privée puisque le groupe pose autour d’une piscine. Certains objets sont disposés parmi les membres de la formation mancunienne, une technique déjà apparue sur Definitely Maybe en 1994. Toujours désireux de signifier au grand public qu’Oasis représente le chaînon manquant entre passé et futur, les concepteurs de la pochette vont donc s’employer à mettre en place une pochette d’apparence banale, mais lourde de signification pour les historiens du rock et particulièrement les beatlogistes. Le cadre tout d’abord. Le cliché a été pris à l’hôtel, The Stocks Hotel And Country Club, à Albury, un endroit qui était connu comme un repaire de nuit de Keith Moon, le batteur des légendaires The Who. En parlant de ces demi-dieux, parlons du poste de télévision aux formes arrondies situé au bord de la piscine qui représente un hommage au film Tommy, dont la bande à Moon est également impliquée puisque le chanteur, Roger Daltrey, y tient le rôle principal. La Rolls Royce dans la piscine est un clin d’œil à notre batteur fou qui plongea le véhicule dans la piscine d’un hôtel le soir de ses 20 ans. Mais c’est également la même que celle que possédait John Lennon à la fin des années 1960 et on remarquera qu’elle dispose de la même plaque d’immatriculation que le van noir que l’on observe sur la pochette d’Abbey Road de The Beatles. Les Fab Four, justement, sont omniprésents sur la pièce visuelle. Ainsi, l’horodateur sortant du fond de la piscine, est un hommage aux Beatles à travers les paroles de la chanson Lovely Rita figurant sur Sgt.Pepper’s Lonely Hearts Club Band, l’horloge, quant à elle, ressemble trait pour trait à celle qu’on peut voir dans le film A Hard Day’s Night, aux abords de la gare. Dans le film Magical Mystery Tour des mêmes Beatles, il y a une scène dans laquelle Ringo observe un globe géant à travers un téléscope, ce qu’imite Noel sur la pochette. Le gramophone est un hommage à la maison de disque HMV dont le logo se compose d’un gramophone et d’un chien, Kipper. HMV signa un contrat avec The Beatles avant que Decca ne proposa une audition aux quatre. À ces références aux garçons dans le vent, on soulignera le contenu des paroles de Be Here Now qui poursuit allègrement l’exploration des symboles entourant les quatre, révélateur d’une pathologie exacerbée chez le guitariste.
Ce dernier n’oublie pas non plus qu’il a été un fan de The Jam et des mods plus généralement (tiens ! encore The Who), le scooter Vespa sur le devant du cliché, aux côtés du chanteur Liam est là pour le rappeler puisqu’il constitue un élément essentiel de l’iconographie mod des années 1960 à 1980. Enfin, on remarque évidemment la présence d’un calendrier rappelant la date de sortie de l’album et qui diffère suivant les pays (la pochette américaine fait mention de la date du mardi 26 août).
Pour la petite histoire, une pochette alternative a même été conçue et rejetée par la suite. La plupart des éléments présents sur le résultat final étaient en place, à l’exception d’une cabine téléphonique rouge au fond de la piscine, référence au film A Hard Day’s Night dans lequel les Beatles se réfugient en attendant que la mania ne se calme, même si un cliché similaire mettant en scène The Sex Pistols tempère quelque peu cette ardeur pour les Liverpuldiens. Mais puisque cette pochette est destinée à brouiller les pistes... La date figurant sur le calendrier est également différente (3 septembre) et renvoie à plusieurs événements historiques dont le jour où John Lennon et Yoko Ono quittèrent la Grande-Bretagne pour de bon, en 1971, en vue de s’installer à New York. C’est également le jour où se déclencha la seconde guerre mondiale.
Des tas de détails restent à élucider, sûrement en relation avec l’univers des Beatles, mais des fans se penchent sur le sujet depuis presque dix ans, sans succès probant. Par exemple, on se demande à quoi doit-on rapprocher le boulier ou encore la clé dorée que Bonehead utilise comme une guitare. De même, il semblerait que le lieu ait été choisi pour sa ressemblance avec la propriété de Lennon à Tittenhurst Park, là où a été tourné le film Imagine. Dans le même ordre d’idées, la pendule dépourvue d’aiguilles est peut-être à rapprocher du film Yellow Submarine des Scarabées mais rien n’est moins sûr. La traque continue toujours et les membres du groupe sont toujours aussi peu bavards au sujet de la pochette de Be Here Now. Si le contenu de l’album ne fait guère plus parler en 2006, on parle encore de ce disque pour de toutes autres raisons et ce n’est pas plus mal.
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