Concerts
Devendra Banhart And Hairy Fairy + Vetiver

Aberdeen, Écosse (The Lemon Tree)

Devendra Banhart And Hairy Fairy + Vetiver

Le 3 septembre 2006

par Béatrice le 19 septembre 2006

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Il n’y a pas beaucoup de citronniers sur la côte est de l’Écosse (ni d’ailleurs sur la côte ouest) ; en revanche, les établissements portant le nom de Lemon Tree prolifèrent dans tout le pays. C’est dans l’un de ceux-ci, salle de concert intimiste située dans un grand bâtiment en granit gris au centre d’Aberdeen, que Devendra Banhart et sa “fée poilue” ont atterri ce dimanche 3 septembre.

Le chanteur hirsute a embarqué, pour assurer les premières parties au cours de cette tournée, ses amis de Vetiver (dont deux l’accompagneront ensuite sur scène). De ce choix, on serait bien mal avisé de se plaindre ; le quatuor aurait tout aussi bien pu être en tête d’affiche, eut égard à la qualité et à la longueur de sa prestation. Certes, les

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premiers rangs, qui se trouvent être à quelques dizaines de centimètres à peine des musiciens, sont restés assis, mais n’en sont pas moins enthousiastes - et comment ne pas l’être, quand un groupe étire ses mélodies calmes et prenantes, héritées de Calexico et de Neil Young, pendant près d’une heure ? Personne ne se lève, mais les applaudissements sont de plus en plus nourris, et les musiciens (à l’exception du bassiste, qui a vaguement l’air de se demander ce qu’il fait là), de plus en plus possédés par leur musique, qui se fait elle plus nerveuse et plus enlevée. Le guitariste de Hairy Fairy vient prêter main forte sur une chanson, suivi par Devendra Banhart lui-même qui, un verre de vin dans une main et un micro dans l’autre, fournira sourires et couinements félins sur une autre.

De façon assez surprenante, le public se lève comme un seul homme dès lors que les musiciens se sont retirés (il faut dire que, même si la scène était très basse, il y avait de quoi attraper un beau torticolis à fixer assis les musiciens), et attend donc Devendra, dont la musique plus échevelée et moins envoûtante que celle de Vetiver se prête nettement moins bien à une écoute calme et quasi-religieuse. Devendra Banhart, barbe et cheveux en désordre mais moustache soigneusement travaillée, monte sur scène seul, empoigne sa guitare, et entonne la première chanson du concert, qui sera d’ailleurs celle qui ressemblera le plus à une chanson au sens généralement admis du terme. Ses quatre musiciens, tous plus barbus et ébouriffés les uns que les autres, ne se font pas prier pour le rejoindre à la fin du morceau, et démarre alors un joyeux charivari que la baisse du niveau de vin dans les verres ne va pas aider à calmer. On peut même se demander comment les deux musiciens de Vetiver (le batteur et le chanteur) qui auront travaillé pour deux ce soir, se débrouillent pour passer avec autant d’aisance d’un univers musical à un autre...

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Apparemment, le groupe n’a pas jugé utile de préparer une setlist, et les morceaux s’enchaînent on ne sait trop comment, entrecoupés d’improvisations, de blagues lancées au public ou aux autres musiciens, et de coup d’œil et d’éclats de rires complices. En plein milieu du set, Devendra pose sa guitare, prétextant on ne sait quel problème, et invite qui veut à venir jouer ce qu’il veut sur scène. S’avance alors un dénommé Jerry, qui apprend-on ensuite est logé à l’auberge de jeunesse de la ville, et qui se lance, à peine hésitant, dans une de ses propres chansons, auxquelles les autres musiciens vont contribuer en se mettant à deux ou trois à la batterie. Applaudissements nourris, remerciements chaleureux de Devendra ("Thanks man, that was beautiful"), et Jerry retrouve sa place dans le public, pendant que les musiciens reprennent possessions de leurs instruments et se lancent de plus belle dans le bazar (plus ou moins) organisé qu’est leur spectacle, qui paraît pouvoir durer éternellement.

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Sauf que, tout d’un coup, le leader du groupe s’interrompt en pleine intro d’un morceau et s’excuse, il est vraiment terriblement désolé, mais il avait oublié que la chanson précédente était la dernière du concert, et donc, ben, il s’en va, de toute façon, il faut qu’il se douche. Le public compte ce qu’il faut de fans pour ne pas se contenter d’un tel faux-départ, non mais oh, quand même, et quelques “You should get a setlist, guys !” plus tard, les Fées Poilues (leur nom leur va décidément remarquablement bien, s’il peut aller à quelqu’un) reviennent plus déchaînées que jamais et après quelques hésitations décident de jouer I Feel Just Like A Child qui sera très nettement rallongé par rapport à sa version originales, et dont plus de la moitié sera chantée par un Devendra dansant au milieu du public, sous le regard amusé du guitariste de Vetiver qui depuis les coulisses, ne manque pas une miette du spectacle. Sur ces bonnes paroles d’une naïveté effectivement tout ce qu’il y a de plus enfantine mais chantées d’une voix chevrotante qui évoque plus un vieillard qu’un bambin, Devendra et son groupe s’en vont pour de bon se doucher tout seuls comme des grands garçons en promettant de revenir boire un coup au bar après.



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