Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Fran le 21 mars 2006
publié le 14 décembre 1979 (CBS)
Septembre 1979, The Clash sort de deux mois d’enregistrements harassants et à hauts risques de ce qui doit constituer leur troisième album. Histoire de tester les nouveaux morceaux et confirmer l’ascension du gang de Brixton Outre-Atlantique, les Clash partent pour une tournée de huit dates à travers les États-Unis.
Ce 21 septembre 1979, le groupe se produit dans un New York Palladium bondé et enthousiaste où rôdent Bruce Springsteen, Robert De Niro ou encore Andy Warhol. Prêts à en découdre, le Clash se précipite, assène sans discontinuer brûlots punks et nouvelles compositions rocks avec - comme souvent - approximation. Sans jamais faire baisser l’ardeur d’un public acquis à leur cause et malgré une performance saluée par tous le lendemain avec notamment un article excellent dans les pages de Time Magazine, le Clash n’est pas satisfait de sa prestation.
Paul Simonon, bassiste aléatoire mais néanmoins scrupuleux, s’entripatouille dans ses lignes de basse et voit soudain ressurgir les démons du passé (cf. Story Clash). Une maladresse de trop et voici le jeune Paul partit dans un numéro de voltige avec son instrument. Prêt de lui, Pennie Smith qui suit le groupe depuis ses débuts, et qui en pince sévère pour le jeunot de la bande, est dépêchée pour illustrer l’album à venir. Devant les frasques de son héros, Pennie prend peur, recule et appuie machinalement sur son appareil. Comme galvanisé par les récentes sessions en studio en compagnie du très frappé Guy Stevens (cf. Story Clash) et à la manière de Pete Townshend, son modèle scénique, Paul explose sa fidèle Fender. Johnny Green (manager du groupe) décrira dans ses mémoires sur les Clash (A Riot Of Our Own : Night & Day With The Clash) : « I looked back onstage to see Simonon clutch his bass neck and start smashing it on the floor like he was chopping wood » (« J’ai regardé derrière moi pour voir Simonon sur scène saisir son manche de basse et commencer à la frapper contre le sol, comme s’il coupait du bois »). Paul avouera plus tard regretter seulement de ne pas avoir levé plus la tête et détruit sa basse préférée, celle qui l’avait vu naître (en tant que musicien).
De cet épisode reste aujourd’hui ce cliché de Pennie Smith. Même si cette dernière hésitera longtemps à confier à la postérité cette photo floue et mal cadrée, elle est finalement choisit pour illustrer l’album qui sort le 14 décembre 1979.
Alors que deux ans auparavant, suivant une rhétorique punk, le Clash scandait "No Elvis, Beatles and Rolling Stones in 1977", leur musique reflète désormais leurs goûts et influences : l’Angleterre bien sûr, la Jamaïque, mais surtout l’Amérique avec cette pochette inspirée directement du premier album d’Elvis sortit en 1956 et considéré comme le premier album rock de l’Histoire. Étrange analogie quand on sait que The Clash reste pour beaucoup le dernier groupe de rock et que London Calling devait être le dernier album du combo avec pour titre originel The Last Testament. Mais ne nous hasardons pas plus loin dans les théories du style "Le rock est mort le jour où ...", très tentantes j’en convient, à l’aube de l’obscurantisme musical des années 1980 qui s’annonce.
Sur Elvis Presley, son premier album chez RCA, datant de 1956, le King ne fait qu’un avec sa guitare qu’il tient fièrement sur sa poitrine, stimulant ses cordes vocales, et qui à gorge déployée porte au nu une nouvelle manière de jouer et chanter. Une vingtaine d’années plus tard sur London Calling, l’instrument ne fait plus corps avec son maître, il est violenté, rejeté sans vergogne. Plus qu’une allégorie de fin du monde - du rock - cette pochette symbolise une certaine Renaissance du rock que le punk a permis d’initier. Cette volonté d’ignorer tout ce qui a précédé, mépriser les codes et les normes, déconstruire les structures des morceaux, retrouver la spontanéité des débuts, etc... Détruire tout ce qui s’est fait pour construire quelque chose de nouveau. Une violence qui se veut créatrice car c’est du chaos que le Clash est devenu grand. D’abord piètres musiciens, c’est grâce à leur envie et leur acharnement qu’ils tutoient désormais leurs aînés.
En sondant le rock et sans pour autant dénigrer le punk, le Clash signe un grand disque, pour beaucoup LE disque. La pochette qui l’accompagne est devenue une icône éternelle du rock’n’roll qui n’en est pas moins immortel.
Vos commentaires
# Le 14 juillet 2013 à 18:47, par Mickael En réponse à : London Calling
Bonjour,
Merci pour cet article qui a comblé mes lacunes je savais que cette pochette était culte mais sans vraiment savoir pourquoi.
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |