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mercredi 15 avril 2015
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par Oh ! Deborah le 22 juin 2010
paru en août 1998 (Setanta Records)
Neil Hannon peut se féliciter d’avoir dégoté un nom (The Divine Comedy) en parfaite convenance avec ses compositions parfois théâtrales et toujours élégantes, notamment celles de ce cinquième album, Fin De Siècle, précieuse gloriole.
Le temps de s’échauffer les tympans avec l’ironique pop de Generation Sex, avant que la troupe se mette en route sur Thrillseeker, flot de mélodies effroyables entraînées par des choeurs et des cordes faisant foi d’un caractère événementiel : le nouveau millénaire. Avec 50 choristes, des trompettistes et une chanteuse d’opéra nommée Hillary Summers, Fin De Siècle évoque les tumultes existentiels du chanteur. Ruptures de ton, crescendos, mouvements torrentiels et touche anglaise, tout y est. Des parties symphoniques à la diversité soufflante qui ne manquent pas de nous faire tressaillir. Certains peuvent qualifier le genre de pompeux, qu’importe. Ça marche. La preuve en est avec Sweden, son introduction effarante et son refrain aux choeurs empreints de gravité à l’unisson.
Neil Hannon nous fait donc part de ses peurs et stupeurs face au seuil de la trentaine. Il remonte le temps en évoquant des souvenirs d’enfance (Sunrise) ou le contre à vive allure, ce qui provoquera le drame tant attendu, l’inondation, le tremblement, le feu, le sang, la fin du monde, affirmés dans Here Comes The Flood ("On fait tous la course pour finir l’histoire", dit-il). Perdu entre le fait de tuer le temps trop long, et le fait de méditer des saisons qui s’échappent trop vite, le comédien finit par accorder une valeur abstraite au présent tant il ne dépend et n’appartient qu’à une éternité antérieure. La quête du bonheur est alors bien vaine. C’est en tout cas ce que ce songwriter raconte en chansons pop, qui, malgré leur pointe pessimiste ("construisez-vous votre cercueil en bois mais ne comptez pas sur les étoiles ci-dessus"), conservent une lumière d’espoir parfois jubilatoire.
Fin De Siècle a suscité des polémiques chez les auditeurs de pop indé. Trop raffiné pour être honnête, pas assez sobre pour être modeste... Voila où nous en sommes. Pourtant, là où certains artistes se complaisent dans une apathie faussement modeste, là où d’autres usent de structures complexes et alambiquées sans pouvoir les justifier, Neil Hannon fonce à l’essentiel sans perdre sa sensibilité, atteint la cohérence et les ambitions qu’il s’était fixé. Il ressort en clair un sujet vieux comme le monde, la temporalité, ainsi que des sentiments simples et des mélodies fines sous des avalanches orchestrales inouïes qui parviennent à raviver nos consciences et dont la folie des grandeurs laisse place à un savoir faire certain.
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